Édition du jeudi 21 septembre 2006
Projet de loi sur la délinquance: le Sénat accorde aux maires le droit au «rappel à l'ordre» de leurs administrés
Le Sénat a accordé aux maires le droit d'effectuer un «rappel à l'ordre» à l'encontre de l'auteur de faits «susceptibles de porter atteinte au bon ordre, à la sûreté, à la sécurité ou à la salubrité publiques», dans le cadre du projet de loi Sarkozy sur la prévention de la délinquance.
Les sénateurs, qui ont repris mardi l'examen du texte de Nicolas Sarkozy, ont entériné l'article 8 du projet prévoyant ce dispositif après l'avoir légèrement amendé. Le projet de loi donne la possibilité au maire de procéder à un rappel à lordre. Cette mesure consiste à informer une personne des sanctions juridiques qui lui sont opposables lorsquelle a été à lorigine de faits susceptibles de porter atteinte au bon ordre, à la sûreté, à la sécurité ou à la salubrité publiques.
Pour sa part, lAssociation des maires de France estime que «les nouvelles compétences confiées aux maires par le projet de loi relatif à la prévention de la délinquance ne doivent pas entraîner une confusion entre les missions qui relèvent en priorité de la Justice et des services de la police judiciaire, acteurs à part entière de la prévention de la délinquance, et celles des maires. De la même façon, aucun transfert de responsabilités ne doit avoir lieu de la part des services de la Justice et de la police judiciaire vers les maires.» Parmi les amendements proposés par lAMF, lun deux prévoit que la mise en oeuvre du rappel à lordre par le maire ne doit intervenir quà titre exceptionnel.
L'article adopté par le Sénat prévoit que, «lorsque des faits sont susceptibles de porter atteinte au bon ordre, à la sûreté, à la sécurité ou à la salubrité publiques, le maire ou son représentant (...) peut procéder verbalement à l'endroit de leur auteur au rappel des dispositions qui s'imposent à celui-ci pour se conformer à l'ordre et à la tranquillité publique». Le rappel à l'ordre sera possible aussi concernant un mineur à la condition que ses parents, ses représentants légaux, ou une personne exerçant une responsabilité éducative soient présents
Lors du débat, des sénateurs socialistes ont critiqué ce dispositif, y voyant un «cadeau empoisonné» pour le maire, et s'interrogeant sur sa mise en application dans les grandes villes, comme Lille, Lyon ou Marseille. Pour le groupe communiste, «cet article très moralisateur peut placer le maire sous la pression de ses citoyens» et risque de faire du maire «le premier maillon de la chaîne judiciaire».
Répondant aux critiques, le ministre délégué aux Collectivités locales, Brice Hortefeux, a assuré que «face à la délinquance, un rappel à l'ordre précoce sera utile». «Nous entendons donner aux maires une base législative pour agir en ces circonstances, il ne s'agit pas d'une mesure juridictionnelle», a-t-il déclaré.
Jeudi 14 septembre, le Sénat avait déjà adopté l'article 1er du projet Sarkozy, qui fait du maire le «pivot» de la politique de prévention, dans le respect des compétences respectives de l'Etat et du pouvoir judiciaire.c=http://w
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