Crèches : le grand chambardement ?
Par Emmanuelle Stroesser
Il est temps de repenser un système « à bout de souffle » , incapable de répondre à l'objectif posé en début de quinquennat, à savoir la création de 30 000 nouvelles solutions de garde d'enfants. Le constat posé est radical. La solution doit l'être tout autant selon le président. Car c'est selon lui « un problème à la fois pour la lutte contre la pauvreté et pour l'éducation de nos enfants, c'est un problème pour l'égalité femmes-hommes et c'est un problème pour la natalité française » (1).
Un système aujourd'hui « à bout de souffle »
Aujourd'hui, « 20% des parents n’obtiennent pas de mode d’accueil », « plus de 160 000 ne reprennent pas le travail faute de solution de garde pour leurs enfants » . Il manquerait « 200 000 places » . Et ce « malgré un investissement de 15 milliards d’euros » met en balance Emmanuel Macron, mais sans préciser la période de référence de ce montant global.
Ce système a « été efficace » pour « permettre aux mères de reprendre leur travail dès la fin de leur congé maternité, reposant sur le libre choix des parents entre de l'accueil individuel ou collectif » . Mais cela s'est arrêté « dans les années 2000 » . Depuis, les objectifs fixés par l’État et la CNAF tous les 4/5 ans dans les conventions d'objectifs et de gestion ont été laborieux à atteindre. La COG qui se termine cette année se soldera sans doute par un bilan sévère, soit à peine la moitié de ce qui était prévu...
L'urgence d'un chef de file
Face au système actuel jugé « trop éclaté, complexe, devenu trop lent, mais surtout facteur d’inégalités territoriales, difficiles à conjurer et à expliquer aux citoyens » , le président propose « un nouveau système » , « plus clair, plus centré sur la réponse directe aux besoins des parents » , avec « un véritable droit à la garde d’enfants » . Cela doit se traduire « par un mode d'accueil individuel ou collectif accessible pour tous les parents, avec une indemnisation en cas d’absence de solution ».
L'un des points faibles souligné par le président tient à ce que « personne ne se sent pleinement responsable » . La désignation d'un « chef de file, responsable de cette politique d’accueil du jeune enfant, au plus près du terrain » semble le virage à prendre pour que les futurs objectifs ne « restent pas incantatoires » .
Réflexions engagées
Créer un service public de la petite enfance. L'idée n'est pas nouvelle. Elle fait son chemin depuis des années. Le gouvernement a lui commencé à « poser des jalons » pour reprendre le vocabulaire du gouvernement. Le Conseil économique et social a été missionné par le Premier ministre pour y réfléchir. Ses propositions doivent être « bientôt » rendues, indique l'instance.
Du côté des maires, l’AMF souhaite être auditionnée par le CESE dans le cadre de ces travaux, compte tenu du rôle majeur joué par les maires en matière de petite enfance, les communes étant gestionnaires de plus de 70 % des crèches.
Le débat sera sans doute ouvert à l'occasion du prochain groupe de travail petite enfance de l'AMF, lundi prochain (17 janvier). « Nous n'avons ni recul ni éléments suffisants pour nous prononcer pour l'heure, mais nous sommes prêts à en débattre » , commente Clotilde Robin, co présidente du groupe de travail. Les élus ont en revanche un point de vigilance, l'aspect financier, et une alerte répétée : la pénurie de personnel. Ce sera le point principal des travaux de la semaine prochaine.
(1) Seuls 5 % des enfants des classes populaires en bénéficient, contre 20 % des enfants des classes favorisées.
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