Pour préserver la ressource en eau, les collectivités peuvent mettre en place de bonnes pratiques
Par Lucile Bonnin
Selon Météo-France, l'été 2022 est au deuxième rang des étés les plus chauds observés en France depuis le début du XXe siècle. Cette année-là, 92 % des départements ont connu des mesures de restrictions d’eau. Mais la saison estivale n’est pas l’unique problématique. « La pénurie d'eau peut intervenir tout au long de l'année, même en hiver et peut aussi résulter d'un manque de disponibilité d'une ressource de qualité, explique Catherine Néel, directrice de projets Gestion résiliente des hydrosystèmes au Cerema. C'est pourquoi il est important de repenser tout le cycle urbain de l'eau en faveur de la protection de la ressource en qualité et en quantité et sur le long terme. »
Au printemps 2023, le président de la République annonçait le lancement d’un Plan Eau avec pour objectif une réduction de 10 % des prélèvements d’eau d’ici 2030 à l’échelle nationale. « Cet objectif ne pourra être atteint que par un effort collectif, notamment des collectivités, en première ligne pour montrer l’exemple, expérimenter de nouvelles pratiques, organiser de nouvelles collaborations, et impulser une dynamique de sobriété des usages », peut-on lire dans un Essentiel publié hier par le Cerema.
L’eau, un « patrimoine » à reconsidérer
La priorité selon le Cerema est de « faire émerger la vraie valeur de l’eau » rappelant au passage que cette ressource « épuisable, altérable » a un coût car elle est traitée puis distribuée. Le prix global moyen de l’eau au 1er janvier 2024 est de 4,7 euros par m3, sur la base d’une consommation annuelle de 120 m3, pour un foyer : 2,32 euros par m3 pour l’eau potable et 2,37 euros par m3 pour l’assainissement collectif.
Même si les tensions observées ces dernières années ont contribué à faire prendre conscience de la valeur de l’eau, il est nécessaire de « souligner sa valeur auprès de l’ensemble des acteurs du territoire au travers d’une stratégie d’économie d’eau ». Selon le Cerema, les communes sont les acteurs clés « pour faire émerger une gestion intégrée et démocratique de l’eau ».
Accumulation de mesures pour une stratégie efficace
Mais quelle stratégie adopter ? « Certaines sont peu coûteuses », indiquent les auteures de l’Essentiel. Parmi les mesures les plus « faciles » à réaliser on retrouve l’installation de compteurs pour suivre les consommations d’eau, l’équipement des bâtiments publics en systèmes hydro-économes ou encore l’accompagnement pour équiper les habitations en systèmes hydro-économes (mousseurs, réducteurs de débit, etc.).
Lutter contre les fuites est évidemment une priorité. Pour mémoire, environ un litre d’eau potable sur cinq est perdu, à l’échelle nationale, à cause des fuites sur les réseaux. « C’est l’équivalent de la consommation des sept plus grandes villes du pays (soit un milliard de mètres cubes) qui est perdu chaque année », comme le rappelait Maire info en juin 2023. L’année dernière, plusieurs sénateurs avaient exhorté le gouvernement à mettre en place un « Fonds bleu », sur le modèle du Fonds vert, pour aider les collectivités face à cette problématique des fuites (lire Maire info du 13 novembre 2024). Mais cela ne semble pas être la priorité du gouvernement. Dans le contexte actuel de disette budgétaire, le Fonds vert, qui s’élevait à 2,5 milliards d’euros en 2023, n'atteint désormais dans le projet de loi de finances pour 2026 plus que 650 millions d’euros.
Le Cerema encourage aussi les collectivités à envisager les eaux non conventionnelles pour limiter les prélèvements. Un arrêté a d’ailleurs été publié il y a quelques jours fixant les règles en matière de réutilisation des eaux usées traitées pour le nettoyage de la voirie (lire Maire info du 7 octobre).
Le Cerema invite plus largement les collectivités à initier une stratégie fondée sur ces « multiples mesures » permettant « de mesurer la situation du service municipal de l'eau et de partager la vision du futur de la gestion de l'eau avec tous les acteurs. » En mettant en place plusieurs mesures, la ville de Mérignac a par exemple réussi sur 20 années à réduire de 45 % sa consommation d’eau pour les espaces verts et de 20 % dans les bâtiments municipaux, ce qui représente une économie d’eau cumulée d’environ 1 million de m3. Recrutement d’une économe de flux, état des lieux et suivi des compteurs d’eau, mise en place de « fiche individuelle compteur », installation de récupérateurs d’eau de pluie après un travail de réduction des surfaces d’espaces verts à arroser, distribution gratuite de plus de kits hydro-économes aux habitants : les efforts de la collectivité ont fini par payer.
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