Risque pluies-inondations : le gouvernement lance une campagne d'information et de prévention
Par Franck Lemarc
C’était le 2 octobre 2020 : la tempête Alex traverse le sud du pays et ravage les Alpes-Maritimes, détruisant presque totalement les vallées de la Vésubie et de la Roya. Bilan : neuf morts et des centaines de millions d’euros de dégâts, loin d’être réparés, un an plus tard.
Les climatologues le disent depuis des années : le réchauffement climatique amplifie la probabilité de survenue de telles catastrophes ainsi que leur intensité. L’étude des dernières années le confirme : les événements de type « cévenol » ou « méditerranéens », avec cumul de pluie dépassant les 200 mm en 24 heures, ont nettement augmenté ces vingt dernières années.
Huit « bons comportements »
C’est la raison pour laquelle le gouvernement a lancé, fin août, une campagne dite « pluies-inondations », essentiellement consacrée à informer les habitants des « bons comportements » en cas de pluies méditerranéennes intenses. Même si le terme « d’épisode cévenol » est encore fréquemment utilisé, le gouvernement rappelle que ces phénomènes de pluies très intenses, provoqués par les remontées d’air chaud de la Méditerranée et qui interviennent entre la fin août et le mois de novembre, se produisent bien au-delà du massif des Cévennes. Ce sont 15 départements et 9 millions d’habitants qui sont concernés par ces phénomènes (Alpes-de-Haute-Provence, Alpes-Maritimes, Ardèche, Aude, Aveyron, Bouches-du-Rhône, Corse-du-Sud, Haute-Corse, Drôme, Gard, Hérault, Lozère, Pyrénées-Orientales, Var et Vaucluse). Dans ces 15 départements, 67 % des communes ont connu, dans les trente dernières années, au moins une catastrophe naturelle indemnisée au titre du risque inondations.
Il est donc indispensable que dans ces départements, tous les habitants soient familiarisés avec une « culture du risque », et notamment connaissent (et diffusent) les « huit bons comportements » en cas de pluie intense. C’est l’axe central de cette campagne, lors de laquelle est diffusée une affiche résumant ces « bons comportements ». Cette affiche peut utilement être affichée en mairie. Elle rappelle les numéros de téléphone d’urgence, le contenu du « kit de sécurité » que chaque habitant doit conserver chez lui (radio et lampe de poche, bougies, allumettes, médicaments, copie des papiers d’identité, etc.). L’affiche liste les comportements à connaître (s’informer, ne pas prendre sa voiture, ne pas aller chercher les enfants à l’école, se réfugier dans les étages, etc.).
PPRi et Papi
Au-delà des consignes individuelles, le gouvernement rappelle que la lutte contre le risque d'inondations dépend de facteurs plus structurels – notamment la lutte contre l’artificialisation des sols, cette dernière aggravant le risque d’inondations en rendant le sol moins perméable. L’objectif de non-artificialisation des sols, voire de renaturation de sols artificialisés, sera un enjeu majeur des prochaines années, et repose en grande partie sur les épaules des maires.
Par ailleurs, la mise en place des PPRi (Plans de prévention des risques inondations) se poursuit, sous la houlette des préfets. Mais, malgré la multiplication des catastrophes ces dernières années, on ne peut que déplorer la lenteur de cette mise en place : dans les 15 départements les plus exposés, seule la moitié des communes est dotée d’un PPRi approuvé.
Autre outil réglementaire mobilisé pour lutter contre le risque inondations : les Papi (programmes d’actions de prévention des inondations). Là encore, les choses n’avancent pas très vite : dans les régions soumises au risque de pluies méditerranéennes, 67 Papi seulement ont été labellisés depuis 2011. Le gouvernement, l’an dernier, s’est fixé l’objectif de diviser par deux le délai d’instruction des Papi, qui est actuellement de… huit ans (lire Maire info du 13 février 2020).
Deux services pour les maires
Parmi les autres outils que l’État souhaite mettre en avant pour éviter des catastrophes humaines comparables à celle d’octobre dernier dans les Alpes-Maritimes, les « outils d’avertissement » occupent une place importante. Car s’il paraît impossible, à très court terme, d’empêcher les phénomènes de crues soudaines qui emportent tout sur leur passage, il est au moins envisageable d’essayer de mettre au maximum la population à l’abri, en amont de la catastrophe.
C’est l’objectif, par exemple, du service Apic (Avertissement pluies intenses à l’échelle de la commune). Il s’agit d’un service gratuit de Météo-France, auquel peuvent souscrire les maires. Une fois inscrit, un maire sera averti par SMS en cas d’alerte pour précipitations intenses ou très intenses sur sa commune.
Autre service très utile : Vigiecrues Flash, qui, de la même manière, informe les maires en cas de risque de crue d’un cours d’eau sur le territoire de sa commune. L’estimation du risque est mise à jour toutes les 15 minutes. Mais attention, le service n’est disponible, à l’heure actuelle, que pour une dizaine de milliers de communes. Il est possible de vérifier si sa commune est éligible à ces services en se connectant sur le site https://apic.meteo.fr.
Ces deux dispositifs, auxquels les maires ont tout intérêt à s’inscrire, permettent de mettre en œuvre en amont les dispositifs prévus par le Plan communal de sauvegarde.
À noter enfin que lors du prochain congrès de l'AMF, un forum sera consacré à la question des risques naturels et industriels. Il aura lieu le mardi 16 novembre, à 10 heures.
Accéder au site de la campagne Pluies-inondations.
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