Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux
Édition du mercredi 9 septembre 2020
Santé publique

Les petites villes dévoilent leur plan contre la désertification médicale

L’Association des petites villes de France a rendu publique hier sa contribution au débat sur la lutte contre les déserts médicaux. Une trentaine de propositions qui viennent alimenter ce débat crucial pour de nombreuses communes, non seulement dans les territoires ruraux mais – on le sait moins – aussi dans les villes et les banlieues.
À l’instar de l’AMF, qui en fait depuis longtemps une revendication centrale, l’APVF demande d’abord et avant tout « un coup d’arrêt aux fermetures de lits », qui ont « inexorablement mené à la fermeture de services entiers et in fine d’établissements de santé ». A contrario, l’APVF demande qu’un « réseau d’hôpitaux de proximité soit non seulement préservé (…) mais surtout développé ». En particulier, l’association souhaite « que soit redonnée une place essentielle à la présence de plateaux techniques traitant des pathologies pulmonaires, cardiologiques ou infectieuses »  et que cessent les fermetures de maternité de proximité. Elle rappelle qu’en vingt ans, « le nombre de femmes en âge de procréer et se trouvant à plus de 45 mn de distance d’une maternité a augmenté de près de 150 % ».
L’APVF appelle également à la mise en place d’une « dotation minimale de fonctionnement pour les hôpitaux de proximité », afin de pouvoir leur dégager « les marges de manœuvre qui font aujourd’hui cruellement défaut ». À l’image de ce qui existe dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville, l’association demande la création de « territoires prioritaires de santé », à l’échelle des bassins de vie, dans lesquels tous les jeunes médecins seraient amenés à effectuer « un stage obligatoire de six mois minimum »  lors de leur deuxième cycle d’études.

Médecine générale
En matière de médecine générale, l’APVF se dit soucieuse de « préserver la liberté d’installation des médecins », mais souhaite trouver des solutions pour remédier à la sous-dotation de nombreux territoires. Étrangement, elle propose « une augmentation du numerus clausus » … alors que celui-ci a été supprimé à partir de cette rentrée 2020.
L’association plaide pour une forme de « régulation »  de l’installation des médecins sur le territoire, avec un « conventionnement incitatif »  pour une installation en zone sous-dense. Elle veut également voir se développer le salariat des médecins, avec en particulier « des dispositifs incitatifs afin que les médecins généralistes qui le souhaitent puissent être salariés par les collectivités locales ». 

Gouvernance
Autre cheval de bataille de l’AMF partagé par l’APVF : mettre (ou remettre) en place « une démocratie territoriale de santé », en redonnant aux élus « toute leur place dans le schéma de construction des politiques territoriales de santé ». Le rôle des collectivités territoriales est « irremplaçable »  à deux niveaux, juge l’APVF : « D’abord, parce que les collectivités mettent en œuvre des politiques d’aménagement du territoire, et que l’offre de soins est aussi une question d’aménagement du territoire. Ensuite, parce que les collectivités gèrent des services qui ont un impact direct sur la qualité de la santé de leurs concitoyens. » 
Si l’APVF ne demande pas, contrairement à l’AMF, le rétablissement des conseils d’administrations des hôpitaux, présidés par les maires, elle demande que les élus soient « associés plus largement aux réflexions, travaux et décisions des conseils de surveillance », et que ceux-ci deviennent une véritable « instance de dialogue entre administrations, élus, personnels et professionnels d’un même territoire ». L’association plaide également pour une réforme de la gouvernance des ARS, et que celles-ci soient dotées d’un conseil de surveillance où siègeraient les élus. 
Parmi les autres propositions de l’APVF, on peut noter la demande de « généralisation des expérimentations sur la télémédecine », la généralisation des contrats locaux de santé, ou encore la création d’une « foncière hospitalière »  pour faciliter la création de logements à l’usage des personnels de santé.
Rappelons qu’avant l’été, l’AMF avait publié sa « contribution au Ségur de la santé », avec ses propres propositions, qui recoupent en partie celles de l’APVF (lire Maire info du 29 juin). 

F.L.

Télécharger les propositions de l’APVF. 

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