Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux

Édition du mardi 28 janvier 2025
Politique de la ville

Pour Ville et banlieue, les banlieues ne sont (toujours pas) le problème, mais la solution 

Budget 2025, comité interministériel des villes, Printemps des quartiers, etc.,… L'association Ville et Banlieue relance la mobilisation en faveur des quartiers. Entretien avec son président, Gilles Leproust, au lendemain de la présentation de la feuille de route de l'association pour 2025 et d'une première rencontre avec la ministre chargée de la Ville.

Par Emmanuelle Stroesser

« Il ne peut y avoir de politique efficace dans les quartiers si le droit commun de tous les ministères n'est pas présent dans nos territoires » , prévient Gilles Leproust. L'inquiétude est donc majeure compte tenu « des réductions de crédits dans quasiment tous les secteurs » , pointe le président de Ville et banlieue, particulièrement « furieux »  que la culture et le sport ne soient pas épargnés, « un comble six mois après les Jeux Olympiques ! ». « Alors que l'on sait que ce sont des éléments moteurs pour soutenir l'émancipation des habitants des quartiers, jeunes et moins jeunes ». 

C'est l'un des points sur lequel la délégation reçue par Juliette Méadel, ministre chargée de la Ville, jeudi 23 janvier, a bien sûr insisté. 

Les élus sont repartis avec une promesse de la ministre : « les lignes cibles – sur la dotation de solidarité urbaine, les colo apprenantes, les opérations Quartiers d'été, etc,. seront relativement préservées, avec une baisse de 3 % des enveloppes » . Sans plus de détails. 

Arbitrages cette semaine sur le budget 2025 

L'État prévoyait dans la version initiale du projet de loi de finances 2025 une ligne de crédits de 549 millions d'euros sur le « programme 147 »  de la politique de la ville. En baisse de 14 % par rapport aux 639,5 millions de la loi de finances 2024. Le 23 janvier, le Sénat a rehaussé l'enveloppe de 50 millions d'euros (à 599,5 millions), grâce à l'adoption de plusieurs amendements de l'opposition pour augmenter la participation de l’État au programme de renouvellement urbain NPNRU (+ 50 millions), au dispositif Adultes relais et aux cités éducatives ( + 5 millions chacun). Tout reste à confirmer dans la version définitive du budget, qui passera entre les mains de la commission mixte paritaire réunissant députés et sénateurs à partir du 30 janvier. 

Un retard préjudiciable pour les quartiers

Que ce soit à Allonnes (Sarthe), la ville dont Gilles Leproust est maire, ou dans les autres communes de l'Hexagone signataires d'un contrat de ville (tous ont été signés fin 2024), l'heure est donc à la « grande prudence »  dans la programmation budgétaire. Dans les outremers, les communes doivent renouveler leur contrat de ville cette année mais les financements prévus en 2024 sont prorogés. « J'ai fait préparer un budget d'Allonnes légèrement inférieur à l'an passé, et nous verrons si nous pourrons remonter la barre avec un budget modificatif une fois le budget 2025 disponible » , explique Gilles Leproust. « Personne ne sait faire mieux ou aussi bien avec moins de moyens, dont il y aura forcément des projets retardés, des services réduits, etc. » , craint-il. « La précarité, les difficultés de fin de mois sont toujours aussi prégnantes dans nos quartiers. Ce sera forcément douloureux si on doit rabaisser nos ambitions ». 

L'État doit réinvestir dans l'Anru

C'est l'autre message insistant transmis à la ministre. En partie déjà entendu du côté du Sénat mais pas encore suffisamment, estiment les maires. Depuis quelques mois, les projets de renouvellement urbain ont dû être réévalués (pour tenir compte des contraintes environnementales, de l'inflation), et l'enveloppe actuelle ne suffira pas à boucler les programmes, alerte Gilles Leproust. Les élus espèrent aussi que la réflexion en cours sur un « après Anru 2 », débouchera sur la pérennisation de l'agence « plutôt qu'un énième nouvel Anru » . L’AMF, pour sa part, rejoint cette demande et plaide pour renforcer la part du financement de l’État dans l’Anru, qui repose très largement sur les crédits d’Action Logement Autre attente, celle de la nomination, enfin, d'un nouveau président à la tête de l'agence, dont le siège reste vacant depuis plusieurs mois et le départ de Catherine Vautrin (nommée ministre). Le nom de Patrice Vergriete, maire de Dunkerque et ancien ministre du Logement, revient avec insistance pour ce poste. 

Comité interministériel de la ville en mars 

La ministre chargée de la Ville a annoncé la convocation d'un comité interministériel pour la fin mars, a priori le 26 mars. Les élus en attendent surtout « une évaluation de la façon dont se sont mises en place les décisions du dernier CIV, de novembre 2023 » , comme le fléchage du fonds vert (lire Maire info du 30 octobre 2023). Une réunion préparatoire avec les élus est dans les tuyaux pour le début du mois prochain.

Le printemps des solutions

Les élus se mobilisent davantage sur leur propre évènement, annoncé pour le 13 mars, à Épinay-sous-Sénart (91). Une sorte de « CIV off », commente en souriant Gilles Leproust, car il associera l'ensemble du bloc communal, dans la continuité de la déclaration de « mobilisation pour les quartiers populaires »  du 19 décembre co-signée par les associations d'élus (France urbaine, AMF, Ville & Banlieue, Petites villes de France, Villes de France, Intercommunalités de France et l’Amif). 

« En 2023, dans l'appel de Lyon (lire Maire info du 19 octobre 2023), nous disions que les banlieues n'étaient pas le problème mais la solution, plus que jamais il faut écouter les solutions mises en place dans nos territoires, à l'exemple des cités éducatives, aujourd'hui en voie de généralisation. Il faut multiplier ce genre de dispositifs, qui ne sont pas descendants, qui sont utiles aux habitants et qui n'obligent pas à se fondre dans un appel à projets », lâche le président de Ville et banlieue. 

L'association se tourne également vers les territoires ruraux, avec une autre manifestation, à Évreux (Eure), d'ici à la fin juin, pour faire front commun. Comme l'explique Gilles Leproust : « Nous avons des problématiques communes, sur l'accès aux services publics, la pratique du sport et de la culture ou encore la mobilité. Et nous ne voulons plus que certains s'amusent à nous opposer, nous voulons travailler ensemble ». 

Budget, CIV, Anru, Dalo… tous ces sujets seront également à l'ordre du jour de la prochaine commission politique de la ville de l'AMF, le 6 février prochain. 

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