Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux
Édition du jeudi 26 septembre 2019
Sécurité civile

Rouen : treize communes impactées par un incendie industriel majeur

Des sirènes d’alerte qui retentissent sur toute une agglomération – la situation est rarissime. C’est ce qui s’est passé ce matin à Rouen et dans une partie de son agglomération quelques heures après le déclenchement d’un incendie majeur dans une usine classée Seveso seuil haut. 
À l’heure où nous écrivons, ce sont « 200 pompiers et 53 engins »  qui combattent un incendie « pas encore sous contrôle »  en milieu de matinée, selon le préfet de Seine-Maritime, Pierre-André Durand. C’est un peu avant 3 heures du matin que le feu s’est déclaré dans l’usine Lubrizol, en bord de Seine et non loin du centre-ville, et a rapidement gagné toute l’installation, accompagné de violentes explosions. Aussitôt la préfecture, comme le veut la réglementation sur ce type de site, a déclenché le PPI (plan particulier d’intervention), qui s’est traduit par plusieurs mesures immédiates : confinement des habitants dans un périmètre de 500 m, fermeture des voies de circulation permettant l’acheminent des secours (dont l’autoroute A150), puis, un peu plus tard dans la matinée, fermeture des crèches, écoles, collèges, lycées, universités dans un périmètre comprenant douze communes du nord-est l’agglomération en plus de la zone Rouen rive-droite. Dans le même secteur, les occupants des Ehpad ont été confinés.
Selon le préfet et le ministre de l’Intérieur, il n’y a heureusement, à cette heure « aucune indication de toxicité aigüe ». Le maire de Rouen, Yvon Robert, a confirmé dans la matinée qu’il n’y avait « pas de danger toxique ». On parle bien ici de toxicité liée au risque chimique – ce qui ne signifie pas que la fumée de l’incendie ne soit pas aussi nocive pour la santé que toute fumée, en particulier pour les personnes fragiles.
Aucune victime ne serait à déplorer pour l’instant, ni parmi le personnel de l’usine ni chez les riverains.

Seveso « seuil haut » 
Rappelons que la règlementation Seveso (existant depuis la catastrophe survenue dans la ville italienne du même nom en 1976) a été révisée en 2012. Elle comprend aujourd’hui deux seuils, haut et bas, calculés notamment en fonction de la quantité de produits dangereux stockés dans l’installation. L’usine Lubrizol est classifiée seuil haut, de son nom officiel « Seveso AS »  pour « Seveso soumise à autorisation servitude d’utilité publique ». Il y a environ 650 installations classées Seveso AS en France. 
Le classement d’un site impose de nombreuses précautions, en particulier, en interne, l’élaboration d’un POI (plan d’opération interne), dans lequel les gestionnaires de l’établissement listent les mesures à prendre en cas d’accident majeur, notamment dans le but d’éviter « l’effet domino », c’est-à-dire l’extension du sinistre à des établissements voisins. Et, à l’extérieur, l’élaboration d’un PPI (plan particulier d’intervention), qui doit être réactualisé tous les trois ans. Le PPI a pour objectif d’assurer la sauvegarde des populations, des biens et la protection de l’environnement. Il est placé sous l’autorité du préfet, qui dirige, en cas de déclenchement, l’intervention des services de secours, des forces de l’ordre, etc. Au niveau communal, le PPI impose de réaliser un PCS (plan communal de sauvegarde), « afin de préparer le soutien aux services de secours, l’alerte, l’information et l’accompagnement de la population », détaille une plaquette du ministère de l’Intérieur. 
Outre les établissements scolaires, de nombreuses installations resteront fermées aujourd’hui à Rouen par mesure de précaution, a communiqué ce matin la mairie – piscines, patinoire, office du tourisme, CPAM, CAF, tribunaux, musées, certaines cliniques. Un certain nombre d’administrations restent ouvertes mais ont la plus grande difficulté a fonctionné en raison des difficultés de circulation qui empêchent le personnel d’y accéder – c’est le cas par exemple du tribunal de grande instance de Rouen. 
Rappelons, pour mémoire, que c’est à la même usine Lubrizol que s’était produit, en janvier 2013, une fuite de gaz mercaptan, qui avait provoqué une odeur de gaz pestilentielle ressentie jusqu’en région parisienne et au sud de l’Angleterre.

F.L.
 

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