Édition du vendredi 13 décembre 2002
Par la publication de palmarès, «la presse contribue ainsi directement à la stigmatisation des territoires jusqu'à leur exclusion», estime un universitaire lors de la Rencontre nationale des agences d'urbanisme
Lors de la 23e Rencontre nationale des agences durbanisme, organisée jusquà ce vendredi à Marseille, sur le thème «Territoires en quête d'images - Les ressorts de l'attractivité», Didier Paris, professeur à l'université de Lille 1, a stigmatisé les palmarès des villes et des régions - labels, pavillons bleus pour les plages, villes où lon vit le mieux, etc.- publiés régulièrement par la presse.
Les classements des villes par la presse, a-t-il expliqué, apparaissent au milieu des années 1970. Cest à la fin des années 1980, début des années 1990 quils prennent un grand essor, la compétition entre les villes, et de façon plus générale, entre les territoires, sintensifiant. Par leur démarche globale, les classements de villes rendent compte dune nouvelle approche : il sagit didentifier des lieux (les villes) qui offrent à la fois le travail et la qualité de vie à travers lenvironnement (en gros le paysage), les loisirs, la culture et autres éléments standards de ce qui, dans nos représentations mentales, constitue la qualité de vie.
En 2002, explique encore Didier Paris, «les palmarès sont un produit éditorial à succès qui peut être destructeur pour les villes ou les territoires régulièrement mal classés. La presse contribue ainsi directement à la stigmatisation des territoires jusquà leur exclusion, parfois. Le «lecteur-habitant» se construit une image dévalorisée de son territoire et donc de lui-même, lacteur politique, et derrière lui le technicien, voient régulièrement leurs efforts annihilés. Ce qui peut apparaître injuste car, la nécessité incitant à l'action, ces villes et ces territoires sont souvent au cur de linnovation urbaine et sociale.
En définitive, derrière ces palmarès, juge-t-il encore, «lidée sous-jacente est que le bonheur de lindividu est un produit normé et quhabiter à tel ou tel endroit provoque immanquablement du bien-être, voire le bonheur dans la ville rêvée».
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