Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux

Édition du jeudi 24 avril 2025
Réglementation

Vente de muguet pour le 1er mai : une pratique que les maires ont intérêt à encadrer

Le 1er mai, jour de la Fête du travail, de nombreux particuliers ont pour habitude de vendre des brins de muguets sur la voie publique. Si cette vente est exceptionnellement autorisée, les maires ont cependant la possibilité de réguler ces pratiques. Comme chaque année, la Fédération des artisans fleuristes demande aux maires de prendre des arrêtés municipaux dans ce sens.

Par Lucile Bonnin

Jeudi prochain, dans beaucoup de communes, il ne sera pas rare de croiser des particuliers en train de proposer à la vente quelques brins de muguet à l’occasion de la Fête du travail.

Un peu d’histoire 

Offrir du muguet est une tradition qui remonterait à la Renaissance, apprend-on sur le site du ministère de l’Agriculture : « Après avoir reçu un brin de muguet alors qu'il [était en visite] dans la Drôme, le roi Charles IX entreprit de perpétuer la coutume en l'instituant à la Cour. » 

Dans le calendrier révolutionnaire de 1793, un « jour du Muguet »  fut institué, non le 1er mai mais le 26 avril (7 Floréal). Ce n’est qu’un siècle plus tard, le 1er mai 1889, que fut créé par le mouvement socialiste une « Journée internationale de lutte des travailleurs » , lors de laquelle les manifestants arboraient non un brin de muguet, mais une fleur d’églantine – dont la couleur rouge symbolisait le sang versé lors de la répression des grèves. 

Le muguet n’est revenu en grâce le 1er mai que sous le régime de Vichy, qui a transformé la « Journée internationale de lutte des travailleurs »  en « Fête du travail et de la concorde sociale », rendant ce jour férié… pour éviter les grèves. Et généralisé le muguet blanc à la place de l’églantine rouge. 

Une vente à la sauvette « tolérée » 

Aujourd’hui, et ce depuis plus de 20 ans, le ministère de l’Intérieur admet une « tolérance »  concernant la vente de cette fleur : « Cette vente fait l’objet d’une tolérance admise à titre exceptionnel conformément à une longue tradition » , écrivait-il alors en 2001. Il s’agit bien d’une exception puisque la vente de rue est en principe toujours soumise à autorisation. 

Cependant, quelques règles restent à respecter et pour plus de clarté, les maires sont invités à prendre des arrêtés municipaux afin d’encadrer au mieux la pratique.  

Cette autorisation exceptionnelle de vente à la sauvette est soumise à plusieurs règles qu’il faut connaître. D’abord, on ne peut vendre du muguet en tant que particulier uniquement le 1er mai, ni avant ni après. Ensuite, seule la vente de brins de muguet « cueillis »  est autorisée, sans emballage, et non « accompagnée d’autres fleurs ». 

Concernant le ramassage de ces fleurs, il est important de préciser que si le muguet sauvage peut être cueilli dans les bois, cette cueillette est toutefois règlementée puisque la flore appartient au propriétaire de la parcelle. En forêt par exemple, la cueillette doit donc être autorisée par le propriétaire forestier. 

Il faut enfin rappeler que l’emplacement du stand de vente ne peut se faire au hasard. D’ailleurs, le terme « stand »  n’est pas tout à fait exact puisqu’il est interdit d’utiliser des « tables et tréteaux »  lors de cette vente. En tout état de cause, il est demandé aux vendeurs de ne pas s’installer « à proximité »  d’un fleuriste. Ce point a fait l’objet en effet de nombreux débats puisque dans bien des cas les fleuristes estiment que cette vente à la sauvette peut représenter une « concurrence manifeste vis-à-vis des artisans fleuristes qui respectent la législation et rémunèrent ce jour-là leurs collaborateurs avec une majoration de salaire », comme l’écrivait l’année dernière la Fédération française des artisans fleuristes (FFAF) à l’attention de l’AMF.  

Arrêtés municipaux 

La FFAF a sollicité cette année encore l’AMF pour alerter les élus locaux « sur l’importance de faire respecter la législation en vigueur concernant la vente du muguet »  tolérée le 1er mai. « Cette tolérance doit néanmoins être encadrée par des arrêtés municipaux pour préserver au mieux les intérêts des artisans fleuristes de nos communes », a indiqué dans un courrier Farell Legendre, président de la FFAF. 

En pratique, avant de se mettre à vendre son muguet, un particulier doit prendre connaissance de la réglementation auprès de sa mairie. Il est donc important pour la municipalité de communiquer sur la législation en vigueur.

D’ailleurs, depuis quelques années, de plus en plus de municipalités prennent des arrêtés pour encadrer strictement la vente à la sauvette et rappeler les règles. Par exemple, l’année dernière, la mairie de Lamorlaye (Oise) a pris un arrêté rappelant ces règles en vigueur et précisant que la vente n’est autorisée qu’à plus de 150 mètres d’un fleuriste et qu’il est interdit « d’importuner les promeneurs et d’attirer leur attention ». Dans la commune de Vire (Normandie), la vente était « interdite l’année dernière à moins de 50 mètres des commerces où la vente de fleurs est exercée » . À Pontarlier (Doubs), la vente de muguet était interdite à moins de 100 mètres des boutiques de fleuristes. 

Depuis quelques années, certaines municipalités ont tenté de prendre des arrêtés pour interdire carrément la vente à la sauvette de muguet sur leur commune, mais ces initiatives apparaissent juridiquement fragiles et ne sont pas conseillées.

Afin de mieux faire connaître aux administrés ce cadre fixé par le droit et par la commune, il peut être bon de faire la publicité des arrêtés pris pour l’occasion en informant la presse locale et/ou en communiquant sur le sujet via le site internet de la commune et/ou ses réseaux sociaux. 

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