L'accès aux soins recule, le désert médical progresse
« L’accessibilité géographique aux médecins généralistes a baissé de 3,3 % entre 2015 et 2018 » et « les inégalités s’accentuent entre les communes les moins bien dotées et celles qui le sont le plus ». Ce sont les deux principaux constats d'une nouvelle étude rendue publique ce vendredi 14 février par le service de statistiques du ministère de la Santé, la DREES. L'étude se sert d'un indicateur, dit d’accessibilité potentielle localisée (APL). Il correspond au nombre de consultations en moyenne par an et par habitant chez un médecin généraliste, libéral ou salarié d’un centre de santé, exerçant dans une commune à moins de 20 minutes en voiture du lieu de résidence. Il faut noter, toutefois, que cet indicateur ne prend pas en compte le temps d’attente pour obtenir un rendez-vous chez un professionnel de santé.
Trop peu d'installations, et trop de départs
La diminution du nombre de médecins en activité est bien sûr en cause dans ce recul de l'accès aux soins. C'est le produit de deux effets conjugués : des départs en retraite non compensés par autant d'installations. Cela se traduit par une « baisse du temps médical disponible ». D'où ce commentaire plutôt optimiste pour l'avenir : « Les stratégies visant la libération de temps médical utile (nouvelles organisations territoriales, protocoles de coopérations interprofessionnelles, recours au numérique, etc.) peuvent constituer un levier pour freiner cette tendance structurelle ». L'ensemble des mesures prises ces dernières années en ce sens, et notamment les dernières de la loi de juillet 2019, vont donc à priori dans le bon sens, de même que la levée du numerus clausus. À condition que le nombre de médecins s'installant en libéral ne recule pas plus vite.
De ce point de vue, les maires ont manifestement un rôle : l'aménagement de leur territoire est déterminant pour attirer de nouveaux praticiens, comme la DREES le dit en quelques mots : « Les territoires les mieux dotés en médecins généralistes sont aussi les plus attractifs, tant du point de vue de la croissance démographique que des équipements (sportifs, culturels, commerciaux et scolaires) ».
Un autre facteur n'est pas à négliger, la démographie générale. L'étude pointe en effet le fait que la « demande » pèse et explique en partie ces reculs dans l'égalité d'accès aux soins. Autrement dit, les besoins de soins augmentent, ne serait-ce que parce que la population augmente... Ce qui accentue aussi le déséquilibre avec une offre médicale, de fait insuffisante.
Les outre-mer au cœur des territoires sous-dotés
L'étude se garde de dramatiser. Au contraire, elle insiste sur le fait que « la population française vivant en zone sous-dotée en médecins généralistes (ou « sous-dense » ) est faible ». Toutefois, celle-ci est passée « en quatre ans, de 3,8 % à 5,7 % ». Cela concerne donc près de 6 % de la population en 2018. Cette augmentation est plus marquée dans certaines régions. La Guyane, la Martinique et la Guadeloupe sont les régions « les plus touchées par la sous-densité médicale, suivies en métropole par l’Île-de- France et le Centre-Val-de-Loire ». La part de personnes vivant en zones sous-dense atteint jusqu'à 44 % en Guyane. Ces zones sous-denses cumulent une autre faiblesse, celle d'une faible densité du nombre de médecins spécialistes et de professionnels paramédicaux. Si les habitants des communes rurales sont « surreprésentés » dans ces zones, « on y trouve aussi certaines banlieues parisiennes ».
Reste que la logique même du zonage, telle qu'utilisé dans cette étude, n'est pas sans poser des problèmes. L'AMF, par exemple, estime que cette logique « introduit des effets de seuil qui bénéficient aux zones identifiées comme tendues, excluant les autres zones ».
E.S.
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