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Édition du jeudi 6 janvier 2022
Petite enfance

Petite enfance : la crise sanitaire bouscule les modes d'accueil

L'Observatoire national de la petite enfance a publié son rapport 2021 en décembre dernier. Diminution des naissances, modes d'accueil très impactés par la crise sanitaire... L'activité des assistant maternels, des gardes d'enfants à domicile et la vie des familles ont beaucoup évolué ces dernières années. Bilan.

Par Lucile Bonnin

Les habitudes des familles et des professionnels de la petite enfance ont été bouleversées : c’est notamment ce que montre le rapport 2021 de l’Observatoire de la petite enfance, publié par la Caisse nationale des allocations familiales (Cnaf). 

Une offre d’accueil qui décline 

« Les modes d’accueil des enfants de moins de 3 ans sont particulièrement diversifiés en France, avec une prépondérance de l’accueil par les assistantes maternelles et les établissements d’accueil collectif (Eaje, établissement d’accueil du jeune enfant) » , est-il précisé dans le rapport. D’autres modes d’accueil sont aussi possibles comme la garde dans un établissement scolaire ou la garde à domicile. 

En 2019, ces modes d’accueil proposent des places permettant un taux de couverture de 59,8 % pour les enfants de moins de 3 ans. Ainsi, pour 100 enfants de moins de 3 ans on retrouve théoriquement 60,7 places en métropole et 30,5 dans les départements d’outre-mer (hors Mayotte). Le mode d’accueil offrant le plus de places serait alors celui proposé par une assistante maternelle employée directement par une famille (33 %).

L’enquête souligne une diminution du nombre total des places d’accueil offertes entre 2018 et 2019. « C’est la plus forte baisse enregistrée depuis 2015 » , est-il indiqué. Elle est principalement liée au recul de l’offre proposée en accueil individuel (- 1,9 % chez les assistants maternels). En revanche, les Eaje offrent 10 800 places supplémentaires par rapport à 2018.

Il est intéressant aussi de constater que la capacité d’accueil évolue d’un territoire à l’autre. Les départements du sud de la France, par exemple, ou la Corse, sont des territoires où l’accueil des petits est plus complexe. A contrario, en Bretagne et dans les Pays-de-la-Loire, les taux de couverture sont nettement supérieurs à la couverture nationale, « en offrant au moins une place à sept enfants de moins de 3 ans sur dix » .

La crise change les besoins des familles 

La situation exceptionnelle que le monde connaît actuellement n’est pas sans conséquence sur les foyers. En France, le nombre de naissances a chuté de 17 000 et on dénombre 736 000 naissances pour l’année 2020. Ce phénomène de baisse de natalité ne cesse de prendre de l’ampleur depuis six ans. Il a été accentué en décembre 2020, soit 9 mois après le premier confinement de mars 2020.

Le recours des familles aux différents modes d’accueil n’a donc pas été le même. C’est notamment durant le premier confinement que l’Observatoire décèle une chute du nombre de foyers allocataires bénéficiaires du complément du mode de garde (CMG). En juin 2020, 715 400 familles ont perçu un CMG, prestation ouverte aux familles ayant au moins un enfant de moins de 6 ans, pour le recours à une assistante maternelle.

Parallèlement à cette constatation, les micro-crèches, qui n’accueillent que dix enfants maximum (douze depuis septembre 2021), connaissent de leur côté un véritable boom. Il ressort de l’enquête qu’entre 2010 et 2020, le nombre de familles bénéficiaires d’un CMG « structure »  pour l’accueil d’un enfant en micro-crèche a considérablement augmenté, passant de moins de 3 000 bénéficiaires en 2010 à près de 51 000 bénéficiaires en 2020. 

L’accueil : une activité aussi en souffrance 

Si moins de familles ont perçu le complément de libre choix de mode de garde (Cmg), le nombre de « professionnelles actives »  a aussi baissé fortement. La chute d’activité des assistants maternels en 2020 est qualifiée « d’historique » . 8,4 % d’heures de travail en moins ont été comptabilisées. Ce sont notamment dans les régions Île-de-France (- 15 %), Rhône-Alpes (- 14 %) et Pays-de-la-Loire (- 11 %) que la diminution du volume horaire a été plus flagrante. C’est aussi une mauvaise nouvelle pour les territoires ruraux qui proposent généralement davantage de places en accueil par les assistantes maternelles que d’accueil collectif. 

Les salariées à domicile ont été encore plus touchées. Pour l’année 2020, elles ont déclaré 16,5 % d’heures en moins par rapport à 2019. « Au niveau géographique, en 2020, la garde d’enfants à domicile en emploi direct diminue pour l’ensemble des régions, à l’exception de la Guyane (+ 6,1 %) et de la Martinique (+ 1,3 %). » 

Les coûts et investissements 

En 2020, les acteurs publics ont dépensé 32,2 milliards d’euros pour l’accueil des enfants âgés de 0 à 6 ans. Ce montant se répartit entre l’accueil des enfants âgés de moins de 3 ans (14,7 milliards d’euros), essentiellement financé par la branche Famille de la Sécurité sociale, et l’accueil des enfants de 3 à 6 ans (17,5 milliards d’euros), principalement financé par le ministère de l’Éducation nationale et les collectivités territoriales. 

L’Observatoire souligne l’effort financier fait par les collectivités qui ont dépensé en 2020 10,7 milliards d’euros pour les Eaje et les écoles du premier degré. Elles « financent ainsi 20 % des sommes consacrées à l’accueil des enfants de moins de 3 ans et 44 % de celles dédiées à la tranche d’âge des 3-6 ans. » 

Entre 2019 et 2020, les dépenses d’accueil ont diminué de 2,4 %, soit 809 millions d’euros. Avec la fermeture des crèches pendant la période de confinement et la forte baisse de l’activité des assistantes maternelles, des dépenses ont été moindres et surtout la mise en place d’aides exceptionnelles par la branche Famille à destination d’établissements d’accueil du jeune enfant (712 millions d’euros) a permis de garder la tête hors de l'eau.

D’ailleurs, la Cnaf a annoncé fin décembre que les aides exceptionnelles, en cas de fermeture et de places non pourvues en établissements d’accueil du jeune enfant (Eaje) et en maisons d’assistants maternelles (Mam), étaient prolongées jusqu’au 31 juillet 2022.

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