Un livre blanc pour lutter contre la dénutrition des personnes âgées
Par Emmanuel Guillemain d'Echon
Le constat est simple : avec 400 000 personnes agees au domicile et 270 000 personnes en Ehpad souffrant de dénutrition, maladie qui peut mener à la mort des personnes concernées, « il est nécessaire de former les travailleurs sociaux et médicaux (aux) besoins nutritionnels » des personnes âgées, « ainsi qu’au dépistage et a la prise en charge de la dénutrition », exhorte Alim50+, association dédiée à l’alimentation des seniors qui regroupe plusieurs organisations de recherche, industriels, professionnels de santé et sociétés de restauration.
Une première étude publiée en 2020 faisait le bilan critique des formations des professionnels à l’alimentation des personnes âgées, bilan sévère puisque « très peu abordent le gaspillage, l’ergonomie ou la dimension sociale de l’alimentation a la table des personnes âgées » ; en sus, elles manquent « de ressources documentaires fiables ».
Une liste de « scénarios pédagogiques »
Dans ce livre blanc, publié mardi, il s’agit de combler ce manque et de « rédiger des scénarios pédagogiques » à destination de ceux qui composent ces formations : « directeur d’Ehpad, représentant de fédération, aidant, professionnel désirant se former ou formateur » … Il concerne donc aussi les élus et responsables d’établissements accueillants des personnes âgées.
Le livre met en avant certaines thématiques devant « impérativement » être abordées dans un cursus de formation : les effets du vieillissement sur la personne âgée, l’aspect psychologique et la notion de plaisir de manger, la santé et l’hygiène bucco-dentaire, et les situations a risque, dont les troubles de la déglutition et la dénutrition.
Pour mettre en avant l’importance de lutter contre cette dernière, les auteurs affirment que « d’aborder le coût que représente la prise en charge d’une personne âgée souffrant de dénutrition ou encore ayant développé des complications suites a une fausse route pourrait déclencher une prise de conscience quant a la nécessité de prévenir et d’éviter ces pathologies ».
Ils rappellent les indispensables « empathie et écoute active (…) pour établir des relations de confiance avec les personnes âgées, favorisant ainsi une meilleure compréhension de leurs besoins et de leurs préférences alimentaires » ; ce qui nécessite, dans les formations, un « équilibre subtil entre la dimension médicale et la dimension humaine ».
La première partie du livre blanc détaille tous les points à aborder dans une formation, comment trouver le formateur « idéal », quelles méthodes et outils utiliser dans la conception de ces sessions, où les tenir et à quelle fréquence les répéter…
Après la tenue d’un premier socle commun, le livre aborde ensuite une série de situations spécifiques, par une série de fiches pratiques très bien résumées, reprenant les points essentiels devant être abordé dans chaque type de formation. Certaines d’entre elles intéresseront particulièrement les élus, comme la nécessité de savoir adapter l’offre alimentaire en portage, service offert dans de nombreuses communes, ce d’autant plus que le nombre de seniors souffrant de dénutrition est plus important à domicile qu’en Ehpad. Pour l’un comme pour l’autre, assurent les auteurs, « il est possible, avec une bonne gestion, de proposer une alimentation goûteuse et variée », notamment en luttant contre le gaspillage alimentaire.
Parmi les autres objectifs de cette formation particulière, on trouve l’optimisation de la consommation des repas « par la présentation, le dressage et le service des plats », avec un soin apporté aux « textures, saveurs et odeurs favorisant la prise des repas ».
Des objectifs détaillés par corps de métier
Dans une troisième partie, le livre blanc liste des objectifs pédagogiques spécifiques et détaillés en fonction du public visé : personnel de la restauration et chefs cuisiniers en premier lieu, auxiliaires de vies et aides à domiciles, infirmiers, médecins, kinésithérapeutes, mais aussi prestataires de livraison de repas, et enfin directeurs d’établissements et de CCAS.
Pour le personnel de restauration et les chefs cuisiniers, il est entre autres conseillé de « connaître ses convives et leurs spécificités » : par exemple, de pouvoir « adapter la vaisselle et le nappage aux habitudes de la personne, en évitant les motifs qui viendraient perturber les personnes atteintes de la maladie d'Alzheimer », ou de « garder a l’esprit qu’on peut apprendre des personnes âgées qui ont aussi une histoire et des connaissances ». Le livre recommande également de « privilégier des cuisiniers en tant que formateurs ou en co-animation, ils sauront comment s’adresser à des collègues ».
Pour les prestataires de livraison de repas, les auteurs suggèrent de « veiller a l’adéquation des repas avec l’appétit, les préférences, les alimentations thérapeutiques, etc. et faire remonter l’information en cas d’incohérence », ou de « prendre le temps de dialoguer avec personne âgée pour suivre son état général ».
Enfin, le livre blanc conclut par « l'importance de mettre en place des formations en présentiel, proposées pendant le temps de travail et reparties en plusieurs journées », ainsi que la mise en place « d’activités interactives ».
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