Lutte contre la désertification vétérinaire : un appel à candidature lancé
Par Lucile Bonnin
Lundi dernier, le chef de l’État se rendait dans la Creuse pour aborder les enjeux liés à la ruralité. Au cœur des discussions : l’attractivité des territoires ruraux. La problématique de la désertification médicale a été abordée, laissant de côté une problématique moins connue mais pourtant réelle : celle de la désertification vétérinaire.
En amont de ce déplacement, l’Élysée avait néanmoins précisé que le sujet ne serait peut-être pas évoqué en tant que tel, mais qu’« une réflexion est lancée pour accroître le nombre de vétérinaires diplômés chaque année » en France, puisqu’aujourd’hui, seulement la moitié des besoins en vétérinaires de l’Hexagone est couverte par les diplômés.
« Si le métier de vétérinaire fait toujours autant rêver une partie de la jeunesse, certains territoires manquent de praticiens en particulier dans les zones rurales » , constate le ministère de l’Agriculture, dans un communiqué publié le 24 janvier 2022.
En 2017, ce dernier a mis au point, en lien avec les professions agricole et vétérinaire, une feuille de route pour le maintien des vétérinaires dans les territoires ruraux. Parmi les différents chantiers prévus pour un meilleur ancrage territorial des vétérinaires, une démarche a été lancée en ce début d’année pour la réalisation de 6 diagnostics territoriaux via un appel à projets multipartenarial financé par le ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation.
Un appel à manifestation d’intérêt pour aider les territoires
Ce dispositif à destination des acteurs locaux permettra de mettre en place une méthodologie de diagnostic territorial et d’identifier des outils pour lutter contre la désertification selon la situation de chaque territoire.
Le principe est de permettre à six territoires volontaires (quel que soit leur échelon) de bénéficier d’un diagnostic de leur situation grâce à une évaluation qualitative et quantitative de l’offre vétérinaire par rapport à la demande. Il s’agira à terme de co-construire un plan d’actions adopté aux besoins des territoires qui auront participé.
Jusqu’au 15 mars pour candidater
Pour répondre à cet appel à manifestation d’intérêt, les candidatures doivent être transmises au Conseil National de l’Ordre des vétérinaires au plus tard le 15 mars 2022 et répondre aux exigences définies dans le document disponible sur leur site. Les territoires concernés sont aussi bien les zones de faible densité d’élevage mais assez peuplées, les zones d’élevages peu peuplées et les zones de faible densité d’élevage et de population. Les candidats seront informés de leur sélection entre le 22 et le 29 mars 2022.
« Le comité de pilotage national, qui statuera sur les dossiers reçus, a construit le dispositif en cherchant à privilégier le portage collectif et local du diagnostic et du plan d’action par toutes les parties prenantes (administration, filières agricoles, vétérinaires et collectivités territoriales), dans l’intérêt général du territoire » , est-il précisé dans le communiqué.
Des moyens qui doivent être renforcés
Déjà en 2021, une nouvelle voie post-bac qui permet le recrutement direct de 160 élèves a été mise en place. « Avec un cursus en école nationale vétérinaire de 6 ans au lieu de 7 ou 8 ans par les autres voies de recrutement, ils entreront plus précocement sur le marché du travail pour répondre aux besoins du secteur », peut-on lire sur le site du ministère. Ce renforcement des moyens humains est une première étape pour lutter contre le manque de vétérinaires en France.
Mais certaines zones ne sont pas épargnées. C’est pour cela que le ministère précise dans son communiqué qu’ « au-delà de cet appel à manifestation d’intérêt (…) toute collectivité (ou groupement) peut mettre en place une politique d’attractivité et de soutien aux vétérinaires disposant d’une habilitation sanitaire et assurant la continuité et la permanence des soins aux animaux d'élevage. »
En 2021, le SNVEL (Syndicat national des vétérinaires d'exercice libéral) et le laboratoire MSD Santé animale présentaient les résultats d'une étude orientée vers les étudiants sur le point d'entrer dans la vie active. Les résultats indiquaient clairement que pour leur premier emploi, les jeunes diplômés recherchent « le trio gagnant » : ambiance, cadre de vie et équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle. Un véritable travail semble donc à mener sur l’attractivité de certains territoires. C’est ce que viendront confirmer ou infirmer les résultats (rendus au plus tard le 15 août 2022) des rapports de diagnostic des 6 territoires sélectionnés.
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