Déserts médicaux : près de 7,5 millions de Français ont un « accès limité » à un médecin généraliste
Les déserts médicaux gagnent du terrain. En 2018, selon les résultats révélés ce matin de l’enquête AMF-Mutualité française sur les attentes des Français en matière d’accès aux soins, « 7,4 millions de personnes, soit 11,1 % de la population, résident dans une commune où l’accès à un médecin généraliste est potentiellement limité ». Un chiffre en forte progression. Depuis 2016, ce sont 1,7 million de Français supplémentaires qui sont en peine au moment de décrocher un rendez-vous chez le médecin généraliste dans un rayon proche de chez eux. En 2019, dans le détail, on dénombrait « en moyenne 151 médecins généralistes pour 100 000 habitants en France avec un minimum de 94 médecins pour 100 000 habitants dans l’Eure et un maximum de 248 médecins pour 100 000 habitants dans les Hautes-Alpes. Les écarts sont importants, avec des densités de médecins très variables entre les départements les moins bien dotés (96 en Seine-et-Marne, 108 dans le Cher et 114 dans l’Yonne) et les départements les mieux dotés (170 à la Réunion, 181 dans les Bouches-du-Rhône et 242 à Paris) ».
Les déserts médicaux s’étendent aussi bien en zone rurale qu’en ville, et généralement en banlieue : en 2016, 25 % de la population habitant dans une commune sous-dense en médecins généralistes vivait dans un pôle urbain, dont près de 18 % dans l’unité urbaine de Paris, confirme la Drees. La situation pourrait encore se dégrader, d’après François Baroin : « dans certaines régions, il y a parfois 20 % à 25 % de médecins en moins annoncés dans les cinq ou six années qui viennent » : un médecin généraliste sur trois avait, en effet, plus de 60 ans en 2019 et se rapprochait donc de la retraite. « Dans la moitié des départements, cette proportion se situe entre 36 % et 51 %. Les départements les plus concernés se situent en région Centre et en Île-de-France ».
Comment stopper l’hémorragie ?
Pour tenter de stopper l'hémorragie, l’AMF a formulé des propositions politiques « en termes de réorganisation de santé ». « L’État a sa mission régalienne mais les territoires doivent devenir les acteurs en rang 1 ou 1,5 des politiques de santé de proximité », développait, ce matin en conférence de presse, le maire de Troyes, selon qui le président de région devrait être le co-président des Agences régionales de santé (ARS) « pour avoir un pilotage territorialisé », « tout le médicosocial (Ehpad) » devrait « venir sous l’autorité des départements » et les maires, qui n’ont pas de compétence santé, devraient avoir la possibilité de définir et d’écrire leur projet d’établissement hospitalier.
« Il faut donc de nouveaux véhicules législatifs pour que les maires et les intercommunalités puissent être des acteurs du financement de la médecine généraliste et hospitalière, du rapprochement public-privé (…) et d’être plus près du coin de la rue en matière d’accès aux soins », conclut François Baroin. « La santé ne peut être réduite à la définition d’un schéma vertical se déclinant partout de la même manière. Il faut plus d’autonomie sur les territoires », le rejoint Thierry Beaudet, président de la Mutualité française.
Une offre six fois plus importante en Haute-Loire qu’en Guyane
Le baromètre donne, en outre, des éléments sur les attentes des Français autour de la santé environnementale et de l’action sociale, qui, autrement dit, correspond au taux d’équipements destinés à l’accueil des enfants de moins de trois ans, des personnes en situation de handicap ou âgées. Là encore, les disparités entre les départements sont importantes.
Bien qu’en hausse depuis 2007, le taux d’équipements pour les personnes âgées (Ehpad), 124,3 places pour 1000 personnes de 75 ans et plus à fin 2018, est plus élevé dans les territoires ruraux : le taux d’équipement est de 195,8 places pour 1000 habitants de 75 ans et plus en Lozère, contre 92,6 à Paris et 39 à La Réunion. Mais « la mise en parallèle des taux d’équipement médico-sociaux avec l’offre libérale de soins infirmiers met en évidence que les départements aux taux d’équipement les plus bas sont caractérisés par un nombre d’actes infirmiers à domicile élevé. De surcroît, les taux équipements sont les plus faibles dans les zones où les densités d’infirmiers sont les plus fortes », insiste le baromètre.
Pour ce qui est de l’accueil des jeunes enfants de moins de trois ans, enfin, les diversités ne manquent pas non plus. « Entre le département le mieux doté (Haute-Loire) et le moins bien doté (Guyane), le rapport s’établit de 1 à 6. Ainsi, l’offre est six fois plus importante en Haute-Loire. En métropole, la densité la plus faible observée (32 % en Seine Saint-Denis) est près de deux fois inférieure à celle observée dans le département le mieux équipé (Haute-Loire). »
Ludovic Galtier
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