Sans-abrisme : malgré une rallonge budgétaire, le deuxième plan Logement d'abord reste « insuffisant », selon les associations
Par A.W.
Le ministre chargé du Logement, Olivier Klein, a présenté hier, devant les associations, son nouveau plan quinquennal « Logement d’abord » (de 2023 à 2027) – qu’il veut « ambitieux » – dont le but est d’accompagner vers le logement les personnes sans domicile.
Selon les derniers chiffres publiés par la Fondation Abbé-Pierre, ces personnes seraient encore 330 000 en France. Une situation qui s’est donc « détériorée » depuis 2017, selon le Collectif des associations unies (CAU), qui regroupe 40 associations nationales mobilisées contre le sans-abrisme et le mal-logement (Fondation Abbé-Pierre, Association Dalo, Emmaüs, ATD Quart monde…).
160 millions d’euros supplémentaires
Très attendu depuis un an, ce deuxième volet sera, d’abord, doté de 500 millions d’euros, une enveloppe en augmentation de 160 millions d’euros d’ici 2027, soit l’équivalent de 29 millions d’euros supplémentaires chaque année par rapport au premier plan. Si ce dernier a permis à « 440 000 personnes de quitter la rue pour accéder à un logement pérenne », Olivier Klein s’est fixé comme nouvel objectif de « sortir plus de 800 000 personnes de la rue en dix ans », dans un entretien au journal La Croix.
Dans le détail, les moyens et les outils mis en place restent relativement similaires puisqu’il est prévu « la création de 100 000 logements très sociaux », 30 000 places en intermédiation locative pour les sans-domicile (contre 40 000 places précédemment) afin de « permettre à des personnes en grande précarité de bénéficier d’un logement dans le parc privé à un tarif abordable » et 10 000 places en pensions de famille, soit 2 000 nouvelles places par an en moyenne.
Si l’objectif est le même que pour le premier plan sur ce dernier point, on peut noter que celui-ci n’a pas été atteint puisque seuls 7 200 nouvelles places ont été créées depuis 2018.
À noter également que le nouveau plan porte désormais un objectif de 25 000 nouveaux logements agréés en résidences sociales et foyers de jeunes travailleurs et revalorise l'Aide à la gestion locative sociale (AGLS) pour améliorer la prise en charge et le suivi des personnes hébergées en résidences sociales (familles monoparentales, travailleurs précaires, jeunes travailleurs…).
Le plan pérennise, par ailleurs, 26 équipes mobiles de prévention des expulsions, ouvre de nouveaux sites dans le cadre du dispositif « Un chez-soi d’abord » après « une expérimentation concluante » et promet 500 employés supplémentaires pour répondre au numéro 115 alors que « 6 000 demandes » restent encore non pourvues chaque soir, selon les associations.
« Flou » et « insuffisant »
Si les associations se sont dit satisfaites de la hausse de l’enveloppe allouée à cette politique, elles ont jugé ce nouveau plan bien trop « flou » et « insuffisant » .
« De nombreux angles morts demeurent », pointe ainsi le Collectif des associations unies (CAU). Si le soutien financier à ce second plan, avec 29 millions d’euros supplémentaires chaque année, est « appréciable », il « risque d’être insuffisant pour changer la donne », dans un contexte de « forte montée des coûts », estime-t-il, en rappelant au passage « les coupes budgétaires depuis 2017 [qui] réduisent les APL de 4 milliards chaque année et les ponctions sur les HLM [qui] ont précipité la chute de la production d’HLM d’un quart ».
En outre, « de nombreuses zones de flou restent à éclaircir » dans le plan du ministère du Logement : « Quels sont ces 100 000 logements très sociaux à produire sur le quinquennat ? Pourquoi l’objectif de production de 40 000 logements très sociaux (PLAI) par an a-t-il disparu ? Quel est l’objectif d’attribution de logements sociaux aux personnes sans domicile ? Est-il prévu le moindre assouplissement pour permettre aux personnes sans domicile en situation irrégulière de régulariser leur situation ? Quel renforcement de l’accompagnement social des personnes sans domicile toujours plus nombreuses ? », s’interroge le collectif, qui réclame « des réponses bien plus ambitieuses ».
De son côté, la présidente de l’Union sociale pour l’habitat (USH), Emmanuelle Cosse, a assuré sur Twitter que « le compte n’y est pas du tout ». Le Mouvement HLM a d’ailleurs reconnu, dans un communiqué, ne pas être « en mesure de qualifier la crédibilité du dispositif financier annoncé », à ce stade, puisque « le gouvernement a rendu ses arbitrages […] sans que les chiffres annoncés ne soient correctement documentés et étayés ».
Au final, « ce plan Logement d'abord 2 déçoit et inquiète. Il déçoit par son absence d'ambition, […] et il inquiète [parce qu’il] ne résiste pas à l'appétit d'économies de Bercy sur les dépenses de solidarité », a déploré l’ancienne ministre du Logement.
Consulter le dossier de presse.
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