Ftth, Rip, Amii... Le lexique pour (enfin) tout comprendre aux enjeux du très haut débit
L’Association des villes et collectivités pour les communications électroniques et l’audiovisuel (Avicca) organise, ces mardi 5 et mercredi 6 novembre, son colloque d’automne à la Cité internationale universitaire de Paris. Cinq tables rondes, aux titres plus ou moins évocateurs (« La commercialisation du Ftth sur les Rip : un modèle à part ? » ; « Engagements de déploiements privés : 100 % de complétude avec 0 % de fonds publics ? » ), sont au programme. Au cours desquelles, à n’en pas douter, les intervenants prononceront, le plus naturellement du monde, les termes Ftth, Rip, Amii ou encore Amel.
Comment s’y retrouver au milieu de tous ces acronymes et de ces sigles ? Pour vous aider à mieux comprendre leur sens, Maire info vous propose quelques éléments de définition et de contexte (non exhaustifs) des acronymes les plus fréquemment utilisés par le petit monde du très haut débit.
Le Ftth, le déploiement de la fibre optique jusqu’à l’abonné
En 2022, tous les Français, qu’ils vivent à Paris ou L’Hospitalet-du-Larzac (Aveyron), devront, selon les termes du plan France très haut débit, disposer du très haut débit (supérieur à 30 Mbits par seconde). Tous les foyers français ne seront toutefois pas logés à la même enseigne. 80 % d’entre eux - l’objectif semble réaliste selon les acteurs – auront un accès à Internet grâce à la technologie du Ftth (Fiber to the home). Très concrètement, on parle ici d'un signal lumineux qui se déplace à la vitesse de la lumière à travers un tube en verre ou en plastique et permet, entre autres, d’envoyer des fichiers numériques ou de visionner une vidéo. La « fibre optique jusqu’à l’abonné » est la technologie la plus performante : elle permet un débit jusqu’à 100 fois plus élevé que l’ADSL (réseau cuivre).
Selon les prévisions des professionnels du secteur, plus de 4 millions de prises seront déployées en 2019 (lire Maire info du 19 septembre). Au 30 juin 2019, selon l’Arcep, 15,58 millions de locaux étaient éligibles aux offres FttH, soit une hausse de 32 % en un an. 30 millions de prises sont encore à déployer d’ici 2022.
Le mix technologique pour généraliser l’accès au très haut débit
Les 20 % de Français qui ne seront pas reliés à la fibre optique jusqu’à l’abonné devront composer avec un « mix technologique » pour avoir, comme les autres, accès au très haut débit. On parle ici de technologies alternatives, telles que le Très haut débit radio (THD radio), le satellite ou la 4G fixe.
Le THD radio pourrait concerner au moins 2,2 millions de foyers et d’entreprises, surtout dans les zones rurales. Nos confrères de 01net.com ont étudié son mode d’emploi : « Le THD radio nécessite de déployer des antennes sur des points hauts, ainsi qu’une antenne plus petite sur le toit ou en façade du bâtiment à raccorder. L’utilisateur est ensuite libre de connecter ses appareils comme il le souhaite à partir d’un routeur : en filaire ou en Wi-Fi ». Le guichet cohésion numérique des territoires, doté de 100 millions d’euros, est chargé de faciliter, depuis le début de l’année 2019, le déploiement du THD radio et des réseaux hertziens chez les particuliers (4G fixe, satellite).
Réseaux d’initiative publique versus zones Amii
Le déploiement du très haut débit est organisé selon différentes zones. Il est donc nécessaire de faire la distinction entre les Réseaux d’initiative publique (Rip), portés par les collectivités, et ce que l’on appelle, dans le jargon du secteur, une zone Amii (Appels à manifestation d’intention d’investissement), dite d’initiative privée.
Dans ces zones, un ou plusieurs opérateurs privés ont manifesté leur intérêt pour déployer un réseau en fibre optique Ftth. Il s’agit généralement de zones urbaines, denses. En zone Amii, Orange (2 978 communes) et SFR (641 communes) ont respectivement couvert 55 % et 44 % de leur périmètre. Pour rappel, la première échéance des engagements porte sur au moins 92 % de locaux raccordables à fin 2020, le complément devant être « raccordable à la demande ».
À l’inverse, les projets de déploiement du très haut débit, financés par les collectivités, sont situés dans des zones moins attractives pour les opérateurs. Selon l’Arcep, le rythme des déploiements des lignes FttH dans la zone d’initiative publique est en progression marquée au deuxième trimestre 2019, avec 323 000 locaux rendus éligibles.
La société du gigabit en 2025
Dans ces zones d’initiative publique, il y aurait trois millions de foyers (25 départements selon le gouvernement, 27 selon l’Avicca), « pour lesquels l’accompagnement [vers le tout-Ftth] jusqu’en 2025 n’est pas défini » (lire Maire info du 18 octobre). 2025 est pourtant censée être l’année de l’apogée de la société du gigabit : dans six ans, ce ne sont pas 80 % mais 100 % des Français qui devront avoir accès au très haut débit via le Ftth.
Pour être à la hauteur de l’enjeu, le gouvernement a annoncé la réouverture en 2020 du guichet France très haut débit. « Dès 2020, 140 millions d’euros (économie dégagée par le plan France Très haut débit de 3,3 milliards d’euros, ndlr) seront dédiés à l’accompagnement des projets de Rip, afin de garantir à terme à tous les Français un accès à la fibre optique ». Ce « reste à faire » est estimé à 600 millions d’euros par Julien Denormandie, ministre qui suit le dossier au gouvernement. La somme avancée par le gouvernement ne paraît donc pas suffisante selon l'Avicca.
Pour rappel, le guichet France très haut débit avait été « suspendu » en décembre 2017 concomitamment au lancement des procédures Amel.
Les Amel, le dernier né
Encouragés par le gouvernement, les Appels à manifestation d’engagements locaux (Amel), justement, ont vu parfois leur image écornée sur le terrain. Sur le papier, il s’agissait « d’inviter les opérateurs à déployer les réseaux » dans les territoires ruraux afin d’accélérer la couverture numérique du territoire et de réduire les coûts pour les collectivités et par conséquent l’État. Autrement dit, une opération qui a tout du gagnant-gagnant pour les investisseurs publics et privés, que l’Avicca observait toutefois d’un œil méfiant (lire Maire info du 26 octobre 2018).
Le 14 octobre, dans nos colonnes, Sébastien Soriano, président de l'Arcep, s’est montré rassurant : « Dans les avis que nous rendons sur les Amel, nous sommes aussi très vigilants sur le niveau d’exigence de manière à ce que l’on n’ait pas dans ces zones une couverture au rabais. Dans les Amel aussi, on se situe bien dans un objectif 100 % Ftth » (lire Maire info du 14 octobre). Les Amel permettront le déploiement de 1,3 million de prises.
Ludovic Galtier
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