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Édition du lundi 9 octobre 2023
Précarité

Pauvreté : près de 90 % des jeunes et des locataires du parc social résident dans une commune urbaine

Trois ménages sur cinq appartenant à ces deux profils vivent même dans une commune urbaine dense. Les retraités pauvres résident, eux, plus fréquemment dans une commune rurale, tout comme les ménages pauvres « non insérés dans l'emploi » mais propriétaires de leur logement, selon une étude de l'Insee.

Par A.W.

Absence de revenus, faiblesse du niveau de retraite, nombre de personnes dans le foyer, charges familiales importantes... Les ménages pauvres occupent une variété de situations professionnelles et personnelles que l’Insee a répartie, dans une étude parue la semaine dernière, selon six profils rendant compte de la pluralité des situations de pauvreté.

En 2020, un peu plus de 9 millions de personnes vivaient ainsi sous le seuil de pauvreté, c’est-à-dire avec moins de 1 120 euros pour une personne seule, moins de 1 680 euros pour un couple sans enfant et moins de 2 350 euros pour un couple avec deux enfants de moins de 14 ans. Au total, ces ménages représentaient 14,4 % de la population.

Trois quarts des ménages pauvres vivent en ville 

Sans surprise, l’Insee constate « de fortes disparités selon les territoires ». La pauvreté est ainsi plus présente dans les Hauts-de-France, dans les régions du sud de la France métropolitaine (Occitanie, Provence-Alpes-Côte-d’Azur et Corse) et en outre-mer, mais moins fréquente dans l’ouest du pays (Pays-de-la-Loire, Bretagne). 

De la même manière, des différences de pauvreté apparaissent au sein même des régions. Ainsi, « en Île-de-France, la part de personnes pauvres est la plus élevée de l’Hexagone en Seine-Saint-Denis (27,6 %), alors qu’elle est parmi les plus faibles dans les Yvelines (9,7 %) », observe l’autrice de l’étude, qui souligne également que, « à l’échelle locale, la pauvreté est plus fréquente dans les territoires densément peuplés ».  

Une situation qui se retrouve particulièrement dans les intercommunalités de Creil, Béziers, Maubeuge, Roissy, Lens-Liévin, Perpignan, Nîmes ou Valenciennes, « où plus d’une personne sur cinq est en situation de pauvreté ». Plus globalement, ce sont 73 % des ménages pauvres qui vivent dans une commune urbaine, contre 67 % des ménages non pauvres.

Les retraités pauvres davantage à la campagne

Parmi les six profils définis par l’Insee, ceux-ci se différencient selon la situation vis-à-vis de l’emploi, l’âge et le statut d’occupation du logement. 

Le profil le plus représenté est celui des ménages retraités qui représentent 27 % des ménages pauvres, avec un niveau de vie médian de 945 euros par mois et par personne. Ils ne représentent, toutefois, « que »  18 % des personnes pauvres car ils sont le plus souvent composés d'une personne seule. En effet, « 64 % des ménages retraités pauvres sont constitués de personnes vivant seules, essentiellement des femmes de plus de 75 ans », explique l’Insee, qui souligne que ces ménages résident aussi plus fréquemment dans une commune rurale (36 %) que l'ensemble des ménages pauvres (27 %). 

Reste que « les personnes retraitées sont moins souvent pauvres »  puisque 10,6 % d’entre elles le sont, contre plus de 14 % dans la population générale.

Le deuxième profil le plus représenté est celui des ménages insérés dans l’emploi mais percevant de faibles revenus du travail avec 998 euros mensuels. Ils possèdent, toutefois, le niveau de vie médian le plus élevé des six profils de pauvreté. S’ils représentent 18 % des ménages pauvres, à l’inverse des retraités ils représentent 25 % des personnes pauvres du fait « de nombreuses familles avec enfants, ce qui engendre des charges familiales élevées ». Avec près de 40 % de couples avec enfants, dont une part importante de familles de trois enfants ou plus, cette catégorie regroupe ainsi près du tiers des enfants en situation de pauvreté.

Ils sont notamment surreprésentés dans le quart nord-ouest et dans les anciennes régions Rhône-Alpes et Franche-Comté. 

Jeunes et locataires du parc social dans les grandes villes 

Parmi les personnes « non insérées dans l’emploi »  car leurs revenus sont inférieurs à la moitié d’un smic par adulte, les ménages de moins de 30 ans représentent un peu plus d’un ménage pauvre sur dix (11 %) avec un niveau de vie médian qui tournent autour des 800 euros mensuels.

Ce sont essentiellement des personnes vivant seules, au sein de grandes villes pour 87 % d’entre elles. Il s'agit d'étudiants déclarant leurs revenus indépendamment de leurs parents et de jeunes sans emploi ou en phase d’insertion professionnelle, « qui font généralement face à des situations d’emploi intermittent ou peu rémunéré ».

Parmi les autres ménages pauvres « non insérés dans l’emploi », l’Insee distingue encore trois derniers profils, parmi les plus de 30 ans donc, qui sont liés au statut d’occupation du logement. On retrouve ainsi, d’un côté, les personnes propriétaires de leur logement qui vivent plus fréquemment dans le monde rural (43 %) et qui bénéficient d'indemnités de chômage (10 % des ménages pauvres) et, de l’autre, des locataires dont les revenus proviennent « en grande partie »  de prestations sociales. 

Parmi ces derniers, ceux locataires du parc privé (17 %) sont « surreprésentés autour de l’arc méditerranéen »  et ceux du parc social (17 % également), essentiellement des familles avec enfants, résident « à 90 % dans l’urbain et sont relativement plus présents dans la moitié nord »  du pays.

S’agissant du profil des locataires du parc social, il comprend « près d’un tiers de familles monoparentales et rassemble ainsi le plus d’enfants (environ 30 % des enfants pauvres) après le profil des ménages insérés dans l’emploi ». Le profil des locataires du privé regroupe, lui, 19 % des enfants pauvres, vivant avec un ou deux parents quand celui des propriétaires recouvre plutôt des personnes vivant en couple, avec au plus deux enfants. Ce sont ces derniers qui ont le niveau de vie médian le plus faible avec 729 euros mensuels, contre, respectivement, 848 euros et 807 euros mensuels pour les deux profils de locataires.

Télécharger l’étude.
 

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