Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux
Édition du lundi 16 février 2009
Santé publique

Un rapport propose la création de groupements locaux de coopération qui réuniraient à la fois les secteurs psychiatrique et médico-social -dont les collectivités locales

Un rapport, rédigé par Édouard Couty, conseiller maître à la Cour des comptes et ancien directeur des hôpitaux, propose la création de «groupements locaux de coopération» (GLC) qui réuniraient à la fois les secteurs psychiatrique et médico-social, un modèle destiné à inspirer la ministre de la Santé, Roselyne Bachelot. Ces GLC associeraient les«opérateurs» qui, à un niveau de proximité, ont, à un titre ou à un autre, un rôle à jouer dans la mise en oeuvre d’une politique de santé mentale: les établissements auxquels les secteurs sont rattachés, les établissements privés assurant des missions de service public, les institutions médico-sociales, les CCAS, les départements et communes, les professionnels libéraux, médecins généralistes et spécialistes et les autres acteurs du secteur social concernés. En fait, le rapport a mis en émoi la communauté des psychiatres et des psychologues parce qu'il met fin, selon eux, à la «continuité des soins». Un principe qui garantit qu'un patient sera suivi par une même équipe soignante, de la consultation psychiatrique à l'hospitalisation. La ministre a déjà reçu des lettres de protestation signées par les représentants des psychiatres d'hôpital, des cadres infirmiers et des psychologues. Ayant en effet participé à la commission de travail présidée par Edouard Couty, tous s'étonnent de ne pas avoir été «associés» à la rédaction d'un rapport dont ils ont découvert le contenu après la ministre. Le rapport note que la fermeture des grands asiles dans les années 1970 afin que les malades soient pris en charge au plus près de leur domicile dans leur «secteur» n'a pas été suivie par la création de structures alternatives suffisantes. Aujourd'hui, quatre millions et demi de personnes sont suivies régulièrement pour une pathologie mentale dans notre pays. Les malades et leur famille se plaignent souvent d'une prise en charge insuffisante, ont parfois le sentiment d'être abandonnés par le corps médical, et déplorent les grandes difficultés pour trouver une place d'hospitalisation. Pour répondre à ces doléances et aux difficultés de la psychiatrie en France, la ministre de la Santé a annoncé le 28 janvier dernier devant la commission des affaires sociales de l'Assemblée nationale qu'il y aurait une loi entièrement consacrée au sujet, et non des amendements à la loi «Hôpital, patients, santé et territoire» (HPST). Le projet de loi devrait être présenté ce printemps, a précisé Roselyne Bachelot. Il devrait comprendre deux chapitres: le premier concernera la réforme de l'hospitalisation d'office voulue par le chef de l’Etat, et l'autre l'organisation de la santé mentale et de la psychiatrie, directement inspiré du rapport Couty. Le rapport fait 26 recommandations dans le but d'améliorer le système actuel. Un des points phares est la proposition de création de groupements locaux de coopération pour la santé mentale. Ces GLC réuniraient à la fois le secteur psychiatrique et le médico-social, pour «faire face à la problématique globale de la maladie mentale qui frappe le patient, dans tous les aspects de sa vie, sociale, physique, mentale, professionnelle, familiale, etc.» Aujourd'hui, le psychiatre est seul face à la charge du soin mais aussi de la réinsertion ou encore du logement du malade. «Or, il ne peut pas tout faire, explique Édouard Couty. Il s'agit de plusieurs métiers. Pour être en relation avec l'Éducation nationale, par exemple, il est important de faire travailler ensemble plusieurs professionnels, assistante sociale, infirmières, éducateurs, etc.» Le psychiatre gardera la charge du soin et ce sera toujours lui qui pourra prendre la décision d'une entrée ou d'une sortie de l'hôpital. «Mais en santé mentale, il n'y a pas que le soin, il y a aussi la prévention, la réinsertion et le suivi des patients», insiste l’auteur du rapport. Les GLC seraient des structures de proximité, pas nécessairement situés dans l'hôpital mais un local «alloué par la commune, par exemple.» Télécharger le rapport, lien ci-dessous (PDF, 1,4 Mo)

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