Sédentarité : les nouvelles recommandations de l'Anses
Par Lucile Bonnin
95 % de la population française est exposée à un risque de détérioration de la santé par manque d’activité physique ou un temps trop long passé assis. C’est ce que démontre une étude de l’Anses publiée en 2022.
Problème : les adultes passent en moyenne sept heures par jour assis, que cela soit devant un écran, dans les transports ou pour pratiquer des loisirs associés à une très faible dépense énergétique (jouer aux cartes, lire, etc.). Santé publique France pointe même un temps d’écran pour les loisirs qui est supérieur à trois heures par jour pour 39 % des Français.
Si l’Anses recommande depuis plusieurs années de « réduire le temps total quotidien passé en position assise, autant que possible et d’interrompre les périodes prolongées en position assise ou allongée », ses recommandations viennent d’évoluer afin de prendre davantage en considération ces temps de sédentarité trop élevés.
Un enjeu de premier plan pour la santé
Il est avant tout important de comprendre ce qui se joue au niveau de la santé lorsque la sédentarité s’installe dans la vie quotidienne.
Plusieurs études montrent que les personnes sédentaires ont un risque accru de développer des maladies. « Les effets sanitaires des temps de sédentarité prolongés sont à présent bien connus sur la mortalité générale, le diabète de type 2, l’obésité, certaines maladies respiratoires, cardiovasculaires, ostéoarticulaires et certains cancers », peut-on lire dans le nouvel avis de l’Anses. Selon la Ligue contre le cancer, la sédentarité couplée à l’insuffisance d’activité physique serait responsable de 3 000 nouveaux cas de cancer par an en France.
À l’inverse, si l’on veille à réduire le temps quotidien passé en position assise trop longtemps, plusieurs effets favorables peuvent être observés. « Cette interruption de la station assise est appelée "rupture de sédentarité" » , précise l’Anses. Par exemple, un faible niveau d’activité physique et une forte sédentarité sont associés à un accroissement de la prise alimentaire et à une alimentation de mauvaise qualité. La marche permettrait aussi une réduction du sentiment de fatigue, une humeur moins perturbée et un temps de réaction diminué.
« La rupture de sédentarité va permettre d'avoir un taux de sucre dans le sang moins élevé » , explique sur France info Irène Margaritis, directrice adjointe à l'évaluation des risques à l'Anses. Chez l’adulte, marcher pendant 5 minutes toutes les 30 minutes « permet une amélioration modérée mais reproductible de paramètres métaboliques sans altérer la sensation de faim » . C’est surtout chez l’enfant qu’une marche de 3 minutes toutes les 30 minutes peut permettre « une amélioration des paramètres métaboliques relatifs à l’insuline ».
Le réflexe de la demi-heure
L’Anses préconise une marche d’intensité faible à modérée chez l’adulte et élevée chez l’enfant pendant 3 à 5 minutes, précisant que « les effets de cette rupture sont optimaux si elle intervient toutes les 30 minutes et s’atténuent en particulier si on dépasse une heure ».
« Il ne suffit pas seulement de se mettre en mouvement pour aller au bout du couloir tranquillement et revenir, précise Irène Margaritis, il s'agit de se mettre en mouvement en marchant à un bon rythme, au moins trois minutes, idéalement jusqu'à cinq minutes. »
L’Anses appelle enfin à favoriser la mise en place de ruptures de sédentarité quel que soit le milieu (professionnel, éducatif, etc.), en offrant une variété d’opportunités afin de favoriser l’adhésion à ces ruptures de sédentarité et leur intégration dans les pratiques quotidiennes.
La question de la mise en œuvre effective de ces recommandations se pose néanmoins. Certaines collectivités s’investissent pour encourager les agents à intégrer l’activité physique dans le temps de travail. Mais il faut rappeler que ce travail de bureau est plus propice à la mise en place de temps de pauses ou d’actions pour lutter contre la sédentarité. Pour certaines professions (caissier, ouvrier, conducteur de transports, grutier, etc), cette recommandation est difficile voire impossible à appliquer.
La problématique est la même pour le milieu scolaire où il est difficilement imaginable de faire lever les élèves toutes les 30 minutes. Certaines pédagogies nouvelles et suivies par certains enseignants apparaissent davantage comme une opportunité d’inclure cette recommandation comme la classe dehors par exemple. Aujourd’hui, plus de 4 000 écoles, collèges et lycées organisent avec les enseignants volontaires des cours à l’extérieur. Cette année, plusieurs propositions de loi visant à reconnaître l'éducation au dehors et en contact avec la nature et à réaffirmer la place de la transition écologique à l'école ont d’ailleurs été déposées à l’Assemblée nationale et au Sénat.
Suivez Maire info sur Twitter : @Maireinfo2
Cybermois 2025 : un mois d'octobre dédié à la cybersécurité
Le covid ne circule pas assez pour avancer la vaccination, jugent les autorités sanitaires








