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Édition du mardi 17 septembre 2024
Patrimoine

Patrimoine : 136,8 millions d'euros engagés en 2023 pour les monuments des collectivités

Alors que ce week-end auront lieu les Journées européennes du patrimoine partout en France, le ministère de la Culture publie le bilan de la conservation des monuments historiques pour l'année 2023. Au total, 284,5 millions d'euros ont été engagés par l'État.

Par Lucile Bonnin

En 2021 et 2022, les dépenses engagées par l'État pour la conservation des monuments historiques étaient de 249,6 millions d’euros et 247,1 millions d’euros. L’année 2023 atteint un record puisque 284,5 millions d'euros en autorisations d'engagement ont été octroyés par l’État cette année-là. 

L’effort financier de l’État pour ces dépenses de conservation des monuments historiques est en constante augmentation depuis plusieurs années. En 2016 par exemple, les crédits affectés s’élevaient à 87,7 millions d’euros – soit plus de trois fois moins que l’année dernière. 

Cette hausse s’explique notamment par une prise de conscience sur « la nécessité de renforcer le niveau de sécurité »  des monuments et notamment des 87 cathédrales appartenant à l’État depuis l’incendie de la cathédrale Notre-Dame de Paris en avril 2019, puis celle de Nantes en juillet 2020. Les crédits de l’État alloués à ces grands travaux ont été débloqués dans le cadre du plan de Relance après la crise sanitaire. 

49 % des crédits alloués aux monuments des collectivités 

Rappelons que l’aide de l’État, par l’intermédiaire des directions régionales des affaires culturelles (Drac), passe par plusieurs axes : le soutien aux communes à faibles ressources financières à travers le fonds incitatif pour le patrimoine (FIP) ; le soutien au patrimoine de proximité en péril ; et la conservation, la restauration et la sécurité des édifices affectés au ministère de la Culture, notamment les 87 cathédrales propriété de l’État.

Au total, en 2023, 136,8 millions d’euros ont été alloués pour des opérations sur immeubles classés ou inscrits au titre des monuments historiques appartenant aux collectivités, soit 49 % du total des dépenses engagées par l’État. Pour le reste, la part allouée aux monuments historiques de l’État s’élevait à 104 millions d’euros (37 % du montant total) et celle dédiée aux monuments propriétés de personnes privées était de près de 40 millions d’euros (soit 14 % des crédits). 

Cette répartition est plutôt cohérente sachant que 51 % des monuments historiques français appartiennent à des communes, selon les chiffres du ministère de la Culture.

Restauration du patrimoine religieux 

Parmi les montants engagés par les Drac en 2023 (271 millions d’euros pour les immeubles protégés et 10 millions pour les objets mobiliers protégés), 42 % concernent le patrimoine religieux. Cette part s’élevait à 56 % en 2022. Par ailleurs, 84 % des crédits servent à la restauration, 11 % à l’entretien, 4 % à l’étude et 1 % à la mise en valeur. 

Alors que la région Grand-Est arrive en quatrième position dans le classement des régions dotées du plus d’immeubles protégés au titre des monuments historiques, c’est pourtant elle qui a bénéficié de 14 % de l’ensemble des crédits – devant la Nouvelle-Aquitaine (11 %) et l’Occitanie (9 %). 

Enfin, il est indiqué que Fonds incitatif pour le patrimoine (FIP) a permis d’accompagner plusieurs centaines d’opérations qui sont « pour la grande majorité, des édifices religieux (84 %), appartenant à des communes (94 %) ». Plus spécifiquement, 77 % des projets concernent des communes de moins de 2 000 habitants. 

Il est précisé dans ce bilan que le FIP va poursuivre « sa montée en puissance »  en 2024 « face à l’engouement qu’il suscite auprès des communes et des régions ». Cette année en effet, le fonds est doté de 2 millions d’euros de plus que celui de 2023 qui était de 18 millions d’euros. 

Rappelons que la Cour des comptes dans un rapport publié en juin 2022 soulignait les faiblesses de la politique de l'État en faveur du patrimoine monumental. SI l’effort financier est à saluer, selon les magistrats de la rue Cambon, les enjeux restent nombreux et les moyens mis en œuvre dispersés. La Cour soulignait notamment qu’il existe « de fortes disparités entre les régions »  et que « les initiatives de stratégie thématique des Drac ne devraient pas dispenser le ministère de travailler à un cadrage stratégique national en matière de protection, aussi bien par grands thèmes que pour définir les tâches prioritaires. »  (lire Maire info du 23 juin 2022). 

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