Mayotte: poursuite de la démolition du bidonville de Talus 2 et crise de l'eau
Par F..L. avec AFP
Les démolitions ont débuté lundi matin, marquant le réel départ de l’opération sécuritaire contestée « Wuambushu » qui vise à réduire l’habitat insalubre, lutter contre la délinquance et expulser les migrants en situation irrégulière, pour la plupart venus de l’archipel des Comores voisines (lire Maire info du 24 avril).
Prévue initialement le 25 avril, la démolition de Talus 2 avait été suspendue par le tribunal administratif de Mayotte à Mamoudzou, avant que deux nouvelles décisions de justice ne donnent raison à l’État, la dernière datant de mercredi.
Le « décasage » a débuté lundi à 7 h 30 locales dans le quartier de Majicavo, sur la commune de Koungou, dans le nord de Grande-Terre, principale île du département le plus pauvre de France.
Les pelleteuses, qui se trouvaient lundi en bas du bidonville, démolissaient mardi la tôle les habitations dans les hauteurs. Des ouvriers trient les restes de Talus 2, qui sont entassés derrière de la rubalise rouge et blanche en contrebas. Le bois est placé dans un feu, près de la route, devant deux conteneurs.
Les gendarmes étaient présents en nombre tout autour de la zone. L’arrivée des machines et bennes congestionnait presque complètement la circulation tout autour vers 7 h 30 locales.
Relogement
Les services de l’État ont dénombré « 162 cases à démolir » dans ce bidonville, avait indiqué lundi le préfet, Thierry Suquet. La moitié des familles du quartier « ont été relogées », avait-il assuré. Ce qui pose la question de savoir ce que devient l’autre moitié. Plusieurs habitants relogés ont par ailleurs témoigné dans les médias de leur insatisfaction face à leur relogement – trop éloigné de leur lieu de travail, parfois dans une seule pièce pour une famille.
Au total, les autorités prévoient de détruire un millier de logements insalubres à Mayotte sur plusieurs mois.
Quant aux expulsions vers les Comores, qui avaient été suspendues pendant trois semaines sur décision du gouvernement comorien, elles ont repris la semaine dernière.
Crise de l’eau
À cette situation déjà tendue s’ajoute une difficulté supplémentaire : le manque d’eau. Depuis hier, pour faire face au manque de pluie, la préfecture a annoncé qu’il y aurait dorénavant trois coupures d’eau par semaine, puis quatre à partir de juin. Il s’agit de ce que l’on appelle à Mayotte les « tours d’eau nocturne » : l’eau sera coupée de 17 h à 7 h, dans toutes les communes, par roulement : certaines sont coupées les lundis, mercredis et samedis, d’autres les mardis, jeudis et dimanche, etc.
Cette situation est rendue nécessaire, explique la préfecture, par le niveau très déficitaire des pluies, avec un niveau des nappes et des retenues collinaires exceptionnellement bas : « La retenue de Dzoumogné est actuellement remplie à 29,7 % contre 98,5 % en 2022 à la même période. Celle de Combani est remplie à 47,1 %, contre 97,1 % en 2022 à la même période », indique le préfet dans son communiqué. Après un « échange avec les élus locaux », il a été décidé un durcissement des restrictions pour « tenter de faire face à cette situation inédite ».
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