Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux
Édition du jeudi 26 mars 2015
Catastrophes

Montée des eaux : à terme, quitter les zones les plus exposées ?

Le groupe d’experts dirigé par le climatologue Jean Jouzel et missionné par le ministère de l’Écologie pour travailler sur les perspectives de modifications du niveau de la mer a rendu ses conclusions hier. Il n’est plus temps aujourd’hui de se demander si le niveau des mers augmente, mais de combien de centimètres il va s’élever, et en combien de temps. Avec des conséquences très importantes pour les territoires littoraux.
L’élévation du niveau moyen des mers et océans est une constante depuis 20 000 ans (fin du dernier âge glaciaire). Mais son rythme est resté stable, à environ un demi millimètre par an, jusqu’à une période très récente. Au XXe siècle, le rythme s’est accéléré, jusqu’à atteindre en moyenne 3,2 mm par an ces dix dernières années. Signalons que contrairement à une idée reçue, ce n’est pas tant la fonte des calottes glaciaires qui fait monter le niveau des eaux, qu’un phénomène de dilatation provoquée par le réchauffement la température de l’eau.
L’élévation du niveau des eaux sera, note le rapport, inégalement répartie selon les zones de la planète. Pour ce qui est de la France métropolitaine, l’élévation attendue, d’ici 2100, varierait entre 40 et 75 cm, selon les scénarios. Et la situation risque d’être pire encore dans les Dom-Com, en particulier dans le Pacifique (Polynésie et Nouvelle-Calédonie).
Le rapport liste les principales conséquences de cette élévation du niveau de la mer. La première est « l’aggravation des phénomènes de submersion marine », notamment lors des épisodes alliant grandes marées et tempêtes. Deuxième conséquence bien visible : le recul du trait de côte, notamment là où le littoral est fait de plages sableuses : 41 % des plages sont en recul en France métropolitaine. En métropole, écrivent les experts, « les régions du Languedoc, du delta du Rhône et de l’Aquitaine sont particulièrement concernées. Mais le reste de la côte atlantique et la plaine de Corse orientale le sont également. » 
Moins visible, mais également très préoccupante, la montée du niveau des mers risque d’amener une modification de l’équilibre entre eaux douces et eaux salées, avec une possibilité de « remontée »  des intrusions salines dans les aquifères côtiers.
Enfin, les experts estiment qu’il va être indispensable de renforcer les ouvrages côtiers et portuaires, c’est-à-dire, probablement, de hausser la hauteur de nombreuses digues, entre 1,40 m et 3 m. Même si le rapport n’aborde pas cet aspect, il est évident que de telles perspectives sont particulièrement préoccupantes pour les collectivités locales, particulièrement au moment où l’État s’apprête, dans le cadre de la compétence Gemapi, à leur transférer la propriété et l’entretien d’une partie des digues.
Si les experts estiment que des travaux très importants d’adaptation à cette situation vont devoir être conduits – forcément très coûteux – cela ne veut pas dire qu’ils pensent que le combat va pouvoir être gagné partout. De façon assez pessimiste, mais hélas certainement réaliste, ils concluent que la seule réponse, à terme, à la montée des eaux, sera de quitter les zones les plus exposées – c’est-à-dire « relocaliser les personnes, les biens et les activités ». Et les experts concluent clairement : « S’il demeure possible de financer la protection de villes côtières pour ces scénarios, la seule adaptation économiquement viable consiste à se retirer de nombreuses zones côtières rurales ou périurbaines, parmi les plus basses. » 
F.L.
Télécharger le rapport d’experts.

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