Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux

Édition du mercredi 28 mai 2025
Sécurité

Les renforts de nageurs-sauveteurs CRS seront de nouveau déployés cet été sur les plages

Alors que toutes les forces de sécurité étaient mobilisées l'été dernier pour la protection des sites olympiques, le gouvernement confirme que les effectifs des nageurs sauveteurs CRS seront réaffectés au sein des communes en exprimant le besoin dès l'été 2025.

Par Lucile Bonnin

Leur absence avait été remarquée l’été dernier sur les plages durant l’été 2024. Pendant la période des Jeux olympiques et paralympiques de 2024 – du 26 juillet au 11 août et du 28 août au 8 septembre – aucune compagnie républicaine de sécurité - maîtres-nageurs-sauveteurs (CRS-MNS) n’a été affectée sur les plages.

L’Association des maires de France (AMF) avait d’ailleurs alerté sur le sujet, estimant que cette mesure était une menace au « maintien de l’ordre public »  et au « dispositif de surveillance et de sauvetage des baigneurs et la protection de l’environnement sur les plages, pourtant très fréquentées en période estivale » , rappelant au passage que « la sécurité est une compétence régalienne ».

Pourtant il a bien fallu que les élus locaux fassent sans. « Afin de pallier cette carence en période estivale, les élus du littoral ont dû s’adapter en effectuant un recrutement onéreux d’effectifs parfois peu expérimentés » , a indiqué le député Michaël Taverne à l’occasion d’une question écrite à l’Assemblée nationale. Un autre député a indiqué que « cette absence a dû être compensée par l’embauche de maîtres-nageurs sauveteurs, par le déploiement de policiers municipaux ou d’agents de surveillance de la voie publique (ASVP), voire par le recours à des sociétés de sécurité privée »  ajoutant que « le pouvoir de police judiciaire propre aux CRS a également pu faire défaut ».

Le ministère de l’intérieur a confirmé plusieurs fois que les nageurs-sauveteurs CRS seront de retour sur les plages pour l'été 2025.

Un retour confirmé 

Le ministère de l’Intérieur a d’abord officialisé le retour des CRS sur les plages en février dernier.  Dans un courrier adressé à Yannick Moreau, président de l'Association nationale des élus du littoral (Anel), et aux maires des communes littorales, Bruno Retailleau, ministre de l’Intérieur, indiquait qu’il a « décidé de renouveler les renforts de sécurité sur les communes littorales ».

Cette décision a été une nouvelle fois confirmée mardi avec la publication d’une réponse aux questions écrites des députés. « L’État continuera à mobiliser des nageurs-sauveteurs des CRS pour concourir, aux côtés des communes, à la mission de secours en mer et de surveillance des plages et baignades, peut-on lire dans cette réponse. Si la saison estivale 2024 a été dérogatoire en raison des enjeux de sécurité des jeux Olympiques et Paralympiques, (…) le principe de ces différentes formes de renforts n’est nullement remis en cause. Le ministre d’État, ministre de l’Intérieur, a ainsi décidé que les dispositifs habituels, notamment les renforts de nageurs-sauveteurs de CRS, seront de nouveau déployés pour la saison estivale 2025. » 

Rappelons que les CRS sont mobilisés sur les plages depuis la fin des années 1950. Certes, le nombre de CRS affectés à la surveillance de la baignade a progressivement diminué à partir de 2008, comme l’observe le ministère, mais leur présence reste essentielle. « Avec 280 nageurs-sauveteurs des CRS mobilisés sur les plages de 55 communes au cours de l’été 2023, le volume est toutefois resté stable ces dernières années, même si la période de surveillance des plages par les nageurs sauveteurs CRS a été écourtée à l’été 2023, en raison de l’épisode de violences urbaines ultra violentes auquel la France a été confrontée », indique le ministère.

En plus de cette présence sur les plages, le ministère rappelle que « des compagnies républicaines de sécurité (CRS) sont, par exemple, déployées chaque été dans les principales zones touristiques du littoral atlantique et du littoral méditerranéen ».

Pénurie des maîtres-nageurs : en attente d'une réponse efficace

La présence des nageurs sauveteurs CRS est d’autant plus essentielle dans un contexte de pénurie des maitres-nageurs, observé depuis plusieurs années maintenant. Les collectivités ont de plus en plus de mal à recruter des maîtres-nageurs sauveteurs. Dans une question écrite publiée en avril dernier, la sénatrice LR Pauline Martin estime que « la pénurie de MNS est un problème de plus en plus préoccupant pour la sécurité des usagers des espaces de baignade. Selon plusieurs fédérations professionnelles, il manquerait entre 4 000 et 5 000 MNS pour assurer une surveillance adéquate des piscines, des plages et autres. »  Cette carence prend de l’ampleur au fil des années et les professionnels appellent à repenser le métier de MNS pour le rendre plus attractif.

En 2023, l’ex-ministre des Sports Amélie Oudéa-Castéra annonçait, lors des États généraux de l'encadrement et de la surveillance dans la filière aquatique, le lancement d’un plan en quatre volets pour agir sur « la réglementation, la formation, les conditions de travail, et la valorisation du métier » . Des mesures se mettent en place au fur et à mesure comme le lancement cette année de travaux sur certains diplômes comme le BPJEPS spécialité Activités Aquatiques et de la Natation (AAN).

Rappelons qu’à la suite de ces États généraux, un décret du 3 juin 2023 a modifié en profondeur les attributions des titulaires du brevet national de sécurité et de sauvetage aquatique (BNSSA) en leur permettant d'assurer, de manière autonome, la surveillance des baignades, sans qu'un MNS soit nécessairement présent (lire Maire info du 5 juin 2023). Pour la sénatrice Pauline Martin, cette évolution du cadre réglementaire a intensifié la pénurie de MNS : « Si cette mesure visait à pallier la pénurie de surveillants, elle a toutefois conduit à un déséquilibre entre ces deux professions. Les MNS, dont la formation est à la fois plus longue et plus coûteuse, se trouvent ainsi concurrencés par des BNSSA désormais en mesure d'exercer les mêmes missions, mais dans des conditions de recrutement plus avantageuses pour les employeurs. Dès lors, nombre de structures privilégient l'embauche de BNSSA pour des raisons budgétaires, contribuant à une diminution préoccupante de la demande de MNS. » 

Une révision des formations, en plus d’une revalorisation des salaires apparaît à ce jour indispensable. Le directeur de la Fédération des maîtres-nageurs sauveteurs (FMNS) plaide par exemple pour réduire l'étendue de la formation d'un an à un mois ainsi que son coût. « On note l'émergence de formations gratuites, financées par des collectivités ou des entreprises, de même que la mise en place d'aides pour financer la formation (OCPO, CPF, contrat professionnalisant ou d'apprentissage), mais cela reste insuffisant » , observe de son côté la députée Anne Le Hénanff, qui dit attendre les résultats de l'enquête métier promise par le gouvernement il y a deux ans pour renforcer l'attractivité de la profession de MNS et la formation. 

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