Crèches : manifestation contre la réforme des modes d'accueil
Une quarantaine de rassemblements étaient également prévus partout en France, à l’appel du collectif « Pas de bébé à la consigne », pour protester contre cette réforme qui doit être finalisée cette semaine et entrer en vigueur à la rentrée de septembre (lire Maire info du 16 décembre 2020).
Des manifestations étaient annoncées dans des grandes métropoles comme Lyon, Marseille, Nantes, Bordeaux ou Toulouse. Mais également dans de petites villes comme Sens, sous-préfecture de l’Yonne, où une quarantaine de personnes s’étaient rassemblées, a indiqué à l’AFP l’une des participantes.
Crèches fermées
« Pour l’occasion, on a fermé notre établissement pour la journée. Les parents nous soutiennent », explique Sylvaine, 43 ans, qui dirige une micro-crèche dans un petit village de la Nièvre et a fait 200 km aller-retour avec quatre collègues pour faire part de sa « colère » et de son « épuisement ». À l’avenir, explique-t-elle, une micro-crèche comme la sienne pourrait devoir accueillir 12 enfants au lieu de 10, avec un nombre d’adultes inchangé.
Car la réforme prévoit entre autres de modifier le taux d’encadrement des enfants : ce taux est actuellement d’un adulte pour cinq bébés qui ne marchent pas, et d’un pour huit enfants qui marchent. Avec la réforme, les gestionnaires de crèches auraient la possibilité d’adopter plutôt un taux unique d’un pour six, quel que soit l’âge des bambins.
« Toutes les recherches montrent qu’il faudrait une adulte pour cinq bébés, voire une pour quatre », s’indigne Birgit Hilpert, porte-parole du collectif « Pas de bébé à la consigne ». « Le gouvernement va à l’encontre des recommandations des spécialistes de la petite enfance », ajoute-t-elle.
Baisse de la qualification
Le collectif dénonce également le fait que les apprentis pourront désormais compter comme 15 % du taux d’encadrement, ce qui entraînera une « baisse de la qualification de façon indirecte », selon Birgit Hilpert.
« On ne peut pas brader nos diplômes, que ce soit pour les auxiliaires de puériculture ou les éducatrices de jeunes enfants », souligne également Maryvonne, une des éducatrices rencontrées dans la manifestation parisienne.
Parmi les slogans affichés sur les pancartes des manifestants, on pouvait lire : « Super promo: plus de bébés, moins de pro », ou encore « Les bébés ne sont pas des sardines », en référence à la possibilité prochaine d’accueillir 15 % d’enfants supplémentaires chaque jour.
« Les bébés ont besoin d’espace pour apprendre à marcher », affirme Chloé, mère d’un enfant de 14 mois. « C’est lors de leurs premières années en crèche, où ils commencent tout juste à être séparés de leurs parents, qu’ils ont le plus besoin de personnels qualifiés », poursuit-elle.
Une délégation a été reçue par un conseiller du secrétaire d’État chargé de l’Enfance, Adrien Taquet, mais la réunion n’a pas permis d’avancée notable, et le collectif organisera une « nouvelle mobilisation probablement dans quelques semaines », selon Birgit Hilpert.
Cette réforme, mise en œuvre via une ordonnance et des décrets, comprend d’autres mesures, comme le contrôle des antécédents judiciaires de tous les professionnels au contact des enfants, ou encore l’accès à la médecine du travail pour les assistantes maternelles, a souligné auprès de l’AFP le cabinet d’Adrien Taquet.
Elle vise à créer des règles « plus simples, mieux acceptées et mieux appliquées », a souligné le secrétaire d’État dans un message adressé mardi aux professionnels. Car le « statu quo » était devenu « intenable », a-t-il ajouté. (AFP)
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