Mobilités : la Fondation Nicolas-Hulot pointe les disparités territoriales
Le premier baromètre des mobilités du quotidien publié, ce matin par la Fondation Nicolas-Hulot, révèle les disparités territoriales mais aussi sociales liées à la question des déplacements. À la suite de la promulgation de la nouvelle Loi d’orientation des mobilités (LOM), ce baromètre, qui sera renouvelé chaque année, a pour ambition de « mesurer l’évolution de la mobilité des Français » mais également sensibiliser les futurs maires à mieux appréhender les contraintes et attentes de leurs administrés. L’objectif : « recenser les moyens et alternatives proposés pour transformer une politique de transport qui enferme les plus précaires dans les difficultés et nourrit la crise écologique ».
Les Français « prisonniers de la voiture »
Mené auprès de 4 000 personnes, ce baromètre montre, en premier lieu, la place primordiale que tient la voiture dans la vie des Français. Pour les trois quarts des personnes interrogées (72 %), la voiture individuelle constitue leur mode de transport principal pour leurs déplacements du quotidien. Hormis à Paris, cette situation prédomine dans toute la France, que ce soit en zone rurale ou dans les grandes agglomérations.
La Fondation Nicolas-Hulot pointe le « carcan dans lequel les Français sont enfermés ». Plus d’un sur deux n’a ainsi pas le choix de son mode de transport. Pour leurs déplacements du quotidien, 55 % des Français estiment ne pas avoir la possibilité de choisir. Et plus de huit Français sur dix (84 %) se servent tous les jours de la voiture.
D’autant plus dans les régions sans autre solution de transport. Plus d’un quart des Français (27 %) disent ainsi ne pas pouvoir accéder à pied à une offre de transports collectifs. Cette capacité d’accès à des alternatives au seul véhicule automobile est « très variable selon les différents territoires ». Si cette incapacité d’accéder à une offre de transports collectifs n’est que de 3 % dans les communes densément peuplées, ce taux monte à plus de 77 % dans les communes très peu denses. « L’accessibilité à vélo à ces mêmes transports collectifs est encore plus limitée, avec un tiers des Français qui déclarent ne pas pouvoir s’y rendre par ce biais », souligne l’enquête.
Coût élevé
En outre, « le coût des déplacements constitue le premier obstacle à la mobilité pour un Français sur deux, tous territoires confondus, et pèse en premier sur les plus modestes », observe la Fondation. Ainsi, le budget mensuel moyen alloué aux déplacements est considéré comme « élevé » pour deux tiers d’entre eux, en particulier pour les habitants des communes rurales.
Le budget mensuel alloué aux déplacements pour les résidents des communes rurales est plus de 50 % supérieur à celui des résidents des grandes aires urbaines. Si, dans l’ensemble de la population, le budget mensuel moyen alloué aux déplacements est de 109 euros par mois (sans compter le coût d’acquisition ainsi que toutes les dépenses d’entretien non-récurrentes des véhicules), il « avoisine les 90 euros au sein des grandes aires urbaines, mais s'élève à plus de 140 euros pour les résidents des communes rurales ».
Résultat, ces contraintes « pèsent sur la vie quotidienne » des Français avec des impacts sur l’emploi, l’accès à la santé ou la vie sociale : en conséquence, un Français sur quatre a déjà renoncé à un emploi à la suite de difficultés à se déplacer, un sur trois juge que la fatigue liée aux conditions de transport est un obstacle pour se déplacer. Dans les zones rurales, une personne sur quatre déclare ne pas sortir de chez elle, plus de deux à trois fois par semaine.
Pourtant, les Français seraient prêt à changer : près de 60 % d'entre eux se disent favorables à la fin de vente des véhicules essence et diesel en 2040 et 38 % des automobilistes pensent réduire leur usage de la voiture d’ici 10 ans et 50 % envisagent de passer à la voiture électrique.
« Les communes ont un rôle à jouer »
Afin de faire évoluer la situation, la Fondation estime que « les communes ont un rôle à jouer ». Rappelant que la loi LOM ouvre « le droit à la mobilité pour tous et fixe à la France un objectif de décarbonation totale des transports d’ici 2050 », la Fondation juge que, pour y arriver, « les communes doivent maintenant traduire ces objectifs dans des actions concrètes et accessibles à tous les citoyens » et appellent les élus à « porter la thématique mobilité à l’échelle de leur commune mais également à l’échelle de la communauté de commune, d’agglomération ou encore de la métropole où ils seront également amenés à siéger ».
Dans ce cadre, l’enquête s’est intéressée à la manière dont les collectivités s’approprient et mettent en oeuvre les politiques publiques en faveur de la mobilité durable à travers les initiatives de trois collectivités. Dans ces zooms territoriaux, certains soulignent « la difficulté à évaluer les impacts socio-économiques des actions et à trouver des financements pour pérenniser les initiatives en place », quand d’autres mettent en avant les freins à « l’émergence de nouvelles solutions : le manque de clarté dans la répartition des compétences entre les échelles, la complexité réglementaire et financière des projets » ou encore « la difficulté à évaluer le potentiel de certaines actions ». Les acteurs locaux attendent donc de la loi LOM qu’elle « offre une meilleure lisibilité des dispositifs et une centralisation de l’information », relatent les auteurs de l’enquête.
A.W.
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