Relations professionnelles, rythme de travail, horaires : les conditions de travail des agents de la FPT
Par Lucile Bonnin
Un point statistique vient d’être publié sur le portail de la Fonction publique reprenant les résultats des enquêtes « Conditions de travail » de l’année 2019. Cette étude intitulée Les conditions de travail dans la fonction publique avant la crise sanitaire met en lumière les enjeux auxquels étaient confrontés les agents de la fonction publique il y a quatre ans.
Rythme
Premier constat : les agents de la fonction publique sont moins exposés aux contraintes de rythme que les salariés du secteur privé, sauf dans la fonction publique hospitalière (FPH). Les conditions de travail dans la FPH constituent d'ailleurs un sujet spécifique : c’est ce qui ressort principalement de cette étude. On peut aisément imaginer que leurs conditions de travail se sont complexifiées avec la pandémie, l’aggravation du phénomène des déserts médicaux et le manque de personnels dans les hôpitaux.
L’étude pointe que « deux tiers des agents de la FPH déclarent devoir toujours ou souvent se dépêcher contre un tiers dans la fonction publique territoriale (FPT). » En général, ce sont les agents de la FPT qui sont le moins exposés à des contraintes de rythme ou d’intensité de travail. Ils peuvent plus facilement interrompre momentanément leur travail et travaillent plus rarement sous pression que les agents de la FPH ou ceux de la Fonction publique d’État.
Contraintes physiques et horaires
Devoir rester longtemps debout, devoir rester dans une posture pénible, effectuer des déplacements à pied longs ou fréquents, porter ou déplacer des charges lourdes et subir des secousses ou des vibrations… Les contraintes physiques sont variées et touchent le plus souvent les agents de la FPH : 54 % d’entre eux déclarent être exposés à au moins trois contraintes physiques intenses.
Côté FPT, 34 % des agents disent subir au moins trois de ces contraintes. Ce sont surtout les assistants maternels et familiaux de la FPT qui sont exposés à ces risques.
En ce qui concerne les horaires de travail, « dans la FPT, 23 % des hommes et 18 % des femmes travaillent 40 heures ou plus par semaine, et, dans la FPH, cette proportion est de 31 % pour les hommes et 22 % pour les femmes », peut-on lire dans l’étude.
Dans la FPT, les femmes sont plus nombreuses à déclarer avoir « des horaires variables d’un jour à l’autre » avec 24 % contre 16 % pour les hommes. « Les hommes travaillent en revanche plus souvent le dimanche que les femmes dans la FPT (43 % des hommes contre 20 % des femmes). » En ce qui concerne les horaires atypiques, deux fois plus d’hommes déclarent en faire que de femmes.
Tensions et solidarité
Depuis 2013, environ « un quart des agents de la fonction publique déclare vivre des tensions avec leurs supérieurs hiérarchiques. » Cette proportion concerne aussi les tensions qui peuvent exister entre collègues. Les moins de trente ans sont moins concernés par cette réalité.
Face à cela, 84 % des agents de la FPT déclarent être aidés par leurs collègues pour les travaux délicats.
Il est également à noter que les agents de la fonction publique, très logiquement, sont plus souvent en contact direct avec le public que les salariés du privé (85 % contre 68 %). Ainsi, « parmi ceux qui le sont, un agent de la fonction publique sur deux se plaint de vivre des situations de tension dans ses rapports avec le public (contre 40 % des salariés du privé). »
Manque de reconnaissance
Dans la FPT, la situation des femmes se dégrade en 2019. Par exemple, « la proportion d’agentes n’ayant plus la fierté du travail bien fait passe de 29 à 40 % » . Autre chiffre relativement inquiétant : 23 % des agents de la FPT déclarent « se sentir inutiles dans leur emploi. »
Pour tous les agents de la fonction publique, il y a un manque de reconnaissance de leur travail qui s’accroît d’année en année. « À la question « Vu tous mes efforts, je reçois le respect et l’estime que mérite mon travail », 10 % des agents de la fonction publique déclarent n’être pas du tout d’accord et 27 % déclarent n’être pas d’accord avec cette proposition. » Autrement dit, 63 % des agents des trois fonction publiques estiment leur travail pas ou pas assez valorisé.
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