Édition du vendredi 8 février 2002
Malgré la baisse du chômage, la pauvreté ne recule pas, note l'Observatoire national de la pauvreté et de l'exclusion sociale
La baisse du chômage observée en France sur les quatre dernières années ainsi que celle du nombre de bénéficiaires du RMI depuis deux ans ne signifient pas pour autant que le nombre de personnes vivant sous le seuil de pauvreté est en diminution, selon l'Observatoire national de la pauvreté et de l'exclusion sociale.
Un paradoxe qui s'explique notamment par la multiplication des emplois précaires, et la situation d'exclusion des demandeurs d'asile.
''La baisse du chômage intervenue depuis quatre ans, et en particulier celle du chômage de longue durée, ne s'est pas traduite au cours de la même période par une diminution équivalente du nombre des ménages pauvres du point de vue monétaire'', estime ainsi l'Observatoire dans son rapport 2001-2002 rendu public jeudi.
Comme dans son premier rapport publié fin 2000, cet organisme créé en 1998 dans le cadre de la loi de lutte contre les exclusions estime toujours à 4,5 millions le nombre de personnes vivant sous le seuil de pauvreté en France (moins de 564 euros ou 3 700 francs par mois pour une personne seule), soit 7% des ménages, une ''stabilité observée en fait depuis la première moitié des années 1990'', note le rapport.
Outre le chômage, le nombre de bénéficiaires du RMI a connu une baisse de 5,3% sur l'année 2000 et de 1,7% au cours du premier semestre 2001, alors que le nombre de personnes touchant cette allocation n'avait cessé d'augmenter depuis sa création en 1989.
Pour expliquer le décalage, l'Observatoire estime notamment que ''le chômage n'est pas la seule cause de la pauvreté: de nombreux ménages situés au-dessus du seuil de pauvreté monétaire sont des retraités, de petits indépendants, des travailleurs à temps complet à la tête d'une famille nombreuse'' mais touchant un salaire trop faible.
''Par ailleurs'', ajoute le rapport, ''l'emploi ne protège pas toujours de la pauvreté, du fait du développement des bas salaires liés à de nouvelles formes d'emploi discontinu (contrats à durée déterminée, intérim, ou emplois à temps partiel court subi)''.
L'Observatoire explique en outre que ''conjointement à cette pauvreté étayée par des mesures statistiques'', d'autres formes d'exclusion ''bien visible'' mais difficilement quantifiable se développent.
''Les bilans d'activités d'associations nationales telles que le Secours catholique ou Médecins du Monde mettent en évidence une augmentation de personnes dénuées de toute ressource. Parmi elles, les familles étrangères et demandeuses d'asile sont les plus touchées'', constate le rapport.
Depuis plusieurs mois, de nombreuses associations d'aide aux plus démunis interpellent régulièrement le gouvernement sur la question des demandeurs d'asile dont les dossiers mettent souvent plus d'un an à être étudié, temps durant lequel ils n'ont droit ni à un emploi ni à une formation, et qui vont rejoindre la cohorte des plus démunis et parfois même des sans-abri, les centres d'hébergement qui leur sont réservés étant en perpétuelle saturation.<
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