Lutter contre les déserts médicaux : un objectif suivi de près par les maires
Par Emmanuelle Stroesser
Les mesures annoncées par le gouvernement « vont plutôt dans le bon sens », explique Frédéric Chéreau, co-président de la commission santé de l’AMF. Même si les maires de France auraient souhaité être consultés en amont, plutôt que le seul matin même de la présentation, vendredi 25 avril (lire Maire info du 28 avril). « Nous voulons n’y voir qu’une maladresse » , réagit avec tact le maire de Douai.
Des mesures bien accueillies
Les maires n’ont qu’un objectif : que « tous les Français aient accès à un médecin facilement » . La proposition de faire jouer la « solidarité territoriale » en imposant aux médecins jusqu’à deux jours par mois de temps de consultation dans les zones prioritaires du territoire, est donc jugée « intéressante » , même si Frédéric Chéreau regrette qu’elle semble entrer en concurrence avec la proposition de loi transpartisane « visant à lutter contre les déserts médicaux » portée par Guillaume Garot et dont l’examen reprend à l’Assemblée nationale à partir de ce mardi.
Les mesures visant à encourager l’accès aux études de médecine sur tout le territoire (en ouvrant une première année d'accès aux études de santé dans chaque département, valorisant les stages en zones sous-denses, etc.) ou réduire le temps passé par les médecins aux tâches administratives sont vues d’un très bon œil. « Car on sait que les jeunes médecins ont tendance à s’installer là où ils ont été formés, or un quart des départements n’ont pas de première année de médecine » , souligne Frédéric Chéreau.
L’élu approuve également l’idée d'établir une « cartographie des zones rouges », comme le prévoit le gouvernement d’ici à la fin du mois. Les maires demandent à être associés à ce travail, « car nous avons la connaissance fine de l’usage de nos territoires » .
Les maires ont leur mot à dire
Cela fait partie des messages que les co-présidents de la commission Santé et le président de l’AMF ont adressé au ministre de la Santé Yannick Neuder.
Les maires ont aussi insisté sur le fait que « la santé est une compétence nationale », « les communes gèrent leurs compétences, l’État doit gérer les siennes » . Il appartient donc à l'État de faire en sorte que les solutions pour faire reculer les déserts médicaux ne dépendent pas des moyens que les communes pourront mobiliser... ou non. Celles-ci sont prêtes « à mettre à disposition des locaux de façon temporaire pour favoriser des consultations », reprend Frédéric Chéreau, « je le fais d’ailleurs déjà pour la médecine du travail », « mais l’État doit participer au financement de l’accueil des médecins dans les zones sous-dense » , insiste l’élu.
Les autres mesures comme la délégation de tâches ou le renforcement du métier d’infirmier sont largement soutenues par les maires, assure Frédéric Chéreau, qui espère que les médecins – dont certains contestent plusieurs de ces avancées – « vont comprendre qu’il y a un vrai sujet » qui oblige aussi à avancer sur la question de l’installation des médecins libéraux, alors que « 11 % de la population n’a plus de médecin traitant ou qu’il devient difficile d’obtenir un rendez-vous via doctolib » .
Rappelons que la proposition de loi sur le métier d'infirmier a été adoptée en première lecture à l'Assemblée nationale en mars dernier et sera examinée en séance publique au Sénat dès aujourd'hui. Le texte vise à mieux reconnaître le métier d’infirmier, à renforcer son rôle dans le système de santé et ouvre même de nouveaux terrains d’exercice aux infirmiers en pratique avancée (IPA). Maire info reviendra sur le sujet dans une prochaine édition.
Le « discours corporatiste » du Conseil national de l’ordre des médecins, qui ces dernières semaines a choisi de s’inquiéter que le pays compte trop de médecins dans quelques années, fait également réagir Frédéric Chéreau, agacé : « Ce sont les mêmes discours qui ont conduit à l'instauration du numerus clausus dans les années 1990 avec les effets catastrophiques que l’on subit aujourd’hui. Il n’y a pas assez de médecins aujourd’hui, la population a augmenté, elle vieillit, les pathologies aussi, comme les habitudes de soins et le rythme de travail des médecins. Nous avons donc encore du temps avant de nous inquiéter d’avoir trop de médecins ».
Faut-il donc aller plus loin, et contraindre l’installation des médecins, ou la réguler comme le veut la proposition de loi Garot ? « À titre personnel, je ne suis pas certain qu’un peu de coercition va tant nuire à la profession. D’autant qu’il n’existe pas tant de territoires bien pourvus (NDLR : 87 % du territoire est classé en désert médical selon le gouvernement) » , répond Frédéric Chéreau. Il reconnaît cependant que la réponse divise encore les élus, même si la proposition de loi Garot « ne contraint pas l’installation mais soumet à autorisation celles en zones déjà bien dotées », précise le maire de Douai.
Ce dimanche, 1 510 élus locaux ont co-signé un appel paru dans la Tribune, du président de l’association des maires de la Haute-Vienne, Philippe Barry, des maires d’Attignat (Walter Marin), de la vice-présidente de l’Association des petites villes de France, Nathalie Nieson, et du président du conseil départemental de la Seine-Saint-Denis, Stéphane Troussel, pour soutenir la proposition de loi Garot.
Suivez Maire info sur Twitter : @Maireinfo2

Emmanuel Macron relance le débat sur le temps scolaire
Demande d'autorisation d'occupation du domaine public pour les cirques : désamorcer les conflits
