Agores : l'interdiction du plastique ne sera pas appliquée dans toutes les cantines en 2025
Par Emmanuel Guillemain d'Echon
« Un cap plutôt qu’une échéance » : c’est l’interprétation faite par Agores de l’interdiction, au 1er janvier 2025, des contenants plastiques à usage unique pour les cantines scolaires. L’association fait le constat d’une interdiction imposée alors que les alternatives étaient tout sauf claires, et avant plusieurs années de crise, entre confinements et guerre en Ukraine, qui ont « reduit les marges de manœuvre budgetaires des communes ».
« Un constat s’impose : la date butoir du 1er janvier 2025 ne sera pas tenue par tous (…) et loin de là » , affirme l’association à la sortie, après deux livres blancs sur le sujet (lire Maire info des 11 juin 2019 et 3 juin 2022), d’un recueil des solutions pratiques adoptées par différentes collectivités.
Et Agores de ne pas demander un repoussement du délai imposé par la loi, ce qui « serait un signal demobilisateur a tous les acteurs, y compris ceux qui ne se sont pas encore saisi de la question ».
Un « arrêt sur images » des solutions existantes
Si les deux livres blancs s’intéressaient à la recherche et aux différents avantages et inconvénients des matériaux de remplacement du plastique – inox, verre, etc. -, ce « recueil de solutions pratiques » vise plutôt à présenter un éventail des « produits et solutions » actuellement sur le marché.
Pour chaque produit, un retour d’expérience d’une collectivité l’ayant utilisé est indiqué, avec les problèmes rencontrés, les solutions trouvées… Le recueil relate ainsi la mise en place d’assiettes et de vaisselle en verre trempé à Fontenay-sous-Bois, en remplacement de la vaisselle plastique, ou bien des nouveaux bacs inox développés pour la cuisine centrale du département du Val-de-Marne. Bacs gastronormes à joint caoutchouc, à tirage du vide d’air partiel, permettant de s’assurer que le bac n’a pas ete ouvert entre sa fermeture et son ouverture, chaînes d’emballage ou robots permettant d’éviter les troubles musculo-squelettiques pour les personnels devant composer avec des contenants plus lourds, solutions pour leur lavage et leur désinfection… Tout le développement de ces nouveaux matériels, souvent en partenariat avec les industriels, est ainsi détaillé. Le recueil parle aussi de ces collectivités qui se sont constituées en groupement d’achats pour influer sur la qualité de l’offre.
Quatre schémas d’organisation
En faisant le tour des solutions adoptées par ses adhérents, l’association a dégagé « quatre schemas d’organisation differents, qui traduisent chacun une maniere de gérer la transition pour les collectivites, selon leur taille, leurs moyens, leurs contraintes spatiales ou d’organisation » , selon les mots de Sophie Sauvourel, directrice de la société publique locale Angers Loire Restauration.
Il y a le mode « transitoire » , qui consiste à remplacer les barquettes plastiques par d’autres barquettes à usage unique, mais ne contenant pas de plastique, de manière temporaire, en attendant « une prise de decision structurelle » ou sa mise en œuvre. Le rapport donne l’exemple de Colomiers, qui « a opté des septembre 2020 pour des barquettes en cellulose bio-sourcee – avec un risque important de potentielle non-conformite de ces produits a base de materiaux de type cellulosique » . Comme le rappelle Agores, les travaux sur l’innocuité de cette matière sont en effet toujours en cours au sein du Conseil national de la restauration collective (CNRC), quelques mois seulement avant la mise en application supposée de l’interdiction du plastique…
Deuxième solution : un mode « mixte » qui ne supprime la barquette plastique que pour la phase de réchauffage des plats, comme c’est le cas à Lons-le-Saunier où la cuisine centrale stocke les plats à froids dans des barquettes, qui sont ensuite transférées dans des contenants en inox pour la réchauffe et le service dans les restaurants satellites.
Troisième variante, ceux qui n’étaient jamais passés au plastique « a l’apparition des barquettes en plastique a usage unique dans les années 90 », comme à Poitiers, Harfleur ou Fontenay-sous-Bois « et de collectivités abandonnant la liaison froide pour un retour en liaison chaude comme La Couronne ».
Enfin, il y a celles qui ont franchi le pas de retourner à une solution structurellement différente, pour respecter la loi Égalim, comme Angers qui a investi dans des contenants tout inox modernes dans le cadre de la construction de sa nouvelle cuisine centrale en 2022.
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