Politiques culturelles : les budgets culturels des collectivités restent stables
Par Lucile Bonnin
La stabilité budgétaire en fonctionnement domine pour l’ensemble des grandes catégories de collectivités entre 2023 et 2024. C’est ce que montre l’Observatoire des politiques culturelles (OPC) dans son dernier baromètre 2024 publié hier.
Ce sont ainsi les retours de 13 régions, 68 départements, 73 communes de plus de 50 000 habitants (dont 23 communes de plus de 100 000 habitants et 50 communes de moins de 100 000 habitants), 45 intercommunalités (dont 19 métropoles, 3 communautés urbaines et 23 communautés d’agglomération) et 3 collectivités d’outre-mer qui ont permis de dresser ce panorama des budgets dont disposent les collectivités « pour mener à bien leur politique culturelle ».
La situation des communes « plus favorable cette année »
Même si, pour l’ensemble des collectivités territoriales, « on constate moins d’augmentations des budgets primitifs culturels de fonctionnement (hors masse salariale) entre 2023 et 2024 qu’au cours de la période précédente » , la tendance générale est à « relativiser au regard de certaines évolutions plus favorables déclarées par le bloc local (communes et intercommunalités) et de son poids prépondérant dans les dépenses culturelles ».
La stabilité budgétaire en fonctionnement domine certes, mais des disparités sont constatées. « La situation est plus dégradée pour les régions (plus de deux fois plus de baisses) et pour les départements, peut-on lire dans l’étude. La part des départements qui baissent leurs budgets de fonctionnement a en effet doublé (de 9 % dans le baromètre 2023 à 20 % dans l’enquête 2024) et celle des départements qui les augmentent est passée de 49 % à 27 % ».
Mais du côté des intercommunalités et des communes on remarque davantage d’augmentations : « La situation des communes de plus de 50 000 habitants, relativement dégradée sur la période précédente, est plus favorable cette année : la part des communes qui indiquent baisser leur budget primitif culturel de fonctionnement est passée de 34 % dans l’enquête 2023 à 21 % cette année. C’est une indication importante au regard de la structuration budgétaire des politiques culturelles puisque le bloc local représente environ 80 % des dépenses culturelles des collectivités territoriales, devant les départements (12 %) et les régions (9 %). »
Par ailleurs, les régions et les communes sont les catégories qui déclarent le plus d’augmentations en investissement.
Emplois culturels et subventions aux associations
Les budgets de fonctionnement évoluent aussi selon le domaine de politique culturelle. Par exemple, « 38 % des communes indiquent augmenter leur soutien aux festivals/événements. » Autre donnée importante : si au niveau des départements, les baisses impactent un peu moins souvent certaines compétences obligatoires (livre et lecture, enseignement artistique), au niveau des communes « ce sont les enseignements artistiques qui doivent le plus fréquemment composer avec des baisses budgétaires. »
Concernant l’évolution des emplois culturels, les communes de 50 000 à 100 000 habitants ont une situation plus instable que les autres catégories territoriales : « C’est dans ces communes que l’on trouve à la fois le plus fort taux de baisses et le plus fort taux de hausses déclarées du nombre d’emplois culturels. »
Pour les subventions versées aux associations, les baisses de subventions émanant des départements sont deux fois plus nombreuses cette année par rapport à la période 2022-2023 (21 % contre 10 %). « À l’inverse, la situation semble s’améliorer – avec plus de hausses – au niveau du bloc local (communes et intercommunalités) ; faut-il y voir le signe d’une proximité plus marquée entre l’exécutif et les acteurs subventionnés ? », écrivent les auteurs.
Démocratie culturelle et transition écologique
La politique culturelle n’est pas appréhendée de la même manière selon l’échelon territorial. L’étude pointe que « les registres d’accès, d’offre et d’éducation-jeunesse dominent les choix culturels des exécutifs locaux » à l’échelle communale, « bien que la philosophie d’action de la démocratie culturelle y soit plus affirmée que dans les autres niveaux de collectivités » . Les auteurs indiquent que, « comme en 2023, il s’agit de la catégorie de collectivité où la palette des registres prioritaires de politiques culturelles investis est la plus large : autrement dit, l’échelon communal apparaît comme étant le plus généraliste et le moins focalisé sur tel ou tel registre d’action. »
Le baromètre s’intéresse aussi pour la première fois aux problématiques liées à la transition écologique. La place accordée aux enjeux de transition écologique est jugée plus prépondérante pour les communes de plus de 100 000 habitants. De plus, « 18 % des collectivités confient n’avoir pas mis en place de démarche spécifique ». Cependant, celles qui l’ont fait ont privilégié les mesures de sobriété énergétique, devant les concertations avec les acteurs culturels du territoire et la formation des agents.
« Contexte financier dégradé »
« La situation budgétaire globalement stable qui ressort du baromètre 2024 n’enlève rien aux difficultés financières éprouvées par les milieux culturels, du fait notamment des flambées inflationnistes de ces dernières années que ne parviennent pas à compenser les évolutions des dépenses des collectivités dans ce domaine » , indiquent les auteurs.
Plus précisément, plusieurs directeurs et directrices des affaires culturelles (DAC) sondés ont des perspectives pessimistes pour l’avenir. « Certains évoquent des adaptations nécessaires face aux contractions budgétaires, notamment à travers la reconfiguration ou l’arrêt de certains dispositifs de soutien : "La légère baisse du budget a été possible de façon assez neutre grâce à des dispositifs qui arrivaient à échéance" ; "Un grand nombre de dispositifs ont été baissés ou suspendus. L’effet sur l’emploi n’est pas encore tangible, mais devrait se faire sentir au gré des départs (objectif annoncé de baisse de la masse salariale)." »
« Comme le soulignent plusieurs responsables culturels, un maintien du budget revient, avec l’inflation, à faire moins d’actions et ne compense pas la hausse des charges, par exemple dans l’économie du spectacle vivant (cachets artistiques, dépenses énergétiques...). »
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