Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux
Édition du lundi 30 juin 2025
Sécurité

Prévention de la délinquance : faire plus avec moins

La traditionnelle circulaire sur les orientations stratégiques du Fonds interministériel de prévention de la délinquance (FIPD) a été publiée au Bulletin officiel du ministère de l'Intérieur. Alors que le gouvernement met un accent particulier sur la lutte contre la délinquance des plus jeunes, les crédits sont en baisse sensible. 

Par Franck Lemarc

Chaque année, le ministre de l’Intérieur signe une circulaire détaillant les actions que les préfets doivent prioriser parmi les dossiers de subvention FIPD. L’idée semble cette année de « faire plus avec moins » , puisque le fonds est en baisse de 15 %. 

13 millions d’euros « mis en réserve » 

Dans la circulaire de l’an dernier, le ministre de l’Intérieur annonçait clairement des crédits à la hausse, avec une enveloppe globale de 87,4 millions d’euros. Cette année, son successeur, Bruno Retailleau, ne donne pas de chiffre global, ce qui laisse presque automatiquement penser que les crédits sont en baisse. C’est bien le cas, si l’on additionne les deux enveloppes dont le montant est détaillé : 52,7 millions d’euros pour l’enveloppe gérée par le secrétariat général du Comité interministériel (contre 62,4 millions l’an dernier) ; et 21,7 millions d’euros dédiés au développement de la vidéo-protection (contre 25 millions l’an dernier. Total : 74,4 millions d’euros, soit 13 millions d’euros de moins que l’an dernier. En réalité, il semble que les crédits votés en loi de finances aient été maintenus, mais qu’une « mise en réserve »  d’une partie de ces crédits explique la diminution des enveloppes. 

Pour le reste, les objectifs et les priorités du FIPD ne changent pas : en particulier, le Fonds vise à soutenir les actions menées par les communes et intercommunalités, en ciblant prioritairement celles qui répondent à trois critères : des problèmes de délinquance importants, des moyens financiers « faibles »  et une « volonté »  des élus de résoudre ces problèmes « exprimées à travers la création d’un conseil local de sécurité et de prévention de la délinquance ». 

Les cofinancements sont alloués aux actions de prévention de la délinquance, des dérives sectaires et de la radicalisation. Une partie des fonds sont réservés à des actions dites spécialisées : le développement de la vidéoprotection et la sécurisation des lieux de culte.

Nouvelle stratégie nationale de prévention de la délinquance

Le ministre met un accent particulier, cette année, sur la prévention de la délinquance des plus jeunes. Les préfets sont appelés à « favoriser les actions visant à prévenir l’enrôlement des plus jeunes dans la criminalité organisée » , à lutter contre la prostitution des adolescents et l’usage des armes blanches par les mineurs. 

Fidèle à ses principes, Bruno Retailleau place au premier rang de ses priorités « l’exercice et la restauration de l’autorité parentale » : « La responsabilisation des parents est un axe majeur des politiques de prévention ». Le deuxième axe, face « à l’ensauvagement de la société » , est « le soutien à l’apprentissage du civisme et de la citoyenneté » , en précisant que « le maire est au cœur de cet espace d’apprentissage et de contrôle ». Il est également demandé aux préfets de favoriser toutes les actions de « prévention précoce » , reposant sur « une capacité de repérage et d’alerte », notamment pour prévenir le décrochage scolaire, la déscolarisation et l’enrôlement dans des bandes ou des réseaux. 

Ces axes, explique le ministre, sont ceux de la Stratégie nationale de prévention de la délinquance (SNPD) qui « paraîtra prochainement », et dont l’un des axes sera « le renforcement du rôle du maire et des élus locaux dans les instances de prévention de la délinquance ». 

Une autre partie des crédits, comme c’est traditionnellement le cas, sera déployée pour prévenir les dérives sectaires, en lien notamment avec les associations, et une autre pour la prévention de la radicalisation.

Périscolaire

En annexe, le ministre détaille certaines orientations que l’on retrouvera donc dans la future Stratégie nationale de prévention de la délinquance, sur le soutien à la parentalité, la prévention des violences physiques et en particulier « celles impliquant des armes blanches », la lutte contre les violences sexistes et sexuelles « notamment dans les transports en commun » . Le gouvernement compte également sur de nouvelles actions de prévention « par le sport et la culture », en « investissant les temps périscolaires et extrascolaires avec des activités encourageant la déconnexion des écrans et des réseaux sociaux » . Il faudra cependant attendre la publication de la nouvelle SNPD pour avoir davantage de détails sur les actions envisagées.

Le ministre précise également que les actions de déploiement de la vidéoprotection doivent rester « prioritaires » , dans la mesure où la vidéoprotection « joue un rôle particulièrement structurant dans le continuum de sécurité ». Près de 90 % des crédits alloués à ce poste seront déconcentrés vers « les unités opérationnelles régionales ». Il est rappelé qu’à ce jour, « il n’existe pas de cadre légal pour l’utilisation de traitement algorithmique couplés à la vidéoprotection » . Les préfets devront donc veiller à ce que les projets financés « ne contiennent pas ce type de dispositif ». 

Sécurisation des lieux de culte

Le ministre pointe enfin une augmentation inquiétante, au premier trimestre de cette année, des actes antireligieux, « tous cultes confondus » . Si la hausse importante des actes antisémites a été souvent mise en avant depuis deux ans, le ministère indique que les actes antimusulmans ont augmenté de 72 % depuis le début de l’année. S’il convient donc de « maintenir un haut niveau de soutien à l’égard des projets des sites de la communauté juive », il faut donc également « renforcer »  celui porté aux projets des acteurs du culte musulman. Le gouvernement, en association avec le Forum de l’islam de France, travaille actuellement à la mise en œuvre d’une « plateforme de signalement »  des actes antimusulmans. 

Rappelons qu’en matière de protection de lieux de culte, le FIPD permet notamment de financer l’installation de caméras dans et aux abords des bâtiments, des dispositifs anti-intrusion, voire des salles de confinement. 

Comme c’est le cas depuis plusieurs années, rappelons enfin que le FIPD permet de financer, au forfait, l’achat d’équipements pour les policiers municipaux, à hauteur de 250 euros par gilet pare-balles, 200 euros par caméra piéton et 420 euros par poste portatif de télécommunication. Mais attention : l’appel à projets pour ces financements est clos pour cette année depuis le 1er mars 2025. Il faudra donc attendre l’année prochaine pour y candidater. 

Accéder à la circulaire.

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