Édition du mercredi 24 septembre 2008
RSA: Claudy Lebreton (ADF) craint quatre «écueils majeurs»
Alors que les députés devrait se saisir prochainement du projet de loi sur le revenu de solidarité active (RSA), Claudy Lebreton, président de lAssemblée des départements de France (ADF), estime que, sil est «dans son principe un beau projet», il ne faut pas «simplement sarrêter sur la lettre mais aussi en saisir lesprit.» Pour lui, le texte est «loin de répondre aux défis conjoints que sont linsertion des personnes en grande précarité et laugmentation de la rémunération des travailleurs pauvres.»
Il y décèle quatre «écueils majeurs». Dabord, labsence de mesure daccompagnement du bénéficiaire qui a repris un emploi. «Lintéressement financier du bénéficiaire du RSA peut être un levier pour sa reprise partielle dune activité, mais ce dispositif ne prévoit pas daccompagnement des personnes une fois en poste. Le risque est donc grand de maintenir ces allocataires dans un temps partiel subi sans perspective.»
Par ailleurs, estime le président de lADF, les employeurs ne sont pas «associés» au dispositif. «Qui dit insertion professionnelle dit entreprise. Or, là aussi, aucun engagement de lemployeur nest envisagé. Le principe de la rentabilité économique simposera delle-même et les employeurs auront beau jeu de maintenir de bas salaires, sachant que par ailleurs leurs travailleurs auront droit à un "complément" issu de largent public.»
Il regrette aussi linstauration dune «double peine». Estimant que linsertion professionnelle nest pas la «réponse à toute les situations», il souligne que la loi du 1er août 2008 relative aux droits et devoirs des demandeurs demploi, conjuguée avec le dispositif du RSA (inscription obligatoire au Service public de lemploi) «amènera certains, qui auront refusé par deux fois des propositions demplois, à être radiés du service public de lemploi et du RSA». Or, indique-t-il, «pour ceux qui sont trop éloignés de lemploi, la réponse à lenjeu de leur insertion nest pas linsertion professionnelle mais un suivi social personnalisé.»
Enfin, quatrième écueil: le financement du dispositif est, pour Claudy Lebreton, «injuste socialement». Pour financer une allocation de solidarité nationale, même différentielle, le gouvernement propose une nouvelle taxe sur les épargnants, la permanence du financement des départements et des redéploiements budgétaires. «Fondamentalement, ce dispositif est injuste car, au-delà même des aménagements de dernière minute sur les niches fiscales, ce sont encore et toujours les classes moyennes qui financent, au travers dimpôts socialement injustes. Rappelons-le: à solidarité nationale devrait répondre financement national.»
Il estime quil aurait été «de bonne intelligence avant de supprimer le RMI, de remettre les compteurs à zéro et de faire un bilan financier depuis le transfert en décembre 2003 aux départements de la compétence. Car chacun connaît lécart réel entre les dépenses constatées par les départements et la compensation de lEtat.»
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