Le gouvernement déploie des moyens supplémentaires contre les feux de forêt
Par Franck Lemarc
90 départements ont été touchés, l’été dernier, par un incendie « significatif », a rappelé hier le ministère de l’Intérieur, qui a présenté un bilan détaillé de la dernière saison de feux de forêt. Quelque 72 000 hectares ont été ravagés par le feu. C’est trois fois plus que le bilan de la pire des dix années précédentes (2017 avec 26 500 ha détruits). Les seuls incendies survenus en Gironde, l’été dernier, ont représenté le tiers des surfaces touchées.
« Météo des forêts »
Le gouvernement estime que malgré l’ampleur de ces incendies, le dispositif français de lutte contre les feux de forêt a « fait ses preuves ». Il repose sur une doctrine simple : attaquer le feu « dans les 10 minutes suivant sa détection » – ce qui suppose la présence de moyens aériens suffisamment proches. L’été dernier, le fait qu’aucun avion bombardier d’eau ne soit pré-positionné à proximité des forêts des Landes avait, on s’en rappelle, fait débat (lire Maire info du 18 juillet). Le gouvernement a donc décidé d’y remédier.
Première mesure nouvelle annoncée hier : la « météo des forêts ». Cette mesure a été décidée à l’automne dernier et sera opérationnelle dès cet été. Objectif : « Informer les citoyens sur le risque de feux de forêt et de végétation afin qu’ils adoptent les bons comportements pour éviter les incendies et s’en protéger ». La météo des forêts donnera une estimation à deux jours du risque incendie, en fonction de la pluviométrie, de la température, du vent, etc. À l’instar des cartes météo traditionnelles, des cartes indiqueront le niveau de risque, de 1 à 4, pour chaque département, et seront produites « tous les jours en fin d’après-midi, de mi-mai à fin septembre ».
Renforcement des moyens
Deuxième axe : le renforcement des moyens aériens. Neuf appareils supplémentaires vont être déployés cet été – 2 Dash, 3 hélicoptères bombardiers d’eau et 4 Air tractor. Les Air tractor (AT-802) sont de petits avions créés initialement pour faire de l’épandage agricole, mais qui peuvent être utilisés comme bombardiers d’eau. Ces appareils, précise le ministère, ne seront pas achetés mais loués. Il n’est pas prévu pour cet été de doter la flotte de nouveaux Canadair (dont la capacité d’emport est bien plus importante), notamment parce que la société qui les fabrique n’arrive pas à en produire suffisamment pour faire face à l’augmentation de la demande au niveau mondial. La France a prévu d’acquérir quatre de ces appareils dans les prochaines années.
Innovation pour cette année 2023 : des moyens aériens vont être positionnés en Gironde, de façon à pouvoir intervenir immédiatement en cas de départ de feu, plutôt que de venir du Gard comme l’an dernier : depuis mi-mars, « un renfort de 2 Dash et de 2 Canadair sera mobilisable en Gironde en fonction des risques » ; un hélicoptère sera positionné en zone Sud-ouest à partir du 1er juin et un Dash et 4 Air tractor, à Bordeaux, le 1er juillet.
Les moyens humains vont également être renforcés : sept colonnes (soit près de 500 sapeurs-pompiers) vont être mobilisées cet été, ainsi qu’un groupe d’appui du génie, pour ce qui est des moyens de l’armée. Un détachement d’intervention sera positionné dans la zone Sud-ouest.
Reboisement
Le gouvernement mise également sur la prévention, notamment avec la campagne qui a été lancée sur les obligations légales de débroussaillement (lire Maire info du 15 mars).
Par ailleurs, il rappelle qu’une partie des deux milliards d’euros du Fonds vert sera consacrée à accompagner les collectivités qui mènent des actions de prévention des feux de forêt. « Les actions éligibles portent essentiellement sur l’amélioration de la protection des territoires situés à l’interface entre des massifs boisés ou végétalisés et des zones bâties, où naissent 80 % des feux. Deux mesures permettent de soutenir les collectivités qui souhaitent investir dans des systèmes permettant une meilleure efficacité des obligations légales de débroussaillement. »
Le gouvernement a fait enfin un point sur le reboisement et la gestion durable de la forêt. Il rappelle que le Plan de relance prévoit de planter 45 000 hectares de forêt, avec un objectif de planter « un milliard d’arbres » d’ici 2030.
Ce chiffre « d’un milliard », qui figure dans le dossier de presse, ne pourra être atteint en plantant « seulement » 45 000 hectares de forêt d’ici 2030 – puisque la densité moyenne, en forêt, s’échelonne entre 1000 et 2000 arbres par hectare. Les 45 000 hectares représenteront donc, au maximum, environ 100 millions d’arbres. Pour atteindre l’objectif, c’est donc au moins 45 000 hectares par an qu’il faudra créer.
Cela ne paraît pas totalement inatteignable : la France plante environ 75 millions d’arbres par an aujourd’hui.
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