Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux
Édition du mercredi 29 mars 2023
Réforme des retraites

Mouvement contre la réforme des retraites : le point sur la situation 

Au lendemain d'une nouvelle journée d'action contre la réforme des retraites, les grèves semblent en recul dans la plupart des secteurs. De son côté, le gouvernement semble hésiter entre main tendue et fin de non-recevoir. 

Par Franck Lemarc

Il n’est pas évident de savoir avec certitude, ce matin, sur quel pied veut danser le gouvernement, au lendemain de la dixième journée de grèves et de manifestation contre la réforme des retraites, tant l’exécutif souffle à la fois le chaud et le froid. 

Pas de médiateur, mais une réunion

Côté froid, on notera la très sèche fin de non-recevoir opposée à la proposition de l’intersyndicale de nommer un « médiateur »  et de faire une « pause »  de quelques mois. Laurent Berger, patron de la CFDT et porteur de cette proposition, a visiblement dans l’idée de demander au chef de l’État de reporter de quelques mois la mise en œuvre de la loi, le temps de tenter de trouver une sortie de crise à l’aide d’un « médiateur ». En échange, le leader de la CFDT semblait prêt à mettre le mouvement de contestation, lui aussi, sur « pause », le temps de la négociation. 

Au sortir du Conseil des ministres, hier, le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran, a répondu au nom du président de la République qu’il n’y a « pas besoin de médiateur pour se parler », et que la loi serait appliquée dès qu’elle serait validée par le Conseil constitutionnel. Fermez le ban. 

Mais en fin d’après-midi, hier, après de nouvelles manifestations qui, bien qu’en baisse par rapport à la semaine passée, restent massives, la Première ministre a proposé à l’intersyndicale de la recevoir la semaine prochaine. On ignore pour l’instant ce qui sera au menu des discussions : le chef de l’État avait déjà, la semaine dernière, dit sa « disponibilité »  pour discuter avec les syndicats de tout… sauf de la réforme des retraites. Il reste à savoir si le rendez-vous proposé par Élisabeth Borne sera, lui, consacré à cette réforme, ou aux autres chantiers sociaux que le gouvernement veut engager, en particulier sur le travail. 

Tensions sur l’essence

Deux mois et demi après le début du mouvement, la mobilisation semble s’essouffler dans les secteurs les plus mobilisés. Les éboueurs de la Ville de Paris, en particulier, ont annoncé hier qu’ils allaient suspendre la grève aujourd’hui. Ceux du Havre ou de Brest, en revanche, poursuivent le mouvement. Les chiffres de grévistes sont également en baisse dans les transports, l’Éducation nationale, la fonction publique territoriale. 

Le mouvement se poursuit dans les raffineries, avec des conséquences de plus en plus visibles sur les stations-services. Si la situation est pour l’instant sans commune mesure avec celle du mois d’octobre, l’essence commence à manquer dans plusieurs régions. Selon les chiffres fournis hier par le gouvernement, si seulement 15 % des stations manquent d’au moins un carburant à l’échelle du pays, certains départements sont plus touchés que d’autres. En Mayenne, c’est la moitié des stations qui manque d’au moins un carburant. Ce chiffre est de 43 % en Loire-Atlantique, et 45 % en Ille-et-Vilaine. Le gouvernement espère néanmoins que la situation va s’améliorer rapidement du fait du « déblocage »  par les forces de l’ordre du dépôt de Vern-sur-Seiche, près de Rennes. 

La pénurie touche aussi l’Occitanie et la région Paca, en particulier les Bouches-du-Rhône. Elle commence également à toucher l’Île-de-France, où entre un quart et 45 % des stations, selon les départements, manquent de certains carburants.

Autre motif d’inquiétude pour le gouvernement : la journée d’hier a confirmé une mobilisation plus importante de la jeunesse, constatée depuis le recours à l’article 49-3. Sans que l’on puisse parler de raz-de-marée, loin de là, plusieurs milliers de jeunes étaient présents dans les cortèges, hier, avec notamment la présence, outre les universités et les lycées, de prestigieuses écoles comme Sciences Po. 

Dissolution de plusieurs mouvements radicaux

Les manifestations d’hier ont de nouveau, en fin de cortège, été émaillées de quelques violences, notamment à Paris et Rennes. Au lendemain des très violents affrontements qui se sont déroulés dans les Deux-Sèvres samedi dernier (lire Maire info du lundi 27 mars 2023), le ministre de l’Intérieur a annoncé, hier, à l’Assemblée nationale, avoir lancé la procédure de dissolution du groupe écologiste radical « Les soulèvements de la terre », dissolution qui sera prononcée dans les prochaines semaines en Conseil des ministres.

Ce mouvement est, selon le ministre, « responsable de plusieurs envahissements d’entreprises, de plusieurs exactions fortes contre les forces de l’ordre, de plusieurs destructions de biens, de centaines de gendarmes ou de policiers blessés, de plusieurs appels à l’insurrection ». Alors que ces dernières années, les dissolutions d’organisations ou de groupements de faits ont surtout touché les groupes d’extrême droite et les organisations proches du salafisme, c’est la première fois qu’un groupe se réclamant de l’écologie est en passe d’être dissous par le gouvernement. 

Gérald Darmanin a également annoncé hier, au détour d’une réponse à un député, la dissolution de « huit groupuscules d’extrême gauche », pour lutter, selon son expression, contre « le chaos qui s’installe ». Le ministre a également révélé qu’un décret est proche de la publication pour autoriser les forces de police et de gendarmerie à utiliser des drones pour les opérations de maintien de l’ordre. Cette mesure, qui avait été rejetée dans la loi pour une sécurité globale, a été présentée à nouveau sous forme d’un décret qui, selon Gérald Darmanin, est « actuellement examiné par le Conseil d’État ». 

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