Maire-info
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Édition du vendredi 2 juillet 2021
Coronavirus

Progression du variant Delta : Jean Castex lance le débat sur l'obligation vaccinale

Le gouvernement envisage un certain nombre d'évolutions aux règles sur la vaccination et le pass sanitaire, alors que l'inquiétude augmente en Europe sur la propagation du variant Delta. Le point sur la situation.

Par Franck Lemarc

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Depuis le 30 juin, les restrictions sanitaires ont été levées dans presque tout le pays. « Presque », parce que, comme l’expliquait Maire info mardi, les préfets ont la possibilité de maintenir certaines restrictions dans leur département quand les conditions locales l’exigent. 

C’est le cas, au moins, dans deux départements, les Landes et le Var. En cause, le variant Delta (souche repérée en Inde), dont la propagation dans ces départements est jugée préoccupante. Dans le Var, malgré un taux d’incidence extrêmement bas (7,5 pour 100 000 habitants), le préfet a décidé de prolonger de quinze jours un certain nombre de restrictions (port du masque obligatoire en extérieur et jauges dans les établissements recevant du public), parce que l’ARS a repéré plusieurs dizaines de patients infectés par le variant Delta. Dans les Landes, où le taux d’incidence est, en revanche, supérieur à la moyenne nationale (50 pour 100 000 contre 18,5 à l’échelle du pays), les restrictions seront maintenues jusqu’au 6 juillet au moins – mais les autorités se montrent plutôt rassurantes, estimant que la situation est en passe de se « stabiliser ».

Mais dans plusieurs régions, le variant Delta commence à progresser de façon inquiétante, même si les taux d’incidence restent encore bas. Hier, l’ARS des Pays-de-la-Loire a indiqué que la proportion de variant Delta chez les patients atteints du covid-19 « double tous les deux jours ». Le variant Delta accélère aussi dans les Hauts-de-France, en Bretagne, en Auvergne-Rhône-Alpes…

L’Euro de foot, super-contaminateur ?

Si la situation n’est pas (encore) réellement inquiétante en France, d’autres pays sont, eux, confrontés à une véritable nouvelle vague – le variant Delta est, selon l’OMS, présent aujourd’hui dans 85 pays. C’est le cas en Russie, où le nombre quotidien  de morts a atteint, ces derniers jours, de nouveaux records. En Grande-Bretagne, la poussée du variant Delta a douché les espoirs d’en finir rapidement avec les restrictions (le nombre de cas de covid-19 a augmenté de 72 % ces sept derniers jours). Mais les autorités soulignent, ce qui est crucial, que 90 % des personnes infectées ces derniers jours n’avaient pas bénéficié d’une vaccination complète. 

Le Portugal a annoncé hier renouer avec le couvre-feu dans une quarantaine de communes, dont la capitale. L’Espagne s’inquiète d’une progression de près de 50 % du variant Delta dans les cas repérés.

Dans ce contexte, de plus en plus de questions se posent sur le rôle joué par l’Euro dans la propagation du virus. Les dizaines de milliers de supporters qui passent d’un pays à l’autre, les stades remplis à 100 % de supporters sans masque, représentent autant de risques potentiels de diffusion du virus. À preuve, ce chiffre livré par les autorités sanitaires écossaises, où le nombre de contaminations est en forte hausse : près de 2000 personnes testées positives dans la deuxième quinzaine de juin ont assisté à « au moins un événement lié à l’Euro », notamment aux stades de Wembley ou de Glasgow, ou dans des fan-zones. Même situation en Finlande, où 30 supporters revenus de Saint-Pétersbourg (Russie) ont été testés positifs à leur retour à Helsinki, où le maire indique une poussée brutale des infections, et « une situation clairement différente de qu’elle était il y a une semaine ». 

L’OMS s’inquiète vivement de la tenue prévue de grands matchs (demi-finales et finale de l’Euro), ces prochains jours, dans les villes de Saint-Pétersbourg et Londres, particulièrement touchées par le variant Delta. Sans la moindre incidence sur l’UEFA, qui a exclu toute « délocalisation »  de ces matchs. 

Obligation vaccinale et pass sanitaire

Face à cette situation, il est plus que jamais évident que la vaccination est le seul bouclier susceptible d’éviter une nouvelle vague, en France. Les autorités sanitaires évoquent maintenant un chiffre de 90 % de vaccination pour espérer atteindre l’immunité collective contre le variant Delta, encore plus contagieux que les précédents. 

L’exécutif a donc décidé de lancer une réflexion sur une « obligation vaccinale », partielle ou totale. Le Premier ministre a adressé hier un courrier aux groupes parlementaires et aux responsables politiques, pour expliquer qu’il souhaite que le débat sur l’obligation vaccinale soit « posé ». Les associations d’élus ne sont pas, pour le moment, destinataires de ce courrier, les modalités de la consultation n’étant pas encore définitivement tranchées par Matignon.

Cette éventuelle obligation vaccinale pourrait se poser d’abord chez les soignants, mais peut-être pas seulement : le Premier ministre demande à ses interlocuteurs leur avis sur le fait d’étendre cette éventuelle obligation « plus largement ». 

Sans discuter du fond de cette perspective, on peut cependant noter que le président de la République s’est apparemment montré imprudent lorsqu’il a promis, en novembre dernier, qu’il n’y aurait dans le pays pas d’obligation vaccinale pour le covid-19 : « Je veux aussi être clair, je ne rendrai pas la vaccination obligatoire », déclarait-il à la télévision le 24 novembre 2020. 
Le Premier ministre évoque également, dans son courrier, la possibilité d’une « extension du champ d’application du pass sanitaire », c’est-à-dire la possibilité de l’exiger pour des événements regroupant moins de 1000 personnes. Là encore, on peut se demander si le gouvernement va revenir sur la promesse présidentielle de ne pas utiliser le pass sanitaire pour les loisirs « quotidiens », comme l’accès aux cinémas par exemple. 

L’exécutif serait, selon plusieurs médias, en train de préparer un projet de loi sur ces sujets, qu’il devrait boucler à l’issue de la consultation lancée hier. 

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