Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux
Édition du vendredi 23 juin 2023
Jeunesse

Permis, logement, lutte contre le harcèlement : les annonces du gouvernement pour la jeunesse

Dans le cadre des Rencontres jeunesse de Matignon, la Première ministre a présenté une série de nouvelles mesures qui concernent directement la jeunesse.

Par Lucile Bonnin

Cette semaine a eu lieu la restitution des travaux qui ont été menés au cours de cinq rencontres entre 500 jeunes, la Première ministre et d’autres membres du gouvernement. Ces Rencontres jeunesse de Matignon qui se sont tenues depuis le mois de janvier dans le cadre du Conseil national de la refondation, ont permis de construire « des mesures qui viennent de la jeunesse » , selon la Première ministre Élisabeth Borne. 

Une feuille de route a donc été présentée mercredi, comprenant des annonces qui visent à faciliter la vie quotidienne des jeunes, à encourager leur engagement citoyen et à préparer leur avenir professionnel. La lutte contre le harcèlement scolaire a aussi été identifiée comme une priorité pour la rentrée à venir. 

Principales mesures 

L’annonce qui a eu le plus de retentissement médiatique est celle concernant le permis de conduire. La Première ministre, a annoncé en effet que « pour faciliter la mobilité des jeunes et leur insertion professionnelle et sociale »  l’âge du permis allait être abaissé à 17 ans, et ce dès le 1er janvier 2024. Elle a qualifié cette mesure de « vrai plus »  pour les jeunes en apprentissage notamment. L'aide de 500 euros versée aux apprentis pour financer leur permis sera en outre élargie aux élèves des lycées professionnels. 

En matière de logement, la Première ministre a annoncé le lancement d’un « plan d’urgence de réhabilitation des résidences universitaires dégradées » . Concrètement, 12 000 logements étudiants devraient être rénovés d’ici 3 ans. 

« Pour aider les étudiants boursiers en Outre-mer à faire face à un coût de la vie bien plus élevé qu’en métropole, un complément de bourse de 30 euros par mois sera mis en place dès l’année universitaire 2023-2024, peut-on lire dans le dossier de presse. Cette aide viendra en complément de la revalorisation mensuelle de 37 euros par mois déjà annoncée en mars dernier, soit des mensualités de bourses s’échelonnant de 175 à 663 euros par mois pour les boursiers en Outre-mer. » 

Enfin, en matière d’éducation, il a été annoncé que « dès la rentrée scolaire prochaine, le gouvernement mettra en place des temps réguliers de découverte des métiers, notamment des filières vertes, dès la classe de 5e ». À noter aussi que sera mis en place en 2024 « un outil en ligne pour développer et évaluer les connaissances et compétences vertes à la fin du collège ». « L’école doit désormais faire de la transition écologique une priorité » , a déclaré il y a quelques jours le ministre de l’Éducation nationale, Pap Ndiaye.

Incitation à l’engagement

Une grande partie des annonces porte sur l’engagement citoyen de la jeunesse. D’abord, le gouvernement prévoit la mise en place d’une « carte jeune engagé »  accessible dès l’automne 2023.

« Cette carte permettra à des jeunes de bénéficier de réductions chez des entreprises partenaires (Boulanger, Deezer, etc.) »  et concernera « 500 000 jeunes qui n’ont pas le statut d’étudiant et sont engagés par exemple en service civique, Contrat d’engagement jeune (CEJ), école de la deuxième chance ou Épide »  (Établissement pour l'insertion dans l'emploi).

D’autre part, pour « encourager et motiver les jeunes à s’engager » , le gouvernement va donner un « pass train d’un mois pour tous les jeunes entre 18 et 20 ans qui s’engagent dans le Service national universel (SNU), le service civique ou d’autres formes d’engagement. Il sera disponible, à partir de 2024, sur demande des jeunes concernés » . Pour rappel, le gouvernement souhaite généraliser le SNU dans les années à venir selon des modalités qui restent pour l’heure encore floues (lire Maire info du 16 mars)

Enfin, le ministre de l'Éducation nationale, Pap Ndiaye, a annoncé hier que le temps consacré à l'enseignement moral et civique sera doublé dès la rentrée 2024 expliquant qu’il va y avoir une « refonte des programmes »  pour cet enseignement. L’éducation aux médias sera notamment étudiée. 

Le gouvernement va aussi mettre en place dès la rentrée un plan pour lutter contre le harcèlement scolaire. Parmi les mesures de ce plan, le ministre a évoqué « la possibilité pour des élèves harceleurs en primaire d'être déplacés, plutôt que les élèves harcelés » . Il sera également « demandé aux chefs d’établissement de saisir de manière immédiate et systématique le procureur de la République, pour tout signalement d’une situation préoccupante » . Enfin, l’ensemble des personnels de l’Éducation nationale sera formé à la question via un programme de formation sur 4 ans. 

Des insatisfactions du côté des syndicats 

Du côté des syndicats représentant la jeunesse, les réactions sont mitigées. L’Union nationale pour l’habitat des jeunes (Unhaj) regrette « le flou des annonces multiples »  et demande que ces dernières « fassent l’objet d’un véritable portage politique global concernant les politiques de jeunesse et celle de l’habitat des jeunes en particulier, avec des précisions et outils concrets au service des objectifs annoncés, qu’elles soient mises à l’ordre du jour d’un comité interministériel et que l’ensemble des parties prenantes puissent passer à l’action ». 

N’oublions pas par ailleurs qu’en mai dernier, un certain nombre d’étudiants ont été informés d’une possible réquisition des logements Crous étudiants pendant l’été 2024 à l’occasion des Jeux olympiques. Alors que la polémique enfle, le gouvernement assure de son côté que « si un résidant souhaite pouvoir continuer d'être hébergé pendant l'été, il a la garantie de l'être pour le même loyer » , sans apporter davantage de précision. La question du relogement des étudiants lors de la rénovation des résidences vieillissante annoncée cette semaine n’a d’ailleurs pas non plus été développée pour le moment. 

Enfin, l’Union nationale des étudiants de France (Unef) regrette de son côté le montant « largement insuffisant »  du complément de bourse pour les étudiants d’outre-mer. Le syndicat plaide pour un complément de 100 euros par mois et par échelon « afin de pouvoir lutter contre la précarité étudiante qui est d’autant plus important dans ces territoires ». 
 

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