Crise sociale en Guadeloupe et Martinique : les premières réponses du gouvernement
Par Lucile Bonnin
Sébastien Lecornu, ministre des Outre-Mer, a atterri dimanche à Pointe-à-Pitre en Guadeloupe. La fermeté exprimée lors de la réunion avec les élus guadeloupéens, sur laquelle Maire info revenait mardi dernier, a laissé place à une volonté de dialoguer.
Ce dernier devait rencontrer ce matin à la sous-préfecture de Guadeloupe, des syndicats « pour échanger sur les revendications sanitaires » . « Je ne suis pas venu ici pour incarner un État faible, mais aussi évidemment un État qui dialogue » , a-t-il déclaré aux journalistes sur place, précisant que si « la main (était) tendue, néanmoins ça reste une main de fermeté ».
Le ministre doit aussi s’entretenir ce jour avec « des élus locaux et des acteurs économiques » , comme indiqué par le ministère, et rencontrera l’intersyndicale demain en Martinique.
Obligation vaccinale repoussée au 31 décembre
Un assouplissement des mesures a été annoncé tout d’abord vendredi dernier. Le gouvernement décide donc de repousser au 31 décembre « la finalisation de la mise en œuvre de l’obligation vaccinale » pour les soignants, annoncent le ministère des Outre-mer et celui de la Santé dans un communiqué commun.
Cette décision concerne aussi bien la Guadeloupe que la Martinique où une protestation similaire s’est mise en place au sein du territoire la semaine dernière. L’obligation vaccinale devait initialement s’appliquer le 15 novembre, jour de l’appel à la grève générale en Guadeloupe.
Les deux ministères justifient ainsi cette décision : « Si la loi de la République doit s’appliquer dans tous les départements français, et donc en Guadeloupe et en Martinique, les modalités de l’application doivent être adaptées à la situation sanitaire et sociale de ces deux territoires afin, notamment, de garantir la bonne prise en charge des patients et la continuité des soins ».
Cela rejoint d’ailleurs la demande portée par l’AMF depuis le début de la crise sanitaire d’une territorialisation des décisions auxquelles doivent être associés les élus locaux afin que soient bien prises en compte les spécificités du territoire mais aussi la situation sanitaire locale.
Des échanges pour les soignants
Ce besoin de dialogue et d’écoute revendiqué par les soignants en Guadeloupe a été entendu. « Des groupes d’écoute et de dialogue » seront mis en place à partir de d’aujourd’hui pour recevoir « individuellement chaque professionnel concerné par une suspension pour non-conformité à l’obligation vaccinale » , peut-on lire dans le communiqué. En Martinique, les modalités de dialogue, d’écoute et d'accompagnement des professionnels seront similaires à celles proposées en Guadeloupe.
Modalité importante concernant cette nouvelle mesure : que ce soit en Guadeloupe ou en Martinique, pour les professionnels qui accepteront ce dispositif individualisé, « la suspension de leur rémunération sera levée pendant toute la durée de cet échange ». Pour les autres, la situation de suspension prévue par la loi restera la même.
« Ces groupes d’écoute et de dialogue s’appuieront sur une cellule d’orientation et d’appui à la mobilité pour les soignants persistant à refuser, après échanges, l'obligation vaccinale, afin de les accompagner dans une réorientation professionnelle. » Cette idée de reconversion professionnelle avait notamment été soufflée par les élus guadeloupéens lors de la rencontre avec le gouvernement la semaine dernière. Encore faut-il que le dispositif d’accompagnement proposé ici tienne ces promesses dans un délai, il faut le rappeler, relativement court.
La relance du débat sur l’autonomie
Décision stratégique pour éteindre la colère ? Retour d’un débat hors sujet par rapport aux revendications des manifestants guadeloupéens ? Pour beaucoup d’élus locaux ou de politiques, la question de l’autonomie relancée la semaine dernière n’est pas la réponse adéquate. La polémique ne cesse d’enfler.
C’est lors de son allocution diffusée sur les télévisions des Guadeloupéens vendredi dernier que le ministre a relancé cette idée : « Je n’aurai aucun tabou. Certains élus ont posé la question, en creux, de l’autonomie par rapport à son statut actuel de département ou région d’Outre-mer. D’après eux, la Guadeloupe pourrait mieux se gérer d’elle-même. Le gouvernement est prêt à en parler. Il n’y a pas de mauvais débat » , a-t-il déclaré.
Ce matin, Gérald Darmanin a apporté des précisions sur ces déclarations. Ce n’est « évidemment pas le débat sur l'indépendance. L'autonomie c'est à la fois la décentralisation pour l'Outre-mer et ça pourrait s'apparenter à un statut comme la Polynésie française qu'on a aujourd'hui » , a-t-il expliqué au micro de RMC/BFM.
Si pour le ministre la question de l’autonomie a été posée indirectement lors des échanges, il faut rappeler que, du côté d’Ary Chalus, président de la région Guadeloupe, il semblait clair qu’il fallait avant tout que « l'État puisse entendre les doléances des Guadeloupéens de manière à ce qu'on puisse travailler ensemble, et surtout simplifier les procédures » . Cette notion de communion et de collaboration renforcée entre l’État et le département semble avoir été contournée.
Le ministre a enfin salué un « accord de méthode signé cette nuit entre l’État, les élus locaux de Martinique et l’intersyndicale qui permettra l’ouverture de discussions sur les principales problématiques du territoire (santé, prix des carburants, jeunesse, transport…) » , est-il rapporté dans Sud-Ouest par l’entourage du ministre.
Suivez Maire info sur Twitter : @Maireinfo2
Nouveau protocole dans les écoles : quelques réponses mais encore beaucoup de questions
Fermeture du réseau téléphonique cuivre : un sujet central du colloque de l'Avicca
Transports publics : l'UTP demande aux candidats de « s'engager »Â