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Édition du mercredi 2 mars 2022
Sécurité

Une première étude sur la « géographie de la délinquance à l'échelle communale »

Les vols violents avec ou sans arme et les vols sans violence étaient surreprésentés, en 2021, dans les communes les plus peuplées. La situation est plus homogène s'agissant des violences sexuelles et des cambriolages, selon le ministère de l'Intérieur.

Par A.W.

La majorité des actes de délinquance commis l’an passé l’ont été dans seulement 1 % des communes métropolitaines. C’est le constat du Service statistique ministériel de la sécurité intérieure (SSMSI) qui a publié, pour la première fois, hier, une « géographie de la délinquance à l’échelle communale » 

Sans surprise cette étude relève que la répartition des atteintes aux biens et aux personnes n’est pas uniforme sur l’ensemble du territoire métropolitain, à partir des enregistrements effectués, en 2021, par les services de police et de gendarmerie pour dix grandes catégories de crimes et délits*. En sachant que les cambriolages de logement sont « près de 30 fois plus nombreux que les vols avec armes », les vols sans violence contre des personnes l’étant « 90 fois plus ».

Les vols, une caractéristique des grandes villes 

Premier constat des auteurs de l’étude, le nombre d’actes de délinquance enregistrés pour 1 000 habitants est systématiquement plus élevé dans les grandes communes que dans les petites. Cette concentration est particulièrement visible pour les vols avec armes, les vols violents sans arme, ou les vols sans violence contre des personnes. 

Ainsi, « entre les communes de moins de 1 000 habitants et celles de plus de 100 000 habitants, la prévalence de ces trois types de vols est multipliée par 12 pour les vols sans violence contre des personnes, par 75 pour les vols violents sans arme ». 

Et plus la commune est grande, plus la délinquance y est concentrée. Parmi les 1 % des communes les plus peuplées, on recense ainsi près de 50 % de cambriolages de logements, de coups et blessures volontaires commis en France et jusqu’à 85 % des vols violents sans arme.

En outre, « les communes les plus densément peuplées cumulent les différentes formes de délinquance ». Quelle que soit leur forme, les niveaux de délinquance ne sont « jamais nuls »  dans les grandes villes et leurs banlieues, telles que Paris, Marseille, Lyon, Toulouse, Nice, Nantes, Montpellier, Strasbourg, Bordeaux… De plus, « presque toutes les catégories de crimes et délits »  sont enregistrées sur la côte méditerranéenne, la côte atlantique, l’axe rhodanien et la frontière franco-belge. 

Parmi les 50 communes les plus peuplées de France métropolitaine, 46 d’entre elles font partie des 100 communes les plus touchées par au moins neuf formes de délinquance. Seules Orléans, Mulhouse, Asnières-sur-Seine et Nancy échappent à la règle. Les auteurs de l’étude observent également que les capitales des régions (nouvelles ou anciennes) comptent parmi les communes les plus touchées par les différents types de délinquance.

Aucune infraction dans 15 % des communes

À l’inverse, les communes où aucun acte de délinquance n’a été enregistré en 2021 pour plusieurs des 10 indicateurs de délinquance retenus sont situées dans les zones rurales, principalement « le long d’une diagonale allant des Ardennes aux Pyrénées, mais aussi dans une partie des chaînes montagneuses », que ce soit les Alpes, le Jura ou les Pyrénées. Mieux, 15 % des communes (soit 5 315 communes) n’a enregistré aucune des dix grandes catégories de crimes et délits étudiées par le SSMSI en 2021.

Néanmoins, les communes rurales (qui représentent un tiers de la population métropolitaine) ont tout de même connu près du quart des violences sexuelles (27 %), des coups et blessures volontaires intrafamiliaux ou des cambriolages (24 %) enregistrés l’an passé. 

Ces formes de délinquance sont ainsi réparties de manière « relativement plus homogène »  entre les communes de différentes tailles. En effet, « le taux pour 1 000 habitants ne varie que du simple au double entre les communes de moins de 1 000 habitants et celles de plus de 100 000 habitants », indiquent les auteurs de l’étude.

Pour les violences sexuelles, le nombre de victimes pour 1 000 habitants passe, par exemple, de 0,8 dans les communes de moins de 1 000 habitants à 1,5 dans les communes de plus de 100 000 habitants. Pour les coups et blessures volontaires hors cadre familial, le nombre de victimes pour 1 000 habitants passe de 0,8 dans les communes de moins de 1 000 habitants à 4 dans les communes de plus de 100 000 habitants. Pour les vols de véhicules, ces taux passent de 0,8 à 3,1 entre les communes de moins de 1 000 habitants et celles de plus de 100 000 habitants.

À noter que « les communes isolées ne sont pas moins touchées par la délinquance que les communes rurales sous influence d’un pôle lorsqu’il s’agit de coups et blessures volontaires sur personnes de 15 ans ou plus (dans et hors du cadre familial), de violences sexuelles, de vols avec armes, de vols violents sans arme, de vols sans violence contre des personnes ou de cambriolages ».

Une situation qui diffère quelque peu pour les vols liés aux véhicules, puisque « le nombre de véhicules concernés pour 1 000 habitants croît légèrement avec la densité de la commune rurale et l’influence d’un pôle d’emploi ».

Télécharger l’étude.

*Les coups et blessures volontaires sur personnes de 15 ans ou plus (en distinguant les violences intrafamiliales des autres), les violences sexuelles, les vols avec armes, les vols violents sans arme, les vols sans violence contre des personnes, les cambriolages de logement, les vols de véhicules, les vols dans les véhicules, et les vols d’accessoires sur véhicules. 


 

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