Nucléaire : la campagne de distribution d'iode dans les nouveaux périmètres de protection a démarré
Le dispositif a pris quelques mois de retard, mais finalement, c’est parti : la campagne complémentaire de distribution de comprimés d’iode a été lancée hier sous l’égide de l’ASN (Autorité de sûreté nucléaire). Elle va concerner 2,2 millions de personnes et 204 000 ERP (dont 1800 écoles) dans 1063 communes, sur 33 départements.
En la matière, il faut bien reconnaître que les pouvoirs publics prennent leur temps : il aura fallu trois années pour concrétiser la décision prise, en octobre 2016, par Ségolène Royal, d’étendre de 10 km le périmètre des PPI (plans particuliers d’intervention) autour des 19 centrales nucléaires. Ces périmètres passant de 10 à 20 km, tous les habitants compris dans le nouveau secteur doivent être, d’une part, sensibilisés à la conduite à tenir en cas d’incident ou d’accident nucléaire ; et, d’autre part, avoir en permanence chez eux une dose d’iode stable (iodure de potassium) fournie par la pharmacie centrale des armées.
Rappelons l’objectif sanitaire de cette mesure : en cas d’accident nucléaire, de l’iode radioactif risque d’être rejeté dans l’atmosphère. S’il est respiré par les humains, l’iode se fixe sur la glande thyroïde, ce qui peut provoquer des cancers. La prise préventive d’iode stable (non radioactif) permet de saturer la glande – comme une éponge est saturée d’eau – qui, ainsi, « ne peut plus capter ou fixer l’iode radioactif », explique l’ASN.
La prise de comprimés se ferait exclusivement sur instruction du préfet.
Six réflexes
Comme le prévoyait une circulaire ministérielle l’hiver dernier (lire Maire info du 30 janvier), après validation du nombre de communes concernées, les choses se sont déroulées en plusieurs temps : en février, les pharmaciens d’officine ont été formés à l’usage du logiciel de gestion de bases de données permettant de suivre les retraits. En effet, les boîtes de comprimés sont à retirer chez les pharmaciens. 646 pharmaciens d’officine sont impliqués dans cette campagne.
Au printemps a eu lieu une « précampagne d’information des maires », ainsi qu’une campagne d’information des populations dans les nouveaux périmètres. Il était ensuite prévu une période de pause le temps des élections européennes puis, « fin mai début juin et au plus tôt après les élections », l’envoi des courriers aux habitants comprenant les bons de retrait en pharmacie.
C’est visiblement cette étape qui a pris un peu de retard, puisque ce n’est qu’hier que l’ASN a annoncé l’envoi de ces courriers. Le retrait des comprimés en pharmacie sera nominatif et, naturellement, gratuit.
L’ANS rappelle qu’au-delà de la distribution de ces comprimés, les nouvelles populations intégrées dans les PPI doivent connaître les « six réflexes » à adopter en cas d’alerte nucléaire : se mettre à l’abri dans un bâtiment en dur, se tenir informé via France bleu ou le site internet de la préfecture, ne pas aller chercher ses enfants à l’école, limiter au maximum ses communications téléphoniques, prendre de l’iode dès que l’instruction est diffusée, et se préparer à une éventuelle évacuation.
Un numéro vert est par ailleurs à disposition des habitants qui souhaitent avoir des informations complémentaires sur ce sujet. Il s’agit du 0 800 96 00 20.
F.L.
Accéder au site d’information sur les PPI.
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