Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux
Édition du mardi 4 février 2003
Sécurité

Nicolas Sarkozy : "La police de proximité est là pour prévenir mais si elle est faite au détriment du travail d'investigation et d'interpellation, elle ne sert à rien..."

Le ministre de l'Intérieur Nicolas Sarkozy a fortement critiqué lundi, à Toulouse, ville-pilote pour la police de proximité, une certaine idée du travail de policier qui privilégierait le travail "social" dans les quartiers aux résultats, notamment en matière d'interpellations. Même s'il avait décidé de consacrer son déplacement dans la ville rose à la prévention de la délinquance, M. Sarkozy a remâché tout au long de la journée un chiffre (13%) qui l'a mis de mauvaise humeur et a valu en 2002 à l'agglomération toulousaine de finir bonne dernière au palmarès du taux d'élucidation des affaires dans les villes françaises. "Si je suis venu aujourd'hui à Toulouse, c'est parce que les choses ne vont pas bien", a-t-il lancé sur un ton sec au préfet et au directeur départemental de la sécurité publique (DDSP) de Haute-Garonne lors d'une réunion avec les délégués de quartiers. "Cette situation, je n'ai pas l'intention de l'accepter. Il faut réagir, et c'est moi qui vais mener la réaction ..." Pendant une heure, le ministre a entendu de la bouche des délégués de quartiers la complainte des victimes de l'insécurité au quotidien. Des "insultes répétées des jeunes" aux "caïds qui font la loi en toute impunité", en passant par "les affaires classées sans suite" et "les policiers absents des quartiers la nuit". Une litanie qui a servi à M. Sarkozy pour donner un coup de règle sur les doigts des policiers toulousains : "La police de proximité est là pour prévenir mais si elle est faite au détriment du travail d'investigation et d'interpellation, elle ne sert à rien..." Face au patron de la police toulousaine, Jean-Pierre Havrin, un ancien du cabinet de Jean-Pierre Chevènement en place depuis 1999 et qui n'a pas été invité à réagir, Nicolas Sarkozy a insisté : "Je ne peux pas croire qu'ici les délinquants soient plus difficiles à interpeller. Ici, il n'y a pas de problèmes de moyens, mais de priorité". Après une discussion avec les associations du quartier sensible de Bagatelle et une démonstration de hip-hop, M. Sarkozy a tenu le même discours aux policiers du commissariat du quartier de Bellefontaine. "Vous n'êtes pas des travailleurs sociaux", a-t-il lancé à un îlotier qui lui présentait un tournoi de football organisé avec les jeunes du quartier. "Les citoyens attendent d'abord de vous que vous arrêtiez les délinquants". Dans les rangs des policiers toulousains, le message de M. Sarkozy a fait quelques vagues. "Quand il y a une interpellation à faire, on la fait", a rouspété l'un d'eux après le départ du ministre. "Mais rencontrer les jeunes, ça fait aussi partie de notre travail. Sans cela, on ne luttera pas durablement contre la délinquance". "C'est vrai qu'on peut améliorer certaines choses mais le ministre a oublié tout le reste de notre travail, c'est pitoyable", s'est indigné le délégué syndical UNSA Philippe Dany. "Ce n'est pas en nous parlant sur ce ton qu'il va remobiliser les hommes. Nous sommes choqués". Des "états d'âme" que le ministre a balayés d'un revers de main. "J'espère que s'il y a matière à être choqué, c'est plus par les mauvais résultats que par mes propos", a lancé M. Sarkozy, avant de promettre de revenir à Toulouse dans six mois. Avec, il l'espère, "de meilleurs résultats". <s

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