Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux
Édition du vendredi 6 juillet 2018
Restauration collective

Le bio à la cantine en 2022, une échéance trop courte selon les maires

Si les maires souhaitent garantir au plus grand nombre une alimentation saine et de qualité, les ambitions fixées par le projet de loi agriculture et alimentation, qui passera, après son adoption au Sénat (lire Maire info du 4 juillet), en commission mixte paritaire le 16 juillet, ils expriment toujours « des réserves » quant au quota de 20 % de produits issus de l'agriculture biologique d'ici à quatre ans, à l'image d'Isabelle Maincion, maire de La Ville-aux-Clercs, qui s'exprimait hier lors d'une rencontre sur la restauration scolaire organisée par l'AMF.
« Est-ce que nous pourrons trouver partout les ressources nécessaires à l'horizon 2022 ? Pour les 50 % de produits locaux ou de qualité, je pense que nous pouvons y arriver, ce sont les 20 % de produits bio qui nous préoccupent », a déclaré la maire, référente du groupe de travail sur la restauration scolaire à l'AMF, se faisant ainsi l'écho des préoccupations de nombre de ses collègues, notamment ceux dont les régions ont une offre agricole encore très faible.
« Il faut que l'État nous aide. Car on sait que quand il faudra acheter du bio, ce ne sera pas forcément du bio français, et pas même européen », a poursuivi Isabelle Maincion – ce qui serait contraire à l'esprit du projet de loi, qui vise avant tout à garantir une rémunération juste aux producteurs et à développer des filières bio locales.
Françoise Buffet, adjointe au maire de Strasbourg, a renchéri en insistant sur le fait que s'il était possible pour tout le monde d'atteindre ce quota, il y avait « beaucoup d'inégalités selon le modèle agricole », et que cela prendrait du temps : la ville s'est lancée dans ce chantier dès 2008, en donnant la priorité au local, avec dans un premier temps « seulement » 15 % de bio, mais 30 % lors du renouvellement du marché l'an dernier, grâce notamment à la mise en place d'une filière locale de volailles bio.
Laurence Maillard-Méhaignerie, députée et rapporteure du projet de loi, s'est défendue en assurant que « l'idée n'est pas de convertir des régions non agricoles en régions agricoles, mais de promouvoir la ‘'ferme France''. (…) Ce n'est pas un gros mot de dire que l'Alsace pourra s'approvisionner en bio en Bretagne. » La députée a également ajouté qu'une réflexion sur de nouveaux assouplissements du Code des marchés publics, « notamment revenir à des seuils permettant plus d'achat local », était en cours.
Autre sujet sensible pour les maires : l'accès de la cantine à tous, devenu un droit depuis le vote de la loi Égalité et citoyenneté et le jugement du tribunal administratif de Besançon, qui a condamné la ville à inscrire un enfant qui avait été refusé à la cantine faute de place disponible (lire Maire info du 8 décembre 2017). L'adjointe au maire de Besançon, présente hier, a exposé les difficultés de cette affaire, car il s'agirait pour la ville de construire de nouveaux bâtiments pour faire face à la demande.
« L'AMF ne veut pas rejeter des enfants de la cantine, mais il faut considérer le problème de la baisse de la DGF et de la contractualisation, qui fait que même si nous augmentons nos recettes, nous ne pouvons pas augmenter nos dépenses. Comment créer des places de cantine dans ce cadre ? » s'est interrogé Gilles Pérole, adjoint au maire de Mouans-Sartoux, également référent du groupe de travail restauration scolaire de l'AMF.
Les élus se sont également interrogés sur le remplacement des barquettes en plastique utilisées pour le transport et le stockage des plats, qui pourraient être interdites par la loi sur l'agriculture et l'alimentation.
E.G.E.

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