Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux
Édition du lundi 22 juillet 2024
Numérique

Panne informatique chez Microsoft : un bug qui a paralysé de multiples secteurs dans le monde

Vendredi dernier, une panne mondiale a touché les systèmes d'exploitation Windows, entraînant des conséquences dans plusieurs secteurs. 8,5 millions d'appareils ont été perturbés par ce bug.

Par Lucile Bonnin

En fin de semaine dernière, les services de Microsoft (développeur de Windows) ont connu un dysfonctionnement qui a causé plusieurs pannes sur des millions d’appareils dans le monde. En cause : une mise à jour défectueuse, sur les systèmes d'exploitation Windows, d'un logiciel de cybersécurité informatique du groupe américain de cybersécurité CrowdStrike.

Sont alors apparus sur de nombreux ordinateurs, notamment en France, des fonds d’écran bleu accompagné d’un message d’erreur. Au total, selon l’entreprise CrowdStrike, 8,5 millions d’appareils Windows ont été bloqués par cet incident. 

Si ce chiffre peut paraître anecdotique sur les 1,4 milliard d'appareils qui utilisent Windows dans le monde, cette panne de grande ampleur qui a paralysé tous les systèmes fonctionnant sur Windows a eu des conséquences dans de nombreux secteurs. 

Transports, collectivités, entreprises 

Les aéroports et compagnies aériennes ont été les principales victimes de cette panne. En France, des perturbations ont été constatées à Roissy, Orly, Lyon et Nantes, alors que les Jeux olympiques démarrent officiellement cette semaine. Retards, suppressions de vols, impossibilité d’enregistrement : les conséquences dans les aéroports ont été multiples pour les voyageurs. La panne informatique n'a cependant pas affecté la SNCF et la RATP, selon le ministre démissionnaire des Transports, Patrice Vergriete. 

Les collectivités semblent avoir été relativement épargnées à l'exception de quelques unes. Selon Ouest-France, en Loire-Atlantique par exemple, les serveurs du département ont été touchés et « l’activité de 5 000 agents aurait été perturbée une bonne partie de la matinée » . À l’heure où nous écrivons, l’Association des maires de France n’a pas connaissance de communes qui auraient pu être touchées par l’incident. 

Les entreprises ont dû aussi faire face à ce blocage des systèmes. Selon France info, « à Maubeuge (Nord), des lignes de production d’une usine Renault ont été mises à l’arrêt depuis la fin de la matinée, même si dans l’ensemble la France a été globalement épargnée par la panne géante. »  Par ailleurs, la panne a fortement affecté les Bourses mondiales : les indices de Londres et Milan n'ont pas pu afficher leur taux de variation pendant une bonne partie de la journée. 

Retour à la normale 

Dès le samedi, « la situation est revenue à la normale dans tous les aéroports de France », a indiqué Patrice Vergriete sur X. Le pays a été relativement épargné par cette crise informatique. Plus globalement dans le monde, un retour à la normale a été observé tout au long du week-end. L’entreprise CrowdStrike indique qu’un nombre significatif d’appareils sont de nouveau opérationnels. Cependant, cet épisode sonne comme une double piqure de rappel. 

D’abord, la paralysie de tous ces secteurs prouve encore une fois que la dépendance de notre économie mondiale aux géants du numérique (Gafam) n’a jamais été aussi forte. Selon Frans Imbert-Vier, expert en cybersécurité, interrogé sur Europe 1, « ce genre d'incident très malheureux permet de se rendre compte qu'on a une dépendance absolument dingue et que notre économie est quand même très tributaire du bon vouloir de ses éditeurs. Et ça invite les grandes entreprises à ne pas mettre leurs œufs dans le même panier et à orienter leurs choix technologiques avec un peu plus de diversification. » 

Rappelons que des travaux sont menés en France sur la notion de souveraineté numérique notamment par la Commission supérieure du numérique et des postes (CSNP) (lire Maire info du 15 septembre). Par ailleurs, la loi visant à « sécuriser et réguler l'espace numérique »  promulguée cette année fait un premier pas pour garantir la souveraineté des données avec notamment l’encadrement des frais de transfert de données et de migration, le plafonnement à un an des crédits cloud, et l’obligation pour les services d'informatique en nuage d'être interopérables pour faciliter le changement de prestataire (lire Maire info du 23 mai)

Deuxièmement, cette panne rappelle que les conséquences d’un dysfonctionnement informatique peuvent être très lourdes. A l’échelle d’une commune par exemple, tous les services peuvent se retrouver à l’arrêt notamment dans le cas d’une cyberattaque. Les conséquences peuvent être variées et très pénalisantes pour les agents et administrés : une mairie peut se retrouver incapable de produire des actes de décès ou d’émettre des autorisations d’inhumer par exemple. La plupart des services étant aujourd’hui numérisés, il faut avoir conscience des vulnérabilités potentiels de ces outils et savoir qu’un bug informatique peut avoir des impacts directs sur la vie des citoyens.

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