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Maire-info

Michel Barnier « assume d'être impopulaire » au nom de « la responsabilité »



Chaque Français, « du bébé d’un mois à la personne âgée », payera l’an prochain l’équivalent de 750 euros au titre des intérêts de la dette de la France. C’est par ce chiffre que le Premier ministre, Michel Barnier, a débuté son interview hier sur France 2, rappelant que les seuls intérêts de la dette française s’élèvent maintenant chaque année à quelque 60 milliards d’euros. Michel Barnier s’est donc fixé pour objectif principal de faire diminuer la dette en faisant diminuer le déficit, et il assumera pour cela « le risque d’être impopulaire ». Car si le budget qu’il prépare est « très dur », le Premier ministre est convaincu qu’en cas de crise financière, comme celle qui a frappé l’Italie ou la Grèce, les conséquences seront bien plus dures encore, en particulier « pour les plus faibles ». 

60 milliards d’économies

« Responsabilité » et « vérité » sont les deux mots qui sont revenus le plus souvent dans cet entretien. Certes, Michel Barnier a réfuté les termes « d’austérité » et de « rigueur » pour qualifier sa politique, mais c’est pourtant incontestablement de cela qu’il s’agit. Il a confirmé que 60 milliards d’euros seraient économisés l’année prochaine (20 milliards de recettes nouvelles et 40 milliards de dépenses en moins), ce qui représente un serrage de vis jamais vu depuis le « tournant de la rigueur » de 1982-1983 sous François Mitterrand. Michel Barnier a d’ailleurs admis hier soir que « c’est plus que ce qu’on a jamais fait ». 

Côté recettes nouvelles, Michel Barnier a confirmé les propos tenus par son ministre de l’Économie Antoine Armand, le matin même : seuls les ménages ayant un revenu fiscal de plus de 500 000 euros par an seront concernés par un nouvel impôt qui sera « exceptionnel et temporaire », et durera « un an, peut-être deux ». Quant aux entreprises, l’écrasante majorité d’entre elles ne seront pas concernées par une nouvelle contribution, puisque celle-ci ne concernera que celles qui font « plus d’un milliard d’euros de chiffre d’affaires » – le Premier ministre a estimé leur nombre à 300. Il semble toutefois que le gouvernement se prépare tout de même à changer les règles en matière d’aides aux entreprises, notamment sur les allégements de charges patronales, qui représentent aujourd’hui « 80 milliards d’euros » et sont trop souvent « des trappes à bas salaires ». Michel Barnier souhaite également « recibler les aides à l’apprentissage ». 

Au-delà de ces prélèvements nouveaux, restent les économies. Michel Barnier n’a guère donné des détails supplémentaires par rapport aux informations que Maire info a détaillées hier : on sait déjà que sur les 40 milliards d’économies prévues, l’État prendra 20 milliards à sa charge et les « grandes agences » 1 milliard. « On va fusionner des services publics », a indiqué le Premier ministre, « on va regrouper des administrations et des agences qui font doublon », et « probablement ne pas remplacer tous les fonctionnaires qui partent à la retraite ». Il faudra, là encore, attendre la présentation du projet de budget et la discussion parlementaire – puisque certaines mesures du gouvernement seront ajoutées par amendement, a-t-il été annoncé hier – pour connaître le détail. 

À ces 21 milliards, il faut en ajouter 8 autres qui seront économisés grâce au décalage de 6 mois de l’indexation des retraites sur l’inflation. Il restera donc autour de 10 milliards à économiser pour la Sécurité sociale et les collectivités locales. Comment ? là encore, on l’ignore. Le Premier ministre a simplement indiqué qu’il fallait s’inspirer des idées venues de certaines collectivités « qui ont appris à faire mieux avec moins ». Interrogé sur la proposition de la Cour des comptes de supprimer 100 000 postes dans la fonction publique territoriale (lire Maire info d’hier), Michel Barnier a botté en touche, sans dire clairement s’il considérait ou rejetait cette idée. Il a simplement répété qu’il refusait de « montrer les gens du doigt » (en l’occurrence les collectivités) et que sa méthode consistait à « faire avec et non contre ». « ‘’Avec’’, c’est le mot que vous devez retenir » de cet entretien, a-t-il indiqué. 

Allocation unique

Sur le terrain social, le Premier ministre a confirmé le lancement d’un vaste chantier de fusion de toutes les allocations dans une « allocation sociale unique », afin de « débureaucratiser la masse des allocations » et de faire en sorte que « ça paye plus de travailler que de ne pas travailler » – reprenant ici une revendication chère à Laurent Wauquiez, le chef de file des députés LR. Il a également évoqué l’éventualité d’une augmentation de l’Allocation adulte handicapé. 

Concernant la santé et la lutte contre la désertification médicale, le Premier a simplement répété ce qu’il avait dit dans sa déclaration de politique générale : le lancement d’un programme d’incitation pour « les jeunes médecins français ou étrangers » à aller s’installer dans les territoires carencés, un « statut fiscal » qui permette d’encourager les médecins retraités à « reprendre du service », et l’extension des actes que pourraient effectuer les pharmaciens, infirmiers et kinésithérapeutes. 

Réponses la semaine prochaine

Le suspens ne va plus durer longtemps : c’est la semaine prochaine que l’on va enfin connaître le détail des mesures envisagées par le gouvernement. Si le projet de loi de finances sera présenté officiellement jeudi 10 septembre, les collectivités, elles, sauront deux jours avant à quelle sauce elles vont être mangées (ou pas), puisque les ministres de l’Économie et des Comptes publics viendront présenter les mesures relatives à celles-ci devant le Comité des finances locales du mardi 8 septembre. 

Quant au débat parlementaire, il commencera à l’Assemblée nationale le lundi 21 septembre. Sans que l’on puisse avoir, à ce jour, la moindre idée de comment il se terminera, le gouvernement ayant bien peu d’alliés… même chez ceux qui sont censés l’être. Témoin, les déclarations de Gérald Darmanin, hier, qualifiant le projet de Michel Barnier « d’inacceptable en l’état ». On en oublierait presque que Gérald Darmanin est élu du même parti que les ministres auteurs de ce projet de budget, Antoine Armand et Laurent Saint-Martin. 
 



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