Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux

Édition du vendredi 31 août 2007
Précarité

SDF: une première «consultation des maires de France» pourrait avoir lieu à la mi-octobre

L’affaire du «Malodore», un produit répulsif acheté par la mairie d'Argenteuil pour chasser les SDF, est l'arbre qui cache la forêt car, pour nombre de communes, les sans-abris représentent un problème aigu auquel la ministre du logement Christine Boutin veut s'atteler. Danielle Huèges, fondatrice de l'association Coeur des haltes, mandatée par la ministre du Logement pour mener à bien une mission sur le sujet, estime qu'«Argenteuil a été un détonateur». «Christine Boutin a dénoncé la méthode mais a décidé de tout mettre en oeuvre pour que de tels procédés ne se reproduisent plus», a-t-elle déclaré jeudi à l'AFP. Si l'achat du produit répulsif par la mairie d'Argenteuil a suscité une indignation quasi unanime, plusieurs associations font aussi remarquer que communes et organismes publics utilisent des procédés plus insidieux mais tout aussi efficaces pour éloigner les SDF des centre-villes. Ainsi, remarque Médecins du monde, l'installation de sièges particuliers - et non plus de bancs où l'on est susceptible de s'allonger - dans les espaces publics, y compris le métro, est devenue la règle. La FNARS, qui regroupe la plupart des associations chargées d'accueillir les SDF, souligne aussi que si le projet d'Argenteuil était «particulièrement odieux» d'autres actions anti-SDF, telles que les arrêtés municipaux anti-mendicité et anti-bivouacs ou encore la suppression des toilettes publiques sont menées «sans provoquer autant d'émoi». De nombreuses villes, particulièrement dans le sud de la France, n'hésitent pas à prendre des arrêtés pour empêcher les sans-abri d'accéder au centre-ville d'autant plus que celui-ci est fréquenté par de nombreux touristes. A Montpellier par exemple, la ville prend chaque année pour toute la période estivale du 1er juin au 30 septembre un «arrêté de sécurité et de salubrité publiques». Toulon, Fréjus, Saint-Raphaël ou Nice ont pris des arrêtés analogues même si cette dernière ville, selon sa municipalité, ne l'applique plus. Danielle Huèges, qui se souvient d'avoir été chargée par Xavier Emmanuelli, alors secrétaire d'Etat à l'action humanitaire, d'une mission analogue sur les SDF il y a douze ans, a demandé aux préfets de recenser le nombre de municipalités qui ont pris de tels arrêtés. «On ne condamne pas les maires, dit-elle, on vient à leur secours». Pour ce faire, explique-t-elle, la décision a été prise de «faire un groupe de travail avec une dizaine de maires de moyennes et de grandes villes et de parvenir à établir une sorte de charte qui permettra de rassurer les maires et d'éviter ainsi les arrêtés anti-mendicité». Danielle Huèges a quelques «pistes», notamment faire davantage de maraudes de jour avec une prise en charge médico-sociale. «Trop souvent, regrette-t-elle, l'appel vers le numéro d'urgence 115 dirige vers la veille d'hiver ou de nuit mais néglige l'accueil de jour». Elle déplore aussi, à l'instar de plusieurs associations, la mauvaise coordination des différents services d'aide aux sans-abri. Une première «consultation des maires de France» pourrait avoir lieu à la mi-octobre, a précisé Mme Huèges. Selon Mylène Stambouli, chargée à la mairie de Paris de la lutte contre l'exclusion, Mme Boutin a promis une réunion analogue sur la région parisienne pour le mois de septembre. On évalue à environ 5.000 le nombre de places supplémentaires nécessaires pour loger les sans-abri en région parisienne.<s

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