Édition du vendredi 10 septembre 2010
«Cantines, le règne de la mal-bouffe?»
Les enfants scolarisés mangent-ils mal à la cantine? A écouter les intéressés, oui, 30% des écoliers du primaire estiment que les repas à la cantine ne sont pas bons. La nourriture scolaire est-elle si mauvaise? La loi de modernisation de lagriculture (n° 2010-874 du 27 juillet 2010) définit une «politique de lalimentation» qui vise à «assurer à la population laccès à une alimentation sûre, diversifiée, en quantité suffisante, de bonne qualité nutritionnelle, produite dans des conditions durables». Elle prévoit le respect de règles nutritionnelles dans les cantines des collectivités.
Ainsi, «les gestionnaires, publics et privés, des services de restauration scolaire et universitaire ainsi que des services de restauration des établissements daccueil des enfants de moins de six ans, des établissements de santé, des établissements sociaux et médico-sociaux et des établissements pénitentiaires sont tenus de respecter des règles, déterminées par décret, relatives à la qualité nutritionnelle des repas quils proposent. À cet effet, ils doivent notamment privilégier, lors du choix des produits entrant dans la composition des repas quils proposent, les produits de saison. Ces règles sont publiées sous la forme dune charte affichée dans les services concernés» (article 1er).
Philippe Durrèche consultant auprès des municipalités, et Jacques Pélissard, maire de Lons-le-Saunier et président de lAMF, débattent de ces questions dans un livre "Cantines: le règne de la mal-bouffe?" qui vient de paraître (1). Dans un entretien à "LExpress", les deux auteurs expriment des points de vue opposés. Pour Philippe Durrèche, «il faut commencer par rappeler que 80% des villes délèguent leur restauration scolaire à des sociétés privées, dont le seul objectif est de gagner de l'argent avec des repas qui coûtent 2 euros l'unité.»
Pour sa part Jacques Pélissard souhaite relativiser ces critiques et souligne que «la qualité des menus de cantines est très hétérogène sur le territoire. Chez nous, à Lons-le-Saunier, nous gérons en direct la restauration scolaire. C'est un investissement, bien sûr, mais un gage de qualité. La construction et l'équipement aux normes de notre cuisine centrale nous ont coûté 3 millions d'euros, que nous amortissons en servant près de 1 million de repas par jour dans les écoles, les maisons de retraite et l'hôpital.» Il ajoute, citant toujours lexemple de Lons-le-saunier, que lamélioration des repas est un travail de longue haleine. «Le bio permet de cuisiner des produits frais de qualité et relance l'agriculture locale, mais il exige la mise en place de filières particulières. Dans ma ville, nous avons d'abord incité les agriculteurs à pratiquer une agriculture "raisonnée". Ils ont cultivé du blé bio, qui nous a permis de servir du pain bio. On est ensuite passé au lait et à la viande», précise Jacques Pélissard.
(1) "Cantines, le règne de la mal-bouffe?", par Philippe Durrèche et Jacques Pélissard aux Editions Mordicus.
Pour accéder à lentretien des auteurs dans "LExpress", utiliser le lien ci-dessous.
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