Épidémie : l'inquiétude grandit à nouveau
Alors que le monde s’achemine, lentement, vers le chiffre d’un million de morts du coronavirus (921 000 à ce jour), les inquiétudes sont de plus en plus vives quant aux semaines et aux mois à venir – en France comme ailleurs.
Hier, on a appris qu’Israël avait décidé d’imposer un nouveau confinement national de trois semaines – c’est le premier pays au monde à le faire. En Grande-Bretagne, les rassemblements de plus de six personnes sont interdits depuis ce matin.
Signe le plus évident que l’épidémie est bien loin de régresser, au contraire : le nombre de contaminations quotidiennes au niveau mondial a atteint, hier, un record, avec 307 000 nouveaux cas en une seule journée, a annoncé l’OMS, dont plus de 94 000 aux seuls États-Unis.
Si, dans bon nombre de pays, le nombre d’infections repart à la hausse de façon exponentielle, le nombre de décès, en revanche, reste encore faible en Europe. À l’échelle mondiale, il y a à ce jour environ deux fois moins de morts du covid-19 chaque jour qu’il n’y en avait en avril (5 537 décès hier, contre 12 430 le 17 avril). Mais l’Organisation mondiale de la santé (OMS) ne se montre pas optimiste sur ce terrain non plus : « Cela va devenir plus dur. En octobre et novembre, on va avoir une mortalité plus élevée » en Europe, a déclaré ce matin Hans Kluge, le directeur de la branche européenne de l’organisation. Martin Hirsch, directeur général de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris, est allé ce matin dans le même sens, en prévoyant « un automne compliqué et un hiver qui peut être très difficile ».
Clusters dans les universités
En France, les chiffres de contamination continuent d’augmenter : samedi, ce sont 10 500 contaminations nouvelles qui ont été enregistrées. Hier, « seulement » 7 183… mais Santé publique France a fait remarquer que les chiffres étaient, depuis le début, toujours plus bas le dimanche, seulement pour des raisons de fermetures de services. La situation dans certains Ehpad devient à nouveau préoccupante, comme dans celui de Séverac, dans l’Aveyron, où 49 résidents et 20 employés ont été testés positifs, et six pensionnaires sont décédés.
Nouveau motif d’inquiétude : les universités. Celles-ci étant restées fermées entre le mois de mars et la rentrée scolaire, elles n’ont pas été touchées par l’épidémie. Mais depuis la reprise des cours, la situation se dégrade rapidement, a annoncé hier soir, dans un communiqué, la ministre de l’Enseignement supérieur, Frédérique Vidal : « plus d’une dizaine de clusters » ont déjà été identifiés dans les facultés, alors que toutes n’ont pas encore fait leur rentrée. « Plus d’une dizaine d’établissements sont confrontés à une circulation très active du virus, les amenant à suspendre momentanément les cours en présentiel », révèle la ministre, qui ne donne pas la liste de ces clusters, mais appelle « à la responsabilité de chacun ». On sait seulement ce matin, par France bleu Armorique, que 43 cas ont été détectés à l’université Rennes 1.
Situation préoccupante à Marseille, Bordeaux et en Guadeloupe
Le Premier ministre, dans une allocution, vendredi, qui a surpris par le peu d’annonces qu’il y a faites en dehors du passage annoncé de la période d’isolement de 14 à 7 jours, a révélé que 42 départements étaient à présents classés rouge. Il a pointé une situation particulièrement préoccupante dans les métropoles de Bordeaux et de Marseille ainsi qu’en Guadeloupe, annonçant avoir demandé aux préfets des départements concernés de lui présenter des mesures dès ce lundi matin. Jean Castex s’est montré fidèle à sa doctrine, estimant que les mesures « ne doivent pas se décider depuis Paris, dans l’idée de s’appliquer partout, au même moment et de la même manière ». Ce sont donc les préfets, « en lien avec les élus locaux », qui déclencheront « des mesures supplémentaires de réduction des risques ».
Si, à l’heure où nous écrivons, ces mesures ne sont pas connues pour les trois territoires concernés, le président de la région Paca, Renaud Muselier, a annoncé hier soir avoir proposé au préfet la fermeture des plages et des parcs à 20 heures à Marseille et autour de Marseille, et « l’interdiction des fêtes de mariage ».
Seule certitude : le gouvernement écarte pour l’instant toute idée de reconfinement général du pays. Bruno Le Maire, ministre de l’Économie, l’a répété ce matin sur France 2 : « C’est un scénario que je ne peux pas envisager en tant que ministre de l’Économie, parce qu’on voit bien le coût que cela a pour nos entreprises, nos commerçants et pour nous tous. » Un avis qu’il partage avec Geoffroy Roux de Bézieux, le patron du Medef, qui s’est montré particulièrement alarmant, hier, sur franceinfo : un reconfinement provoquerait, selon lui, « un effondrement de l’économie » non maîtrisable, après lequel il n’y aurait « plus d’argent pour payer la protection sociale ».
Franck Lemarc
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