Numérique : des études identifient l'impact réel sur l'environnement
Par Lucile Bonnin
Pour le lancement d’une nouvelle campagne de sensibilisation sur le numérique responsable (longuevieauxobjets.gouv.fr), l’Ademe et l’Arcep ont dévoilé ce mercredi les premières conclusions de deux études autour du thème « numérique responsable ».
Ces résultats - s’ils ne sont pas surprenants - sont de véritables outils scientifiques pour alerter sur les impacts environnementaux négatifs du numérique et identifier les potentiels leviers pour les réduire.
L’impact environnemental du numérique en France
L’Arcep et l’Ademe ont reçu cette mission de la part du gouvernement en août dernier : mesurer l’empreinte environnementale du numérique et identifier « les bonnes pratiques ». Ce chantier colossal s’inscrit dans la feuille de route « numérique et environnement » , qui vise notamment « à améliorer la connaissance des différents impacts du numérique sur l’environnement » et « à les maîtriser. »
Les deux organisations ont donc dévoilé les résultats hier, en insistant sur le fait que le numérique est un secteur dont l’impact écologique est de plus en plus lourd. Il est en effet responsable de 3,5 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre « et la forte augmentation des usages laisse présager un doublement de cette empreinte carbone d'ici 2025 » , est-il précisé dans le communiqué de presse.
Concrètement, les analyses montrent que ce sont les terminaux (téléphones, ordinateurs, consoles de jeux, etc.) qui ont un impact environnemental particulièrement négatif, principalement à cause des phases de fabrication et d’utilisation. Les terminaux représentent 63,6 % et 92 % des impacts selon les indicateurs. Ils sont suivis par les centres de données (entre 4 % et 22,3 %), et enfin les réseaux (entre 2 % et 14 %).
Le reconditionnement à l’honneur
Les chiffres démontrent également que c’est la phase de fabrication qui est la principale source d’impact (78 % de l’empreinte carbone), suivie de la phase d’utilisation (21 % de l’empreinte carbone). Laure de La Raudière, présidente de l’Arcep, indique que l’étude s’attache à « mesurer l’empreinte carbone mais aussi les autres dimensions » , comme les radiations ionisantes par exemple.
Une seconde étude a été présentée sur l’impact environnemental du reconditionnement des smartphones. Résultat : les smartphones reconditionnés sont en moyenne 8 fois plus vertueux que les neufs.
L’étude précise que faire « l’acquisition d’un téléphone mobile reconditionné permet une réduction d’impact environnemental annuel de 55 % à 91 % (selon les catégories d’impacts) par rapport à l’utilisation d’un smartphone neuf. Cela permet d’éviter l’extraction de 82 kg de matières premières et l’émission de 25 kg de GES par année d’utilisation, soit 87% de moins qu’avec un équipement neuf. »
« Les chiffres sont éloquents sur le reconditionnement » , affirme Arnaud Leroy, président de l’Ademe. Ces derniers donnent d’ailleurs des pistes de recommandations pour réduire l’impact environnemental avec une « nécessité d’impliquer tous les acteurs » allant du consommateur aux politiques publiques en passant par les plateformes de distribution et reconditionneurs.
Changer les comportements des citoyens
Ces études, au-delà de leur portée scientifique, ont vocation à sensibiliser les individus car, selon Arnaud Leroy, ces « chiffres techniques et scientifiques » doivent permettre aussi de « travailler sur un changement de comportements. »
Ne faire l’acquisition d’accessoires que lorsque c’est nécessaire, privilégier le reconditionnement local en circuit court, choisir des équipements plus anciens… Ces recommandations s’inscrivent dans une politique publique plus large où le réemploi, le reconditionnement et la réparation sont le nerf de la guerre.
Le but de ces travaux n’est ni de fustiger le numérique, ni d’incriminer les citoyens. L’information ainsi diffusée, certains conseils peuvent être utiles pour changer des habitudes en ces temps où le télétravail est roi. L’Ademe a d’ailleurs publié en fin d’année un guide pour réduire l’impact environnemental à notre échelle.
Quid des collectivités ?
Comme nous le rappelions dans Maire info, à propos de la loi anti-gaspillage pour une économie circulaire (AGEC), les collectivités doivent veiller –depuis janvier 2021- à ce que « 20 % à 100 % » de leurs biens acquis chaque année soient issus « du réemploi ou de la réutilisation ou intègrent des matières recyclées ».
Pour atteindre cet objectif et privilégier systématiquement la réparation - et sans prendre en compte le fonds d’aide à la réparation et au réemploi des appareils électroniques et électriques hors d’usage (DEEE)- il faut, selon Arnaud Leroy, « avoir des gens en nombre suffisant » dans ce secteur. Économie sociale et solidaire, associations qui favorisent l’insertion dans les territoires : les deux organisations insistent sur la nécessité de collaborer entre organismes, et encore mieux, collaborer à l’échelle locale.
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