Référendum en Nouvelle-Calédonie : « Les deux drapeaux sont sur la table »
À la question « Voulez-vous que la Nouvelle-Calédonie accède à la pleine souveraineté et devienne indépendante ? », les Néo-Calédoniens ont répondu « non » à 56,4% - 43,6% ont voté « oui » - dimanche 4 novembre, selon des résultats encore provisoires publiés sur le site du Haut-commissariat de la République en Nouvelle-Calédonie (en téléchargement ci-dessous). « Les deux drapeaux sont sur la table », selon Éric Gay. Pour le président de l’Association française des maires de Nouvelle-Calédonie, « ce résultat confirme la volonté des Néo-Calédoniens de rester dans la République française et celle de la population kanake de vouloir s’exprimer », affirme-t-il ce matin à Maire info.
Bien qu’attendu, ce résultat est finalement plus surprenant que prévu, au moins à double titre : l’écart entre les deux camps est en effet moins net que ce que prédisaient certains instituts de sondage. La conséquence, peut-être, d’un taux de participation très élevé : plus de 80 % des Néo-Calédoniens (80,6 %) inscrits sur les listes électorales se sont déplacés pour voter.
À titre de comparaison, ils étaient 74,23 % à prendre part au vote pour approuver l’accord de Nouméa, qui prévoyait notamment le transfert de certaines compétences de la France vers la Nouvelle-Calédonie et « la pleine reconnaissance de l’identité kanake », en 1998 et 63,37 % dix ans plus tôt, dans le cadre du référendum sur l’autodétermination (Accords de Matignon).
Un nord indépendantiste et un sud loyaliste
Dans une allocution télévisée, diffusée à 13 heures hier (23 heures en Nouvelle-Calédonie), Emmanuel Macron, qui s’était jusque-là rangé derrière le principe de neutralité de l’État, a exprimé « l’immense fierté que nous ayons passé ensemble cette étape (…) La fierté pour le chef de l’État que la majorité des Calédoniens aient choisi la France. Il s’agit pour nous d’une marque de confiance dans la République et dans son avenir ».
Trente ans après que l’archipel a été le théâtre d’affrontements, sobrement baptisés « les Événements », opposant loyalistes, indépendantistes et forces de l’ordre, la chef de l'État a estimé « qu’il n’y a pas d’autre chemin que celui du dialogue » entre les Kanaks, peuple autochtone de la Nouvelle-Calédonie, et les Caldoches, population d’origine européenne. Les associations d’élus ont pris leur part. Scindée en deux au sommet de la crise en 1984, l'Association française des maires de Nouvelle-Calédonie (AFM), loyaliste, et l'Association des maires de Nouvelle-Calédonie (AMNC), indépendantiste, coopèrent aujourd’hui. « Un gros travail a été mené ces dernières années pour mettre de côté nos différences, assure Éric Gay. Nous avons nos convictions c’est sûr, mais nous nous retrouvons régulièrement pour travailler sur les sujets de la vie quotidienne, tels que la fiscalité des communes, l’eau, l’assainissement, l’urbanisme. »
Malgré les avancées promises par les textes, le clivage idéologique entre un nord indépendantiste et un sud loyaliste perdure tout de même sur le terrain. À titre d’exemple, le « non » à l’indépendance n’a recueilli que 5,55 % dans la commune de Belep (province nord) quand il atteint des sommets à Poya sud (province sud) avec 97,95 %. La quasi-intégralité de la province nord et une partie de la province des îles sont composées à 70 % ou plus de population kanake.
« Ce référendum est un galop d’essai »
Ce résultat accroché n’enterre peut-être pas tout à fait le débat sur l’indépendance de la Nouvelle-Calédonie – l’archipel est français depuis 1853. L’accord de Nouméa prévoit en effet qu’une deuxième consultation - voire une troisième - pourrait être organisée dans les deux ans qui viennent en cas de victoire du « non » au référendum du 4 novembre.
Éric Gay, maire de Mont-Dore dont la population a refusé l'indépendance à près de 72 % (71,80 %), ne la juge « pas souhaitable ». « Relancer un processus électoral paraît ahurissant. Il faut tout faire pour passer à autre chose ». Dans les colonnes du journal Le Monde, Roch Wamytan, président du groupe Union calédonienne-FLNKS du Congrès, considère, en revanche, que « ce référendum est un galop d’essai. Il y aura d’autres rendez-vous et nous comptons bien convaincre le peuple calédonien la prochaine fois ». Édouard Philippe a atterri en Nouvelle-Calédonie ce lundi avec un objectif en tête : rencontrer toutes les forces politiques, représentées au Congrès de Nouvelle-Calédonie, pour « discuter de l’avenir » de l’archipel stratégique pour la France, au regard de ses importantes réserves de nickel.
Télécharger les résultats du référendum du 4 novembre 2018 en Nouvelle-Calédonie.
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