Montagne : face au réchauffement climatique, des pistes pour « sortir de la dépendance au ski »
Par A.W.
« Les stations de montagne font aujourd’hui face à un défi majeur : celui de la diminution importante de l’enneigement d’ici 2050 et du bouleversement des écosystèmes montagnards. » Le constat n’est pas nouveau, mais pour y faire face les députés de la Haute-Savoie et des Hautes-Pyrénées, Xavier Roseren (Horizons) et Denis Fégné (PS), ont présenté hier leur « boîte à outils » pour aider les stations de montagne à réaliser leur transition alors que leur modèle est bouleversé par le réchauffement climatique.
S’appuyant sur l’audition d’une soixante d’acteurs et une consultation citoyenne réunissant plus de mille contributions, ce rapport « transpartisan et transmassif » est présenté comme le « socle » d’un futur « Acte III » de la loi Montagne. « Nous espérons une traduction concrète au niveau législatif, voire réglementaire », ont indiqué les deux élus.
Vers une « approche globale »
Même si le problème recouvre des situations très diverses selon les massifs et les stations, « toutes doivent engager une transition de leur modèle économique afin de s’adapter à ces évolutions », a souligné, hier, Denis Fégné devant les députés de la commission du développement durable, alors que l'Association nationale des élus de la montagne (Anem) et le Conseil national de la montagne (CNM) sont en train d’élaborer, avec l’exécutif, une nouvelle feuille de route sur l’adaptation de ces territoires au changement climatique. Des travaux qui devraient aboutir « au premier trimestre 2026 ».
L’ancien maire d'Ibos a ainsi rappelé que « les effets du changement climatique sont plus prononcés en montagne qu’en plaine » avec un réchauffement annoncé « 10 à 20 % plus élevé que la moyenne nationale » (entraînant notamment une « diminution de l’enneigement », mais pas seulement) qui a « de lourdes conséquences sur les activités humaines », intensifie les risques naturels et conduit à « des tensions toujours plus importantes sur la ressource en eau ».
Dans son rapport - qui n’a pour l’heure pas été publié – , il défend « une approche globale » et « une vision large de l’adaptation ». Comprendre que « la transition ne se limite pas au seul secteur touristique », elle engage aussi « les enjeux de logement, d’aménagement du territoire, d’éducation, d’accès à la montagne, de mobilité et d’emploi ou encore de gouvernance », a ainsi expliqué le député des Hautes-Pyrénées. Et « s’il n’existe pas de solution miracle ou transposable à tous les territoires, […] il est possible de mettre en place des actions concrètes en faveur de la transition ».
Le « tout-ski » n’est plus « une stratégie vertueuse »
Mais pour cela, il faudra « sortir de la dépendance au ski ». Ce qui n’est pas le cas actuellement puisque la transformation des modèles des stations reste en l’état « largement insuffisante », a souligné Xavier Roseren, les activités liées à la neige, et en particulier le ski, demeurant « le principal moteur économique dans la plupart des stations ».
Bien que plus de 120 000 emplois dépendent encore du domaine skiable français, « le tout-ski ne peut plus, partout, constituer une stratégie économique de développement vertueuse », a-t-il rappelé. Pour Denis Fégné, la poursuite de cette activité ne doit se faire que lorsqu’elle est « encore rentable » et « à condition qu’elle permette aux stations de dégager les ressources nécessaires à l’investissement dans la transition ». Avec des « infrastructures réversibles » et « utilisables en toute saison ».
Parmi les 50 propositions qui contribueront à « catalyser » et à enrichir l’élaboration de la feuille de route lancée par le gouvernement, les deux rapporteurs préconisent notamment de créer des « filières scolaires dédiées aux sports et aux métiers de la montagne », de « maintenir le taux de remboursement des cures thermales » ou encore de « s’appuyer » sur les guides et accompagnateurs comme « sentinelles de l’environnement ».
Tout en accompagnant « la reconversion des acteurs de la montagne », ils proposent aussi de « recenser et rendre publics les volumes d’eau prélevés pour la neige de culture » et de « conditionner les subventions liées à la neige de culture à une analyse rigoureuse des bénéfices et des risques (ressource en eau, climat, usages) ».
Créer un observatoire des « initiatives pionnières »
« De nombreux acteurs auditionnés » ont, par ailleurs, réclamé la mise en place d’un « véritable observatoire de la transition et de l’économie des territoires de montagne » qui permettrait de partager des données « sur la fragilité des écosystèmes locaux », « l’impact du climat sur l’économie » ou encore « la fréquentation des territoires », a fait valoir le député de la Haute-Savoie.
Un observatoire qui pourrait aussi recenser les différentes « initiatives pionnières » déjà engagées – comme à Métabief (Doubs) dans le massif du Jura ou à Tignes (Savoie) – et tenir le rôle de « boîte à outils » à la disposition des stations qui permettrait de les « guider dans les prises de décisions » et de « connaître précisément les besoins et fragilités de chaque territoire ».
Les exemples de transition réussie restent, toutefois, « trop rares », selon les corapporteurs. Pour cette raison, ils réclament que « le soutien public en faveur de la transition [soit] préservé » et, par là même, la poursuite du Plan avenir montagne dont le bilan vient d’être fait en début de semaine, mais qui doit s’éteindre en fin d’année.
Si ces aides sont prolongées, elles devront être « mieux ciblées » et « mieux priorisées » les projets soutenus en « privilégiant les territoires où l’impact du changement climatique est le plus fort et ceux où les élus sont les plus engagés », a plaidé Xavier Roseren, aussi vice-président de l'Anem. D’autant que, pour l’ancien maire des Houches, la transition ne peut être pensée que « territoire par territoire », celui-ci recommandant aussi de développer « les coopérations transfrontalières ».
Logement et transport : la question de « l’habitabilité »
Les deux auteurs du rapport recommandent ainsi d’intégrer « explicitement » le changement climatique dans les contrats de délégation de service public (DSP), de « garantir l’élaboration et la mise en œuvre des plans d’adaptation au changement climatique par massif, et de conditionner les aides publiques à leur existence », ou encore de financer des expérimentations concrètes de transition plutôt que des études uniquement théoriques.
Au-delà de la diversification des activités touristiques, la question de « l’habitabilité » de ces territoires est enjeu majeur dans la transformation des stations de montagne, dont « la plupart perdent des habitants depuis des dizaines d’années ».
En matière de logement, et afin d’enrayer la formation de « lits froids » (logements inoccupés la quasi-totalité de l'année), les auteurs du rapport recommandent de mettre en place un « abattement de taxe foncière » pour les propriétaires qui louent leur bien en résidence principale. Ils suggèrent aussi d’intégrer une part des résidences secondaires dans le calcul des objectifs SRU en matière de logements sociaux.
Alors que le parc montagnard est « souvent vieillissant et mal isolé », ils préconisent de « massifier les rénovations » en étendant MaPrimeRénov’ aux résidences secondaires, « sous condition de mise en location longue durée », et en mettant en place un programme d’ingénierie spécifique à la rénovation de l’immobilier en zone de montagne.
S’agissant des mobilités, ils souhaitent le développement d’ascenseurs valléens pour relier gares et stations ainsi que « la réouverture de lignes ferroviaires et [l’amélioration du] cadencement des trains existants ».
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