Édition du vendredi 18 avril 2003
Le maire de Saillagouse (Pyrénées-Orientales) interdit le passage des camions de carburant approvisionnant l'Andorre
Le maire de Saillagouse (Pyrénées-Orientales) a tenté jeudi d'interdire le passage par sa commune des camions de carburant approvisionnant l'Andorre, mais a échoué en raison de l'opposition de la préfecture, qui a qualifié son attitude d'"esbroufe".
Le 1er avril, le conseil municipal a adopté un arrêté destiné, selon M. Armengol, à "empêcher que les bombes ambulantes continuent à circuler indéfiniment sur cette route préhistorique".
Le maire propose que les camions-citernes passent plutôt par Narbonne, la Haute-Garonne et l'Ariège. Selon ses calculs, le voyage ne durerait que 11 minutes de plus et le coût supplémentaire généré serait de moins d'un centime d'euro par litre d'essence.
A la préfecture des Pyrénées-Orientales, on estime que "ces panneaux sont un gaspillage des deniers publics. J'espère que le maire reviendra rapidement à la raison et retirera son arrêté, que nous avons d'abord pris pour un poisson d'avril. Faute de quoi, le préfet demandera rapidement au tribunal administratif d'annuler cette mesure illégale", a déclaré le directeur de cabinet du préfet, Philippe Ramon. "Les camions de carburant sont un problème réel, mais les solutions ne sont pas simples à trouver", a-t-il ajouté.
Excédé par la noria des "bombes ambulantes" qui mettent, selon lui, la population en danger, le maire, Georges Armengol (UMP), a planté lui-même aux entrées de Saillagouse (830 habitants) des panneaux interdisant le passage des camions de matières dangereuses, sous l'oeil approbateur d'une quarantaine de villageois.
Les gendarmes, présents lors de cette étrange "cérémonie", ont indiqué à l'AFP que l'élu avait le droit de poser des panneaux où bon lui semblait dans sa commune, mais qu'eux-mêmes, faute de consignes du préfet, n'avaient pas l'intention de verbaliser les camions transgressant l'interdiction municipale.
Quelques minutes après la pose des panneaux, deux camions de carburant andorrans ont d'ailleurs traversé le village comme si de rien n'était. Faute d'avoir obtenu la collaboration des gendarmes, M. Armengol envisage maintenant d'assermenter un policier municipal pour verbaliser les "contrevenants".
"Je ne suis pas contre les Andorrans. Ils ont le droit de continuer à s'approvisionner en essence. Mais en tant que maire, je suis chargé de la sécurité du village et il est de mon devoir de prendre un arrêté pour faire cesser le danger quand il existe", a-t-il expliqué aux journalistes.
Entre 12 et 15 camions-citernes andorrans empruntent chaque jour la RN-116, étroite route de montagne qui traverse Saillagouse, pour se rendre aux dépôts de carburant de Port-la-Nouvelle (Aude). Ces camions retournent ensuite approvisionner les stations-service de la principauté, où l'essence est vendue environ 25% moins cher qu'en France grâce à une fiscalité avantageuse. Ces camions ont déjà provoqué quelques accidents sans gravité. Ainsi, le 21 janvier, l'un d'eux a embouti la façade d'un hôtel de Saillagouse.<s
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